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Critique de Pois0n


Pois0n
20 décembre 2018
Si vous pensez encore que la Saint-Valentin est la fête la plus romantique de l'année, c'est que vous vivez dans une grotte. Ou tout du moins sans la télé puisque, dès fin Novembre, les feuilletons mielleux s'enchaînent les uns après les autres, tous les après-midi. La saison se prête donc particulièrement bien à la lecture de romances légères et dégoulinantes de guimauve. Et donc tout naturellement au pendant littéraire des téléfilms précités, à savoir : de la romance de Noël.

Plus « light » que ce recueil, ça va être compliqué, puisque ce sont pas moins de six histoires, coupées en deux parties situées à un an d'intervalle, qui s'étalent sur 271 pages. Douze micro-nouvelles donc, s'étalant au maximum sur un vingtaine de pages chacune... On pouvait craindre un côté ultra-expédié mais heureusement, toutes les auteures s'en sont très bien sorties, et comme le livre est imprimé relativement petit, les textes ne sont pas aussi courts qu'on pourrait le penser. Ceci dit, il a quand même fallu aller à l'essentiel...

(Pour des raisons pratiques, cette critique regroupera les deux parties de chaque histoire ensemble.)

La première histoire du recueil fait, en toute franchise, sacrément peur avec ses personnages tous plus caricaturaux les uns que les autres. Entre la militante extrémiste au trait forcé à outrance, le mec suicidaire, le père blasé, la mère catho-coincée et le couple à la dérive, ça ressemble à de la parodie pas drôle de Nicole du Buron et on n'a qu'une envie, refermer le truc aussi sec. Quant à la conclusion, tellement rapide qu'elle semble sortir de nulle part, no comment. Heureusement qu'il y a les noms complètement porte-nawakesques des assoces pour faire sourire... Et pourtant, la seconde partie, centrée sur la soeur de l'héroïne de la première, fait carrément partie des pépites du livre, comme quoi... On retrouve donc tous les protagonistes un an après pour un second dîner de famille, mais cette fois, l'auteure a laissé la surenchère au placard et en résultent de savoureux échanges ainsi qu'une assez grosse dose de bonne humeur. Bref, du rattrapage de main de maître. (Crush et crash – 4/10 ; Une partie de plaisir – 7/10)

La première moitié de la seconde histoire est un véritable coup de coeur. Imaginez plutôt, une jeune avocate psychorigide se retrouvant coincée dans son appart en compagnie... d'un dealer. La situation autant que les dialogues sont savoureusement drôles, et croyez-moi, je n'éclate pas souvent de rire en lisant. Mais c'est aussi tout tendre et mignon, empreint d'un côté magique et féerique beaucoup trop rare. Bref, une réussite totale. … Sauf que... sauf que la seconde partie de l'histoire casse totalement la magie en question T_T. Vous n'imaginez pas ma déception en découvrant où en étaient les protagonistes un an après... Alors certes, il y a quand même du bon dans cette partie, notamment la famille de Nina, et les allusions très bien intégrées au racisme ordinaire. Mais du coup, toute légèreté s'est envolée du récit, on parle de boulot, de réussite, d'intégration, la romance est plus qu'au second plan et l'histoire perd son goût léger et sucré pour devenir plus douce-amère. Au final, les nouvelles de Tonie Behar restent de loin mes préférées de tout le recueil, malgré la différence d'ambiance entre ses deux parties. (Y aura-t-il trop de neige à Noël ? – 9/10 ; le réveillon était presque parfait – 5/10)

Le Marché de Noël est la nouvelle la plus courte du livre, où une célibataire endurcie craque sur un beau fromager et finit aussitôt dans son lit. Ni plus, ni moins, pas de sentiments ici, juste une histoire de cul, à l'ambiance plutôt pessimiste vu l'état d'esprit de Catherine. Bref, c'est trop peu développé pour pouvoir en dire quoi que ce soit... le début de la seconde partie est donc plutôt une bonne surprise, du moins pendant quelques pages... car là encore, l'ambiance ne tarde pas à sacrément s'alourdir, jusqu'à la conclusion, un peu WTF. Pourquoi, comment, qu'est-ce que ça vient faire là, l'idée tombe comme un cheveu sur la soupe et peine à convaincre. Rien à faire, malgré un début prometteur. (Le Marché de Noël – 5/10 ; le brie de Noël – 4/10)

La première partie de l'histoire suivante, fait, à l'instar de la seconde, partie de mes préférées. Impossible de ne pas s'attacher à Pauline, cette fille fraîchement larguée, qui se retrouve déracinée du jour au lendemain après avoir un tout petit peu exagéré ses compétences en italien sur son CV (pas de bol). La voilà à partager un appartement miteux et ses céréales avec des souris pour lesquelles elle se prend d'affection, tout en s'épanchant de ses déboires par e-mail ou téléphone interposé auprès du collègue chargé de l'aider à réussir sa mission. Si on se doute assez rapidement du dénouement, cette histoire est juste trop mignonne. … Malheureusement, là encore, la seconde partie n'est pas à la hauteur. Engueulades et déprime, dans le genre ambiance de m***, ça se pose là et ça ne fait pas du tout, mais alors pas du tout rêver. Mais pourquoiiiiiiiii, miss Henrionnet, pourquoiiiiiiii avoir torpillé cette histoire toute douce et qui donnait le sourire ? T_T (La Théorie du pingouin – 8/10 ; Tu bluffes, Martoni – 4/10)

Le cinquième duo d'histoires est... bizarre. Avec en guise de personnage principal un psy complètement névrosé et obsédé par les comédies musicales (et tant pis si le lectorat, lui, n'y connaît absolument rien et est complètement largué), son héroïne un peu loufoque et les dialogues hautement perchés entre les deux, pas loin de rappeler ceux d'Alice au Pays des Merveilles, le résultat est plus proche de l'absurde qu'autre chose, pas toujours facile à suivre, on arrive à la fin et on a toujours rien compris. La deuxième moitié est nettement moins chaotique, un peu plus drôle, mais les personnages sont toujours aussi peu attachants (hormis la voisine). Bref, c'est... spécial. (Keep calm & love Christmas – 3/10 ; Christmas thérapie – 4/10)

Enfin, la première moitié de la dernière histoire figure elle aussi dans les perles du recueil. L'histoire de cette fille coincée dans un grand magasin habillée en mère Noël sexy et avec pour toute compagnie une bouteille de champagne s'avère franchement drôle, opinion que partage manifestement le... cambrioleur qui la tire de là. Il y a dans cette histoire aussi un petit côté féerique, à voir ces deux adultes vider les rayonnages des Galeries pour s'improviser un réveillon dans cet endroit incongru. On termine la nouvelle le sourire aux lèvres... pour le perdre sitôt la seconde partie entamée. L'auteure ne pouvait pas nous laisser rêver un peu, non, il a fallu qu'elle casse le mythe, ramène son histoire dans le domaine du réaliste. Ô déception ! T_T Néanmoins, impossible de dire que cette suite est mauvaise. Parce que même dépourvue de ce qui en faisait tout le sel, l'histoire de Valentine reste prenante d'un bout à l'autre. On s'inquiète avec elle, on partage son état d'esprit, comme si on la suivait caméra à l'épaule jusqu'au dénouement. Bref, c'est très bon, empreint de la magie de Noël même si ancré dans le quotidien, et on referme ce recueil avec le sourire. (Cap ? – 7/10 ; Christmas latte – 7/10)

Au final, le recueil laisse donc une impression mitigée. La suite des deux meilleures histoires est loin d'être à la hauteur, mais si une autre est « sauvée » par sa seconde partie, les deux bonnes moitiés de la dernière ne parviennent pas à effacer tout le gloom ambiant qu'il y a ailleurs ou l'absurde de la cinquième. C'est sympa, oui, c'est de saison aussi... mais ça ne possède hélas pas assez souvent le côté feel-good qu'on attend dans ce genre de récit. Dommage,même si ça se lit.
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