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Critique de Eve-Yeshe


Une tempête s'est abattue sur New-York ; impossible de mettre le nez dehors. Obligé de sortir quand même, Richard Bowmaster tente de maîtriser tant bien que mal son véhicule, mais distrait, il en perd le contrôle et heurte le pare-chocs d'une Lexus qui a freiné devant lui. En voulant « dédommager » la jeune conductrice, Evelyn Ortega, il se heurte à un refus, laisse quand même ses coordonnées.

Quelques heures plus tard, la jeune femme sonne à sa porte, complètement dépassée et lui explique, qu'elle est en situation irrégulière, conduisait la voiture de son employeur, et qu'il y a une surprise dans le coffre !

Dépassé, Richard se rend au rez-de-chaussée où habite Lucia, sa locataire qui travaille dans la même université que lui et qui est un peu amoureuse de lui, mais à soixante ans, c'est compliqué…

Tous les trois vont se retrouver dans un imbroglio qui va les emmener dans un road trip vers le Canada, et cela va être l'occasion de découvrir le passé de ce trio.

Lucia a fui le Chili, car son frère a été arrêté sous l'ère Pinochet et on ne m'a jamais revu. Sa mère n'arrive pas à se résoudre à cesser de le rechercher encore et toujours : comment faire le deuil, quand on ne sait pas si la mort est avérée ou non, quand on n'a pas de lieu pour se recueillir et qu'on n'a même pas pu organiser une cérémonie. Lucia s'enfuit au Canada. Mais la vie ne lui fera pas de cadeau, mariage, amour, abandon vont s'enchaîner…

Evelyn, elle a dû fuir le Guatemala, où les trafiquants, font la loi, arborant des tatouages sur tout le corps (j'ai bien dit tout le corps, il y en a qui a même essayé de se faire tatouer le blanc des yeux, on imagine la suite…). Son père est aux abonnés absents, sa mère est partie aux USA pour gagner un peu d'argent qu'elle envoie à sa grand-mère, Conception, régulièrement.

La grand-mère en question, à la personnalité hors du commun, espérait que son petit-fils, Gregorio, arriverait à résister jusqu'à dix-huit ans pour faire son service militaire, mais les gangs sont tellement puissants…

« Quelques mois avant d'entrer sous les drapeaux, il parvint à se faire accepter dans les rangs des MS-13, le plus féroce des cartels mafieux, mieux connus sous le nom de Mara Salvatrucha… »

Evelyn en a fait les frais est à dû quitter son pays dans des conditions abominables : on connaît la manière dont ils sont accueillis sur le sol US …

Richard n'est pas mieux loti : un mariage passion qui a explosé, les morts sur son chemin, l'alcoolisme… il s'est enfermé dans un chagrin, dans la culpabilité, car on comprend très vite qu'il y a eu un drame dans sa vie dont il se sent responsable. Il veut tout contrôler, de l'alimentation à l'amour, et son hypocondrie est touchante, avec ses allergies présumées, explorant la moindre molécule de ce qu'il mange… Avec lui on fera un voyage au Brésil, car sa femme est brésilienne, avec une famille omniprésente, voire toxique…

J'ai beaucoup aimé ce roman qui est beaucoup plus qu'un road-trip, car Isabel Allende nous propose un récit attractif, chaque élément de l'expédition, rencontre, petite phrase a priori anodine, fait remonter des moments du passé, que chacun des trois a voulu oublier, car cela provoquait un trop-plein de souffrances qui ne pouvait que les empêcher de vivre. Les carapaces se fendillent, la parole se libère, et tous les trois vont sortir du mode survie dans lequel ils étaient au bord de la noyade depuis des années.

J'ai adoré la relation de Richard, avec ses chats, qui ont atterri chez lui presque par hasard, forçant sa porte, qui sont aussi indifférents et désabusés que lui et qu'il a baptisé : Um, Dois, Tres en souvenir du Brésil.

J'ai beaucoup aimé les références à l'histoire du Chili, mais aussi à celle du Guatemala et de toute l'Amérique latine en proie si longtemps à la main de fer des dictatures, des cartels. Mais les USA ne sont pas en reste : immigration clandestine, esclavage moderne, trafic d'êtres humains…. L'auteure parle très bien de l'exil, géographique ou intérieur, tous les trois sont des exilés, chacun à leur manière.

Je n'avais lu que deux romans d'Isabel Allende, il y a très longtemps : « La maison aux esprits » et « Portrait sépia » que ma mère avait dans sa bibliothèque, et j'en gardais un bon souvenir. Mais, comme c'était la période des études, des partiels, examens, j'avais une manie (que j'ai gardée un peu quand même) : chaque fin de session, je lisais des romans légers pour récupérer le bachotage alors, vues les notes que j'ai attribué à ces deux livres sur Babelio, je ne sais pas si ce furent des lectures aussi marquantes que dans mon souvenir… en tout cas, elles m'ont donné envie de lire ce dernier opus de l'auteure et j'ai passé un bon moment.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Grasset qui m'ont permis de découvrir ce roman et de retrouver son auteure…

#Plusloinquelhiver #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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