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Critique de Henri-l-oiseleur


Bien entendu, les trois étoiles ne vont pas à la Divine Comédie elle-même, mais au volume bilingue du Purgatoire, avec la traduction de Jacqueline Risset (Garnier-Flammarion). Bien malin sera le Babéliote qui saura retrouver le bon livre dans le fatras des couvertures mélangées, et des multiples éditions que ce site ne semble pas capable de classer clairement.

Outre le texte original, cette édition de Jacqueline Risset présente une traduction acceptable en français moderne, même si elle est inférieure à celle que j'ai lue pour finir le Purgatoire, due à Henri Longnon. Hélas, Dante ne se lit pas très facilement : même en saisissant clairement le texte, on risque de passer à côté de tout ce qu'il transporte avec lui, une série d'allusions virgiliennes, de mentions de l'histoire et de l'actualité, de réflexions qui ne se perçoivent dans leur universalité que par le détail de l'Histoire dont le poète a été un acteur et une victime. Je pense en particulier à la question des deux pouvoirs, spirituel et temporel : Dante écrit tout son poème contre leur confusion et pour leur séparation, pour une collaboration harmonieuse et impossible entre le temporel incarné par l'Empereur d'Allemagne (seigneur naturel de l'Italie), et le spirituel représenté par le Pape (du haut du Paradis Terrestre, on le voit avec horreur quitter Rome, et partir pour Avignon avec le roi de France). L''édition de Jacqueline Risset présente une annotation très sommaire, très négligente et très incomplète. Son texte français peut aider à aborder le texte italien, mais il est sans rythme et sans beauté.

Qu'apporte le Purgatoire, cette partie de la Comédie que l'on connaît moins que l'Enfer ? D'abord, des lumières et des paysages splendides. Dante et Virgile gravissent une montagne escarpée sous les étoiles et le soleil, et chaque niveau expose des paysages et des ciels admirables, que rehaussent la douleur et le désir intense des âmes qui souffrent, expient et attendent le paradis. Certaines de ces âmes parlent à Dante, ou à Virgile, ou à leur nouveau compagnon Stace, et ce qu'elles disent de leur vie ajoute au voyage une dimension narrative, romanesque ou politique que la lecture de l'Enfer nous avait habitués à comprendre. La Divine Comédie est un poème encyclopédique, où les conceptions et la culture du temps, discours après discours, sont résumées sans ennui ni didactisme. On trouvera, à côté de la politique, une philosophie de l'amour, des théories littéraires, de la géographie, de l'astronomie, et bien entendu de la théologie. L'importance de l'annotation est fondamentale, et même si on n'a de l'italien qu'une connaissance limitée, il faut se référer à l'édition Rizzoli ("I Classici della BUR"), où le commentaire de Daniele Mattalia éclaircit et explique tout ce qui est explicable dans ce texte inouï et prophétique (Biblioteca Universale Rizzoli).

Donc, cinq étoiles à Henri Longnon pour sa version française, ses illustrations de Botticelli et de Gustave Doré, et cinq encore pour l'édition Rizzoli.
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