AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Apoapo


Je n'avais pas lu auparavant d'essais féministes d'Isabelle Alonso, ni écouté ses chroniques journalistiques, pas plus que je ne la connaissais comme Chienne de Garde ; pourtant, j'avais été durablement admiratif de son _Roman à l'eau de bleu_ qui, dans un genre mi-humoristique mi-utopique, renverse la domination des hommes sur les femmes.
Cet ouvrage-ci, qui s'adresse aux hommes « décontenancés » devant l'injustice du sexisme, aux hommes féministes donc, « qui voudraient en être, de cette révolution pacifique, mais ne savent pas comment s'y prendre. Comment aider. Jusqu'où aller sans se faire rembarrer. Sans dépasser les bornes, sans être accusés de récupération. Comment se montrer solidaires mais pas donneurs de leçons ? » (p. 11) – un profil auquel je m'identifie volontiers – apporte non pas une réflexion théorique de grande densité, mais un paysage de grande envergure sur l'étendue des méfaits du patriarcat (que je préfère qualifier de virilisme) dans notre société actuelle. Il se lit très vite, possède le sens de la formule tout en imitant le registre de l'oralité ; l'actualité y prédomine. Certaines perspectives sont fulgurantes, d'autres points de vue sont plus notoires sinon consensuels, d'autres opinions par contre sont, me semble-t-il, contestables : en particulier sur la prostitution, sur la pornographie, sur la GPA et plus généralement sur les « divergences de lutte » entre le féminisme et le mouvement LGBT+ qui me paraît inopportune... Il est heureux que le féminisme ne soit pas un monolithe idéologique dogmatique et figé. Ce que l'on apprend surtout par cette lecture, c'est à relier de nombreuses idées et certaines critiques de la société néolibérale et violente avec une matrice unique – patriarcat ou virilisme – qui en constituent, d'après l'autrice, l'origine : ainsi le féminisme apparaît de toute évidence comme une question politique, et non comme la posture haineuse anti-masculine à laquelle ses opposants veulent le réduire. Les avantages du « female gaze », qui dénonce les rapports de domination, consistent donc d'abord en une manière de repenser et de déconstruire toute la culture de la violence (plus générale que l'imprécise « culture du viol »), et non seulement celle faite aux femmes, premier pas vers l'imagination d'une alternative de coopération, d'entraide et de persévérance. Ce qui reste très largement à faire ; mais on dirait que certaines spécialistes de chaque discipline, en se revendiquant chacune du féminisme en sus de leur spécialité respective, sont en train de s'en charger.


Table :

- Lettre ouverte aux poissons rouges
- États des lieux
- Féminitude
- Culture de la violence
- Être un mec
- Tout le monde a une prostate
- Backlash
- Mexplication
- Male gaze
- Lavage de cerveau
- Intermède RATP
- Porno
- LGBTTQQIAAP+
- Maternitude
- Putards
- Invisibles
- Agressions
- Détester les hommes
- Female gaze
- Postface
Commenter  J’apprécie          40



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}