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Critique de Lsky


Comme souvent ces derniers temps, je suis déçue par Acte Sud, les deux dernières fois c'était de grossières coquilles (que je passerai à une jeune ou petite maison d'édition avec peu de budget mais pas à des mastodontes comme Acte Sud.)
Dans le cas de ce recueil, ce sont les pages qui sont trop fines : on a du mal à les tourner. Ils ont voulu condenser et le livre n'est pas agréable à lire ou à tenir ! Ca me met hors de moi à chaque fois car je trouve qu'Acte Sud est tout de même une édition relativement chère et j'en déplore régulièrement la qualité.
Je ne conseille donc pas ce recueil pour lire ces trois livres, d'une part à cause de la piètre qualité éditoriale et d'autre part parce que 800 pages de mort et d'horreur qui se succèdent de témoignages en témoignages, c'est un peu lourd à porter. Même en faisant des pauses.

Mais le contenu ?
Les deux premiers romans portent sur la Seconde Guerre Mondiale. Plus particulièrement, du front russe, durant la Seconde Guerre Mondiale, d'abord du point de vue des femmes avec La guerre n'a pas un visage de femme, ensuite du point de vue des enfants avec Derniers témoins.
Les femmes qui sont ici dépeintes ont été des soldats, des jeunes filles qui avaient à peine 18 ans et qui ont chercher à s'engager, à combattre pour leur pays. Quand on débute cette lecture, on est assez grisé par la fraîcheur adolescente, l'envie d'en découdre, l'envie de faire des grandes choses comme on retrouve au début de nombreux romans d'adolescents. C'est très perturbant et désarmant d'avoir eu cette fraiche sensation au fil des pages qui ressemblent à un cimetière dont chaque chapitre serait une tombe.
Ces jeunes filles, désormais témoins bien âgées, sont prêtes à renverser les Allemands coûte que coûte. En cela il y a quelque chose d'héroïque et qui paraît inattendu aux autres soldats masculins. Sous-estimées, rien n'est adapté pour elle, les chaussures sont plusieurs tailles trop grandes, tout comme les vêtements, il n'y a absolument rien qui leur est fourni pour empêcher leurs règles de couler sur leurs jambes. Dans ces conditions difficiles, elles se démarquent aussi bien que les hommes, répondent à l'appel d'un pays qu'on leur a appris (j'insiste sur le fait qu'on leur ait appris, la propagande est très ancrées dans leurs culture et dans leurs témoignages) à aimer et à défendre dans leur jeunesse.

Le point de vue des enfants dans Derniers témoins est tout à fait différent. Ce tome concentre d'ailleurs des témoignages du front russe des premières villes à être prises par les Allemands, où on se rend compte de la grande imagination des nazis. Ce livre est particulièrement difficile, pas parce que ce sont des souvenirs d'enfants, bien que ce soit tragique d'avoir vécu ce genre d'épreuve si jeunes, mais il n'y a pas d'âge pour voir toute sa famille décimée sous ses yeux. Mais parce que, contrairement aux femmes soldats, les enfants c'est les civils. Ces témoignages sont particulièrement difficiles car c'est la vie en tant que civil, c'est l'horreur humaine du quotidien qui a basculé, quand on est pas des héros, pas des militaires, encore rien du tout… Ces enfants, ils étaient au front « sans faire exprès », ce sont des dommages collatéraux, invisibles, ils comptent ? Pour un demi ? Incapable de se nourrir seuls, pas tout à fait autonome, animal ou enfant ? Des souvenirs d'une maman, d'une grand-mère, d'une voisine, dans une tentative de protection, parfois d'un orphelinat, parfois même pas. On en fait quoi des enfants ?

Par exemple, j'ai découvert que les nazis volaient les enfants russes pour les envoyer en Allemagne, une fois arrivée, ils les engraissés (enfin, de la nourriture !) dans le but de leur tirer le sang pour les soldats allemands, c'est une chose qui est beaucoup relatée dans les différents témoignages. On pensait le sang des enfants avaient de meilleures vertus et ils se servaient d'eux comme d'une banque du sang jusqu'à ce que mort s'en suive. Ce « détail » m'a surpris car je n'aurais jamais imaginé qu'on puisse enlever des enfants à ces fins, mais c'est peut-être la moins pire des choses décrites dans ce tome.
Les témoignages des souvenirs d'enfance sont essentiellement constitués d'incendies, de villes brûlées, de parents, frères et soeurs fusillés. Forcés de regarder et d'enterrer. Ils relatent tout un tas de sévices, de tortures, et d'actes complètement impensables.

Il y a quelque chose de fort dans ces deux recueils de témoignages des points de vue des femmes et des enfants : c'est qu'ils sont bien aussi fort que les hommes, capables de s'en sortir quoi qu'il arrive, et surtout de se battre.
Finalement pour tous les nostalgiques de la guerre qui fantasment le soldat : le soldat est celui qui torture en riant pour passer le temps. Loin des héros imaginaires. Il est même opposé à ces femmes et ces enfants qui sont si forts qu'ils sont à même de tuer, de se défendre sans une larme, qui ne vacillent pas et sans qui aucune résistance n'aurait été possible – et peut-être pas même de vaincre sur le front russe.

La Supplication, qui est le dernier tome de ce recueil, se concentre sur la catastrophe de Tchernobyl. J'ai appris énormément de choses : d'abord sur le traitement de l'usine en elle-même, sur la manière dont les radiations agissent sur le corps, comment se elles se transmettent, comment toute cette catastrophe s'est déroulée et se déroule encore aujourd'hui…
D'autant plus que, comme pour les ouvrages précédents, nous qui sommes à l'Ouest (littéralement ahah !) on découvre comment tout cela s'est déroulé de ce côté de l'Europe et on voit bien que l'Histoire concorde mais n'est pas relatée ou vécue de la même manière. Bref, c'est super intéressant.
Lien : https://barauxlettres.wordpr..
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