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Critique de Dominique_Lin


Ce roman est la suite de Je mourrai une autre fois. La guerre civile est finie, Franco est au pouvoir, a tous les pouvoirs. Nous retrouvons Gelìn, devenu Angel, au camp de Saint-Cyprien, en Catalogne. Tous ses rêves sont brisés, il n'aspire plus qu'à une chose : rentrer au pays, avec une promesse d'amnistie. Il retrouve « le soleil qui le chauffe de ses rayons ibériques ». L'air qu'il respire est enfin celui de son Espagne. Mais là s'arrête la poésie de l'instant, car tout est plus difficile que prévu. On ne relâche pas les Rojos comme ça dans la nature ! Il devient chair à travaux forcés, pour reconstruire ce que les Républicains avaient détruit. Malgré les brimades, la fatigue et l'enfermement, il aspire toujours à retrouver sa famille, expliquer son départ à la guerre à son père, tout recommencer, comme avant. Mais son père est mort, et il n'y aura pas de pardon.

Enfin, il peut retrouver sa mère, sa soeur et tenter de recommencer une vie sous la dictature des fachas, avec la peur de la dénonciation, d'émettre la moindre idée, mais avec toujours l'envie de résister, de ne pas accepter que tout est terminé, car sinon, à quoi auraient servi ces années de lutte, tous ces morts, ces sacrifices ? Mais rejoindre la résistance n'est pas facile. Personne ne parle, personne n'ose. Il faut faire semblant, être invisible, tout en essayant de retisser les réseaux, dans la plus grande clandestinité, en courant le danger immédiat d'être abattu.

C'est le retour dans les rues de son enfance, les repères, les odeurs, tout lui parle, mais c'est aussi les petits boulots, la misère, la faim, la débrouille. C'est aussi aussi l'amitié, la notion de compagnons, de camarades…

Ce n'est pas un roman rose, encore une fois, mais c'est le sujet qui veut ça. Vivre en dictature n'est pas de tout repos quand on a une conscience. Heureusement, l'espoir est là, toujours présent qui lui permet de continuer d'avancer, de croire en un lendemain meilleur, même si l'Histoire nous dit que cela va durer très longtemps…

On retrouve l'écriture d'Isabelle Alonso, poignante, forte. On sait que le sujet la taraude… peut-être un peu trop, car on sent parfois trop l'intention de dénoncer. le lecteur peut se faire sa propre idée sans être guidé dans son jugement.

Merci encore à l'auteur de nous rappeler de l'intérieur ce qu'était cette dictature si proche de nous, dans le temps et dans l'espace. 36 années de fascisme à notre porte, de l'autre côté des Pyrénées, ce n'est pas anodin. Et on peut se poser des questions quand on voit la montée de cette peste brune autant en Espagne que dans de nombreux pays d'Europe, malgré l'Histoire récente !

Après ces deux romans, j'espère qu'Isabelle nous offrira son écriture dans des sujets plus légers, plus heureux…
Lien : http://dominiquelin.overblog..
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