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Critique de jeff2u12


Un recueil de témoignages déchirants, paru en 1954, sur les mères dévastées par la mort de leur fils à la guerre d'Indochine … des récits compilés et édités en 1962 de trouffions marqués à vie d'avoir assisté impuissants ou pire, participé et en font des cauchemars la nuit, aux tortures à la gégène ou aux viols dans les villages algériens…
Il m'est venu à la lecture des Cercueils de zinc une question, au-delà de l'aspect immédiatement bouleversant, poignant, horrible du récit documentaire de Svetlana Alexievitch sur la guerre d'Afganisthan, une question toute simple : comment diable un livre qui vous détruit le mythe de la guerre typiquement « d'aide à un état ami voisin » (comprendre aide à un gouvernement aligné sur Moscou), mythe qui a prévalu pendant toute la guerre froide – et qui continue idem coté américain ou russe – comment ce livre peut paraitre à peine 6 mois après la fin d'une guerre de 10 ans, et qui plus est en Biélorussie, dernier bastion de la dictature après l'éclatement de l'URSS ? Comment Chouchkievitch n'a-t-il pas fait interdire de publication puis emprisonner Svetlana Alexievitch, qui continue à vivre au pays, certes dans des conditions difficiles mais sans que sa liberté de circulation ne soit visée. Quelque part, on peut voir ça comme un progrès de la liberté de parole au XXIème siècle, quand l'équivalent pour les guerres que je citais au début de cette critique par provocation, n'était tout simplement pas envisageable dans la France « démocratique » des années 50-60 - et pendant très longtemps !
Et quel journaliste américain, pour un travail similaire sur la guerre en Irak, peut espérer se voir nobeliser pour avoir déconstruit le discours politique qui enverra des centaines de milliers de jeunes américains se livrer à une guerre de colonisation sur la base de mensonges militaires avérés maintenant?

Il est évident que la plupart des témoignages et des récits qu'on va découvrir pourrait s'appliquer à presque toutes les guerres et invasions de type colonialiste – car c'est bien le cas ici. L'état de l'armée russe et l'ambiance apparemment très violente au sein de cette même armée peuvent constituer des particularités mais tout le reste me semble être le fait de n'importe quelle guerre : de (très très) nombreux témoignages de mère dévastées par la mort de leur fils, des soldats qui rentrent au pays traumatisés et accusés par la population civile des violences qu'on les a envoyés commettre, des mensonges d'Etat pour convaincre la jeunesse d'aller se battre « pour la bonne cause », beaucoup d'aspect font penser typiquement à la guerre du Vietnam, notamment dans le refus des gouvernements respectifs de prendre en considération les traumatismes psychologiques des vétérans.
L'ensemble des témoignages ainsi que la partie finale autour du procès intenté en 1993 (4 ans après la parution du livre?) par quelques rares témoins accusant Svetlana Alexievitch d'avoir déformé ou même inventé leurs propos, donne une certaine vision, intéressante quoique très partielle, d'une guerre qui, au final, a quand même précipité la fin de l'URSS et, dans la foulée, en France, fait plonger le PCF de manière définitive sous la barre des 5% de votants (je sais, pas que ça…).
C'est dur, poignant, bouleversant, mais, j'ai trouvé, très répétitif et moins intéressant que « La fin de l'homme rouge ». J'ai notamment trouvé qu'il y avait beaucoup trop de « mère éplorée par la mort de son fils » avec des longueurs et des envolées lyriques un peu déplacées. Bon, peut-être était-ce justifié dans le contexte et à l'époque, je ne sais pas.
Un livre à lire absolument.
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