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EAN : 9782264068835
408 pages
10-18 (01/09/2016)
4.28/5   132 notes
Résumé :
De tous les textes de Svetlana Alexievitch, celui-ci est le plus déchirant. Car qu'y a-t-il de plus terrible que l'enfance dans la guerre, de plus tragique que l'innocence soumise à l'abjection de la violence et de l'anéantissement ? Les personnages de ce livre ont entre trois et douze ans. Garçons et filles, ils ont grandi au cœur des ténèbres du plus inhumain des conflits, cette Seconde Guerre mondiale dont les plaies restent toujours béantes soixante ans après.>Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (27) Voir plus Ajouter une critique
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Svetlana Alexievitch est Biélorusse ces écrits de guerre notamment « les cercueils de Zinc » sur la guerre en Afghanistan l'ont fait connaître en France. En 2016 Svetlana s'est vu décerner le prix Nobel de littérature « pour son oeuvre polyphonique, mémorial de la souffrance et du courage à notre époque… »
Dans « Derniers témoins » Svetlana Alexievitch « frappe fort » ! Ces témoignages sur la guerre, souvenirs d'enfants entre 5 et 7 ans sont bouleversants et insoutenables. Ecrivaine sur, disons, « le devoir de Mémoire » elle nous livre, une fois de plus, des récits sur les ravages de la seconde guerre mondiale, car, se souvenir c'est tirer de l'oubli et témoigner pour laisser des traces aux générations futures, pour que la souffrance ne soit pas inutile ou banale, pour faire cesser l'atroce car, « ceux qui ne peuvent se souvenir du passé sont condamnés à le répéter et à commettre les même erreurs. » et même si nous constatons qu'il n'en n'est pas toujours ainsi, Svetlana Alexievitch s'entête à marteler son message, et comme elle a raison !
le philosophe Alain dit « le souvenir commence avec la cicatrice » quelle vérité ! Pour l'enfant les souvenirs de guerre sont construits autour de son monde, celui qui le rassure et l'enracine dans la vie. Ces adultes content des ruptures brutales, la perte de leurs repères de leurs attaches affectives : un père qui les quitte une mère qui pleure, une maison, leur nid, bombardée et en feu et la fuite … toujours la fuite. Leur monde s'écroule, perd ses couleurs tout devient noir, gris…Et cette souffrance devient la plus grande injustice à nos yeux. Ces images ont laissées des empreintes, des traces dans leurs mémoires. Et sur ces images sélectives et très fragmentaires qui sont devenus des traumatismes, ces adultes ont encore du mal à mettre des mots l'émotion resurgit vive et douloureuse.
Un livre fort, où les mots, innocence et insouciance, ne riment plus avec enfance.
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Mais quel livre ! On en reste sans voix.
Svetlana Alexievitch met bout à bout les témoignages d'adultes qui racontent la guerre avec leurs yeux d'enfants. La guerre vue d'en bas. Il sont aujourd'hui (1980-2004) enseignants, ingénieurs, infirmiers, docteurs, journalistes, ouvriers... mais ce que chacun raconte c'est leur école, leur maison, l'insouciance et un matin les cris, les avions qui rasent le sol, la fuite, les pères qui partent à la guerre ou à la résistance. Pour beaucoup ce mot guerre sonne vide, pour d'autres il a déjà un sens de terreur et de mort avant même d'y être confrontés.
Ils ont tous vécu l'inimaginable, la misère, la faim, la peur, la mort, la solitude, l'exode, les foyers..
Mais quarante ans après ils sont là, ils témoignent. Ils sont la voix à l'unisson, le témoignage de ce que les enfants ne devraient plus avoir à vivre nulle part et qui pourtant aujourd'hui continuent à subir aux quatre coins du monde.

Les témoignages se succèdent. L'autrice reste en réserve. Un titre souvent extrait du témoignage, un prénom, un nom, un âge ou une date de naissance pour ceux nés à la fin de la guerre et leur profession aujourd'hui. La force de ces enfants qui ont vécu l'horreur et se sont construits avec ces souvenirs. Un témoignage nécessaire qui devrait faire écho pour les générations actuelles qui reproduisent les mêmes horreurs.
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Des témoignages poignants des derniers témoins de la Seconde Guerre mondiale, ceux qui étaient alors des enfants.

C'est triste, touchant, des enfants qui voient mourir leurs parents, des petiots qui crèvent de faim, des bambins trop beaux dont on tire le sang pour soigner les soldats, des mutilés dans leur corps et dans leur coeur.

C'est bouleversant de lire ces courts extraits d'histoire humaine et c'est important aussi de se rappeler les jeunes victimes innocentes.

C'est émouvant, mais je suis quand même un peu déçue. J'aurais aimé en savoir davantage sur le traitement de madame Alexievitch de ces témoignages, j'aurais voulu comprendre comment la journaliste analyse ces informations. Pourquoi elle présente celui-ci ou celui-là, pourquoi dans cet ordre? J'aurais aimé en savoir plus sur le contexte : c'est la Seconde Guerre mondiale, mais la Biélorussie? l'Ukraine? Où, quand, comment?

Des témoignages incontournables, mais un document qui fait appel à l'émotion, sans commentaires ou explications.
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Ils ont entre trois et treize ans, ils ne se connaissent pas. Pourtant, ils ont en commun d'avoir, presque au même moment, perdu une partie de leur vie. Ils auront toujours en eux une place manquante : celle de l'enfance.
L'enfance leur a été arrachée par la guerre ; l'abominable, l'affreuse seconde guerre mondiale leur a volé parents, maisons, mais surtout cette part sur laquelle se construit l'avenir. Comme une parenthèse dans leur vie, une parenthèse pendant laquelle ils auront perdu leur innocence.

Aujourd'hui, ils témoignent. Et du fond de leurs souvenirs remontent sanglots, désespoirs, images confuses ou terriblement nettes des horreurs vécues ou subies. Quelques-uns se livrent pour la première fois, jamais ils n'avaient voulu aborder ce passé si douloureux avec quiconque. Certains racontent par devoir de mémoire. Et d'autres pour expliquer ce qu'ils sont devenus aujourd'hui à cause des cicatrices qu'ils portent.

Pendant les années du conflit, ils ont côtoyé la mort, la faim, la violence, la peur. Ils se sont comportés comme des adultes. Ils ont aidé aux champs, dans les usines. Ils se sont enrôlés, malgré leur jeune âge, dans la Résistance, ont combattu avec leurs moyens l'ennemi allemand. Ils ont fui, habité les fossés, mangé de l'herbe pour survivre. Ils se sont perdus puis retrouvés, ont été recueillis dans des orphelinats ou des gens des villages.

Voici des témoignages précieux. Les derniers, ceux du bout de la chaîne...

Lien : http://mes-petites-boites.ov..
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Ils sont désignés par leur nom ils ont survécu, ils ont grandi, sont devenus des hommes et des femmes, ils ont un métier : instituteur, ouvrière, trayeuse, chauffeur, employée des postes, tisseuse, artiste peintre, photographe, ajusteur, musicien…
L'âge qui leur est donné est celui qu'ils avaient en 1941 quand la guerre a éclaté, comme un temps suspendu, arrêté, un basculement soudain dans un monde inconnu.
Certains disent la douleur d'avoir à se souvenir, ils évoquent le silence qu'ils ont construit après, ils disent les images gravées, hachées, cassées, plantées profond.
Ce n'est pas un livre d'histoire, c'est un livre sur les vivants, sur la fragmentation du vivant devant ce qui échappe à l'humain, à hauteur d'enfant, quand l'innocence explose en plein vol.
A travers les crimes de guerre perpétrés par l'armée allemande lors de l'invasion de l'URSS en 1941, notamment en Biélorussie, ce texte met en scène des bourreaux ordinaires, capables de caresser des chatons après avoir massacré des enfants.
Publié en 1985, le livre de Svetlana Alexievitch place le lecteur face à 101 témoignages qui se succèdent sans transition, avec la dureté de la pierre. Elle ne propose pas d'analyse, elle expose dans les souvenirs racontés, les traces que la guerre a imprimé dans les corps et dans les têtes. Une guerre sans fin, qui survit à travers ces derniers témoins, les récits qu'elle recueille font de nous lecteurs, des passeurs de mémoire.
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
"EST-CE QUE DIEU VOYAIT TOUT CA ?
ET QU'EST-CE QU'IL EN PENSAIT ?"

Ioura Karpovitch, huit ans.
Chauffeur.

J'ai vu ce qu'on ne devait pas voir... Ce qu'un homme ne doit pas voir. Et moi, j'étais petit...
J'ai vu un soldat courir et... comme trébucher. Tomber. Gratter longtemps la terre, la serrer dans ses bras...
J'ai vu nos soldats prisonniers, emmenés à travers le village. En longues colonnes. Leurs capotes déchirées, brûlées. Là où ils faisaient halte pour la nuit, l'écorce des arbres était rongée. Pour toute nourriture on leur jetait du cheval crevé... Ils se l'arrachaient...
J'ai vu, une nuit que j'étais allé sur le remblai, un convoi allemand brûler. Au matin, on a couché sur les rails tous ceux qui travaillaient aux chemins de fer et une locomotive leur a roulé dessus...
J'ai vu atteler des hommes à des voitures à cheval. Ils portaient des étoiles jaunes sur le dos... On les faisait avancer à coups de fouet. Ceux qui étaient dans les voitures s'amusaient bien...
J'ai vu arracher des enfants à leurs mères à coups de baïonnette. Pour les jeter dans le feu. Dans le puits... Par chance, on y a échappé, maman et moi...
J'ai vu pleurer le chien du voisin. Il était sur le tas de cendre qui avait été leur maison. Seul... Il avait les yeux d'un vieil homme...
Et moi, j'étais petit...
J'ai grandi avec ça... J'ai grandi, sombre et méfiant, j'avais mauvais caractère. Quand quelqu'un pleure, je n'ai pas pitié, au contraire je me sens mieux parce que, moi, je ne sais pas pleurer. Je me suis marié deux fois, et deux fois ma femme m'a quitté, personne ne me supporte longtemps. C'est difficile de m'aimer. Je sais...
C'était il y a longtemps... Et maintenant, je voudrais savoir : est-ce que Dieu voyait tout ça ? Et qu'est-ce qu'il en pensait ?...
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J'ai peur des hommes... Ça me vient de la guerre...
Sous la menace de mitrailleuses, ils nous ont emmenés... dans la forêt.
Ils ont choisi l'endroit le plus bas, là où l'eau stagnait. Ils ont donné des pelles à mon père et à mon frère pour creuser un trou. Maman et moi, on nous a postées sous un arbre pour regarder.
Maman et moi, on les a regardés se faire fusiller. On n'avait pas le droit de se retourner ou de fermer les yeux.
Ils nous ont dit : "si vous pleurez, on tire. Souriez..."
Ils sont là, plantés... Tous jeunes, beaux... Ils sourient... Une terreur animale me serre le cœur. Ce n'est plus des morts que j'ai peur, mais des vivants. Depuis, j'ai peur des Hommes jeunes. J'ai passé ma vie, seule...
Je ne me suis pas mariée... Je ne sais pas ce que c'est que l'amour... J'ai toujours eu peur : des fois que j’accoucherais d'un garçon ?
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Une fois, pourtant, je me suis prise d'affection pour une petite fille... Machenka ... Elle était toute blonde, toute douce. On a été amies, un mois. Au camp, un mois, c'est une vie entière, une éternité. C'est elle qui était venue me trouver.
" T'aurais pas un crayon ?
- Non.
- Et une feuille de papier ?
- Non plus. Pourquoi t'en as besoin ?
- Je sais que je vais bientôt mourir et je veux écrire une lettre à maman.'"
Au camp, c'était interdit, les crayons, le papier... N'empêche qu'on lui en a trouvé. Cette petite, tout le monde l'aimait, blonde, comme ça, et douce. Avec une voix toute douce, aussi.
" Comment tu l'enverras, ta lettre ? Je lui ai demandé.
- La nuit, j'ouvrirai la fenêtre... Et je la lâcherai au vent."
(Zoia Majarova, douze ans)
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Je me souviens des couleurs...J'avais cinq ans mais je me rappelle très bien...
(...) Tous mes souvenirs sont en noirs... Si les autres ceux d'avant, sont plutôt dans les tons --une herbe toute verte, une véritable aquarelle, un sable blanc tout blanc, une barrière en planches toute jaune -, après, tout est de couleur sombre. On m'emporte je ne sais où, suffoquant à cause de la fumée ; nos affaires sont dans la rue : des balluchons et, Dieu sait pourquoi, une chaise...
Des gens sont debout à côté, qui pleurent.
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Ce qui me reste de la guerre? Je ne sais pas ce que c’est que des « étrangers ». Des étrangers nous ont sauvés. Alors en quoi ils me sont étrangers? Ce sont des proches, comme tous les hommes. Je vis avec ce sentiment-là…

(Presses de la Renaissance, p. 114)
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Videos de Svetlana Alexievitch (29) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Svetlana Alexievitch
Dans les témoignages saisissants que la journaliste Svetlana Alexievitch a récoltés, notamment dans "La Fin de l'homme rouge" et "La Supplication", les thématiques économiques se révèlent comme des fils conducteurs cruciaux, tissant l'étoffe complexe de la société post-soviétique.
En quoi ses récits témoignent-ils du désenchantement des Soviétiques et de l'avènement du capitalisme en Russie ?
Pour parler de ses travaux, Tiphaine de Rocquigny reçoit : Galia Ackerman, journaliste et historienne, spécialiste du monde russe. Françoise Daucé, directrice de recherche à l'EHESS et directrice du Centre d'études des mondes russe, caucasien et centre-européen (CERCEC).
#capitalism #russie #economie ----------------------------------------------------- Découvrez les précédentes émissions ici https://www.youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrqogc4cP5KsCHIFIryY2f1h ou sur le site https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/entendez-vous-l-eco
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