AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,77

sur 11 notes
5
1 avis
4
4 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
0 avis
Ce livre, écrit par un avocat pénaliste, analyse de manière pertinente et approfondie l'état d'urgence à l'ombre des attentats de 2015 puis de la récente crise sanitaire.
Il explique la théorie de la tache d'huile : les contrôles policiers, par exemple, ont commencé par les quartiers populaires pour s'étendre au-delà, vers les ronds-points où se tenaient les gilets jaunes jusqu'à la France entière, sans cesser pour cela de s'attaquer principalement aux ghettos urbains. La violence à l'égard des populations anciennement colonisées s'expliquent par la non-acceptation de la colonisation, par les ex-colons mais aussi par les institutions.
Les injonctions contradictoires (cf. le port du masque d'abord déconseillé puis devenu obligatoire), preuves d'une gestion incertaine de la crise par le gouvernement, gestion qui sera peut-être sanctionnée un jour...lointain.
L'auteur conclut par le fait qu'il est nécessaire de faire intervenir la justice afin que l'état d'exception ne remplace pas l'état de droit.
Commenter  J’apprécie          200
Arié Alimi, avocat très engagé à gauche, à la Ligue des Droits de l'Homme par exemple, propose une analyse de la situation juridique française dans le Coup d'État d'urgence, chez les éditions du Seuil.

Analyse systémique
L'auteur propose une suite de cas concrets qui illustre la prise de pouvoir institutionnelle du gouvernement en place, en somme la montée d'un État policier, mais pas seulement dans l'aspect « contrôle par la police », celle-ci n'étant qu'un agent parmi d'autres de ce contrôle. D'abord, les masques : comment nous sommes passés d'une obligation à avoir le visage découvert dans les lieux publics à l'injonction d'avoir le masque sur le nez car chaque citoyen peut être un contaminateur qui s'ignore. Ensuite, les lois dites d' « état d'urgence sanitaire », statut juridique tout neuf qui permet de contrôler un peu plus l'appareil législatif, exécutif et judiciaire de l'État ; mais également la questions des drones, outils de surveillance généralisée, ou celle des violences policières qui sont davantage visibles quand l'outil numérique se démocratise. Sans faire une reprise par le menu de chaque chapitre de l'ouvrage, on comprend qu'à chaque fois, c'est autant de libertés qui disparaissent, et pas pour le bien commun, pas pour un meilleur partage des pouvoirs, pas pour une sûreté plus approfondie…

Expertise juridique
Arié Alimi propose cette analyse avec des cas très concrets, mais n'abuse pas des termes juridiques. Il opte plutôt pour un vocabulaire pédagogique et s'appuie sur son expérience en la matière. En effet, parmi ses affaires les plus médiatisées, il a par exemple assuré la défense de Geneviève Legay, militante d'Attac niçoise molestée lors d'une manifestation, ainsi que celle des familles de Rémi Fraisse (mort en manifestation) et de Cédric Chouviat (mort en interpellation). Grâce à cela, il analyse méthodiquement l'aspect juridique des orientations du gouvernement actuel ; il ne s'agit donc pas du tout d'un travail de politologue ou de sociologue. Toutefois, grâce à cette analyse, il peut quand même terminer son ouvrage sur une proposition de contre-offensive systématique à cet ordre policier qui s'installe dans la durée : la plainte pénale comme contre-pouvoir. Là, forcément, Arié Alimi est en capacité de proposer ses services, et au vu de son efficacité en la matière, il a bien raison de nous prodiguer plutôt cette voie ; en tant qu'avocat habitué au temps long des procédures judiciaires, on ne s'attendait pas trop à ce qu'il prône une révolution pour demain.

Le Coup d'État d'urgence est donc une bonne lecture, assez rapide mine de rien, mais méthodique, ce qui est toujours utile pour prendre un peu de recul dans le flux continu de l'information.

Commenter  J’apprécie          150
L'auteur de ce livre est avocat, défend des victimes de violences policières et il est membre de la Ligue des droits de l'Homme.
C'est important à savoir avant de débuter cet ouvrage.
Il nous décrit l'évolution des libertés publiques et individuelles sur ces 6 dernières années avec les 3 phases de l'État d'Urgence depuis 2015. Il fait des passerelles entre ceux pour le Terrorisme et celui du COVID.
Il aborde les problématiques de sécurité, de liberté, de surveillance, les dérives et l'inquiétude à avoir pour le futur avec cette habitude prise par l'Etat d'être toujours dans un régime d'exception.
Que restera t'il quand nous (population) n'aurons plus besoins de ces mesures ? Ne vont-elles pas rester (pour certaines) en vigueur ?
L'auteur s'appuie sur son expérience dans les tribunaux mais aussi sur différents articles de sources différentes et du code pénale qu'il cite.
Ce petit livre de 176 pages se lit vite, facilement et se compose de chapitres abordant les masques, l'état d'urgence sanitaire, les drones, Stop Covid, Punir au temps du Covid, les violences policières , l'état d'urgence social et la plainte pénale comme contre pouvoir pendant le confinement.
Merci aux Éditions du Seuil pour cet envoi.
Commenter  J’apprécie          50
Un ouvrage particulièrement salutaire pour faire le point sur la manière dont la politique de la peur instrumentalise l'urgence et pratique l'illégalisme de précaution. « Essayer de ne plus rien lâcher désormais ».

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2021/05/20/note-de-lecture-le-coup-detat-durgence-arie-alimi/

Le véritable apport, particulièrement précieux, de ce texte d'Arié Alimi, que je recommande chaudement à toute citoyenne ou citoyen préoccupé par les modalités de la dérive sécuritaire permanente, et de la violence qui y est associée, tient sans doute, tout en se tenant bien loin de toute tentation « complotiste », dans sa manière toute juridique de démontrer la pente nettement systémique de cette superposition permanente de lois et de réglementations, de leur détournement incessant par la frange la plus aux ordres (de l'exécutif, qu'il soit inquiet ou machiavélique) de la police et de la justice (les arrestations préventives de giles jaunes en amont des manifestations en étant l'une des plus éclatantes démonstrations), de la confusion des genres et des postures entretenue autour des identités et des masques, du contrôle d'identité et de la dissimulation du visage (on songera certainement ici, côté fiction, à l'excellent « La transparence selon Irina » de Benjamin Fogel), de l'expérimentation de l'illégalisme couramment pratiqué par l'institution policière (on l'a vu tout récemment à propos de l'utilisation des drones) qui vise un redoutable mélange de « pas vu, pas pris » et de régularisation ex post de ses pratiques les plus douteuses, au nom souvent paradoxal de la « défense des forces de l'ordre » (dont on mesure l'amalgame délétère qui est désormais pratiqué presque au quotidien). Et que cette démonstration en forme d'alerte, froide et documentée, soit pratiquée, comme dans les interventions du confrère Maître Eolas, avec la froideur objective du droit – dans sa pratique comme dans l'esprit des lois -, ne rend l'ouvrage que davantage salutaire.
Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          30
Réflexion sur les états d'urgence qui n'en finissent pas et ce qu'ils impliquent dans notre société. un livre d'utilité publique à l'heure où les droits et libertés des individus sont toujours plus restreintes. Supposément pour une durée définie et comme mesures d'exception, mais quand est-il vraiment ?

Arié Alimi ne parle pas uniquement de l'état d'urgence sanitaire mais également ceux qui s'enchaînent depuis 2015 et les attaques terroristes. Rappelant pour ceux qui n'en avait pas pris conscience (dont moi) qu'en 5 ans, la france en a passé 3 en état d'urgence qui implique des changements non négligeables dans l'équilibre du pouvoir. Il parle également des transformations qu'ils ont entraînés au niveau judiciaires, de nos libertés, de nos droits, de nos vies privées, au niveau social et étatique. Il dresse un portrait loin d'être rassurant d'une France qui, comme tant d'autres pays, à insidieusement placé dans le droits commun des mesures qui se devaient exceptionnelles en jouant sur la peur de ses citoyens.
pour certains passages, c'était une confirmation de mes propres pensées, pour d'autres une découverte qui n'avait rien de rassurant; dans le globalité pourtant, c'est un portrait qui m'a semblé réaliste, étayé de nombreux articles et ouvrages pour ne pas tomber dans l'avis purement personnel. en somme, un livre qu'on devrait mettre en toutes les mains pour mieux comprendre ce qui se joue au-delà de l'urgence sanitaire (ou, à l'époque, du combat contre le terrorisme)
Commenter  J’apprécie          30
L'état d'urgence sanitaire permet tous les dépassements en repoussant les limites de l'acceptabilité. Voir sans être vu, ou la consécration de l'idéal panoptique qui s'achèvera avec l'application de la reconnaissance faciale automatisée et en temps réel. Grâce à la disparition des protections juridiques du sujet virus et l'extension généralisée de ces pratiques à l'ensemble de la population, la stratégie de l'illégalisme a pu se développer comme jamais auparavant. L'état d'urgence, c'est cela : un mouvement normatif incessant, matérialisé par une succession ininterrompue de nouvelles lois et actes réglementaires qui détruisent le cadre de l'Etat de droit dans lequel nous vivions il y a encore peu de temps.
Commenter  J’apprécie          20


Lecteurs (33) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1713 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *}