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EAN : 9782350875491
256 pages
Editions Héloïse d'Ormesson (24/09/2021)
4.11/5   14 notes
Résumé :
« Hé, les gars, c’est à vous que je parle ! Il paraît que depuis #MeToo, être un homme, juste un homme, serait devenu “compliqué”.
On ne peut plus rien dire ! On ne peut plus être galant, on ne peut plus draguer, on ne peut plus rigoler !
Vous êtes mal à l’aise. Limite agacés. Solidaires des femmes, évidemment, vous n’êtes pas bas de plafond, mais bon, une fois passées les bornes, y a plus de limites.
Vous avez besoin de lire ce livre. Parce que... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Je n'avais pas lu auparavant d'essais féministes d'Isabelle Alonso, ni écouté ses chroniques journalistiques, pas plus que je ne la connaissais comme Chienne de Garde ; pourtant, j'avais été durablement admiratif de son _Roman à l'eau de bleu_ qui, dans un genre mi-humoristique mi-utopique, renverse la domination des hommes sur les femmes.
Cet ouvrage-ci, qui s'adresse aux hommes « décontenancés » devant l'injustice du sexisme, aux hommes féministes donc, « qui voudraient en être, de cette révolution pacifique, mais ne savent pas comment s'y prendre. Comment aider. Jusqu'où aller sans se faire rembarrer. Sans dépasser les bornes, sans être accusés de récupération. Comment se montrer solidaires mais pas donneurs de leçons ? » (p. 11) – un profil auquel je m'identifie volontiers – apporte non pas une réflexion théorique de grande densité, mais un paysage de grande envergure sur l'étendue des méfaits du patriarcat (que je préfère qualifier de virilisme) dans notre société actuelle. Il se lit très vite, possède le sens de la formule tout en imitant le registre de l'oralité ; l'actualité y prédomine. Certaines perspectives sont fulgurantes, d'autres points de vue sont plus notoires sinon consensuels, d'autres opinions par contre sont, me semble-t-il, contestables : en particulier sur la prostitution, sur la pornographie, sur la GPA et plus généralement sur les « divergences de lutte » entre le féminisme et le mouvement LGBT+ qui me paraît inopportune... Il est heureux que le féminisme ne soit pas un monolithe idéologique dogmatique et figé. Ce que l'on apprend surtout par cette lecture, c'est à relier de nombreuses idées et certaines critiques de la société néolibérale et violente avec une matrice unique – patriarcat ou virilisme – qui en constituent, d'après l'autrice, l'origine : ainsi le féminisme apparaît de toute évidence comme une question politique, et non comme la posture haineuse anti-masculine à laquelle ses opposants veulent le réduire. Les avantages du « female gaze », qui dénonce les rapports de domination, consistent donc d'abord en une manière de repenser et de déconstruire toute la culture de la violence (plus générale que l'imprécise « culture du viol »), et non seulement celle faite aux femmes, premier pas vers l'imagination d'une alternative de coopération, d'entraide et de persévérance. Ce qui reste très largement à faire ; mais on dirait que certaines spécialistes de chaque discipline, en se revendiquant chacune du féminisme en sus de leur spécialité respective, sont en train de s'en charger.


Table :

- Lettre ouverte aux poissons rouges
- États des lieux
- Féminitude
- Culture de la violence
- Être un mec
- Tout le monde a une prostate
- Backlash
- Mexplication
- Male gaze
- Lavage de cerveau
- Intermède RATP
- Porno
- LGBTTQQIAAP+
- Maternitude
- Putards
- Invisibles
- Agressions
- Détester les hommes
- Female gaze
- Postface
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Dévoré en quelques heure, ce livre m'a complètement emballé. le cocktail d'humour et de révolte profonde emporte tout sur son passage. Quel meilleur outil pour mettre à jour ses valeurs ? Un coup de gueule humaniste, au coeur de son époque, à mettre entre toutes les mains.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Nous faire gober l'idée d'une prostitution heureuse, épanouie, est une insulte à notre intelligence. Il nous faudrait accepter de sacrifier certaines d'entre nous, moins chanceuses, pour que les bites en folie trouvent un exutoire ? Le proxénétisme ne s'aménage pas, ne se négocie pas. Il n'est acceptable en rien. vous aussi, les mecs, ça vous concerne. Vous êtes en première ligne. vous n'êtes pas tous des putards. Mais de la même manière que chaque femme prostituée est une partie de moi, chaque putard et une partie de vous. Ça devrait suffire à vous donner envie d'en finir avec cet échange qui n'en n'est pas un. Qui est une violence. Qui est un viol.
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5. « Dynamitez le patriarcat de l'intérieur, jouez les agents infiltrés. Ça ne peut venir que de vous, et le système n'y survivra pas. Le patriarcat est cohérent : la parole masculine, parole de dominant, pèse davantage. Elle sera plus entendue et respectée qu'une voix féminine, une fois démonétisée par le poids de l'idéologie ambiante. Parlez en tant qu'homme. En tant que mec. En tant que féministe sévèrement burné. Qui tient debout tout seul. Qui n'a pas besoin du machisme pour se sentir viril. Pas besoin de mépriser pour se sentir respecté. Pas besoin d'écraser pour se sentir exister.
Chaque fois que devant vous se produiront, que vous entendrez, des blagues misogynes, des anecdotes d'exploits sexuels, des bigarderies et autres propos de ce supposé second degré qui sert de paravent à la bonne vieille gauloiserie, si souvent nauséabonde, ne soyez ni dupes ni complices. Ne marchez pas dans la combine. Inscrivez-vous en faux. Faites-en une affaire personnelle. Défiez les auteurs. Que ceux qui s'attendent à votre assentiment tacite ne le trouvent plus. Qu'ils ne se sentent pas confortés, mais qu'au contraire ils se sentent mal à l'aise. Qu'ils perdent leur statut. Qu'ils passent pour des pauvres types. Ça s'appelle la dissuasion. » (pp. 253-254)
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2. « Entre huit et quatorze ans, les filles perdent trente pour cent de leur confiance en elles. Comment ça se calcule ? Boulot de sociologue. Ils ont leurs outils, leurs enquêtes, tirent leurs conclusions. Constatent que cette confiance en soi qui facilite la vie se fait la malle aux abords de l'adolescence. Opération d'envergure. Clips, vidéos, films, chansons, romans, reportages, feuilletons, pubs, magazines, réseaux sociaux, tout un kaléidoscope met en scène la déconfiture des filles. Pilonne leur ego. Les jauge, les juge. Trop grande, trop petite, trop maigre, trop grosse, trop frisée, trop raide, trop mate, trop pâle, trop foncée, trop typée, trop blafarde, trop musclée, trop molle, trop allumeuse, trop coincée, trop nue, trop habillée, trop ceci, pas assez cela. Un idéal appelé féminité, aussi inaccessible que le pied de l'arc-en-ciel, recule au rythme des efforts pour l'atteindre et des frustrations de ne pas y parvenir. L'appétit de vivre s'y heurte comme un insecte à une vitre. De quoi refroidir les enthousiasmes les plus tenaces. De quoi ébranler les personnalités les plus solides. » (pp. 113-114)
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La GPA est un cas d'école. Un pur produit de l'idéologie dominante. Une vision de la grossesse par ceux qui ne la vivent pas, réduite à ses aspects mécaniques par un androcentrisme qui réduit l'utérus a une enveloppe et la mère au support temporaire d'un mécanisme qui la dépasse. Rappelons que le féminin a été tenu si longtemps pour quantité négligeable que le clitoris n'est apparu que très récemment dans les planches anatomiques des étudiants en médecine. Ça donne une idée de la cécité ambiante. Une telle invisibilité des femmes n'a pas permis de penser la complexité de l'enfantement. Or, ni le désespoir compréhensible des couples stériles ni le rêve tout aussi compréhensible d'une famille à soi ne justifient pareil instrumentalisation.
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4. « Démonstration en quatre étapes prestidigitatrices :
"Paul bat Julie." Constat. Verbe actif. On sait qui fait quoi.
"Julie est battue par Paul." Même sens apparent, mais passage à la forme passive. Julie remplace Paul comme sujet du verbe. Et donc de l'action.
"Julie est battue." Disparition de Paul. Julie est seule. L'attention se concentre sur elle.
"Julie est une femme battue." Julie est désormais réduite à son état de victime. Elle est battue, c'est son identité.

Quatre phrases se succèdent pour faire disparaître Paul. Et ainsi la question des hommes violents devient celle des femmes battues. L'attention médiatique se focalise sur elles, elles seules, dans d'innombrables articles et reportages répétant les mêmes questions, sans pour autant chercher à y répondre. Comment en est-elle arrivée là ? Pourquoi ne part-elle pas ? Pourquoi ne porte-t-elle pas plainte ? Il s'agit de rester dans l'éternel mystère féminin. Cette Julie est bizarre, quand même. Elle en prend plein la gueule et ne dit rien ? Elle a l'air d'accepter son sort. Mais peut-être aime-t-elle ça, allez savoir les femmes... C'est comme ça depuis que le monde est monde ! Elles doivent y trouver leur compte d'une manière ou d'une autre.
Et Paul ? Pourquoi frappe-t-il ? Pourquoi recommence-t-il ? Pourquoi nie-t-il ? La question n'est pas posée. » (pp. 204-205)
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Vidéo de Isabelle Alonso
La peau de l'ours, on la vend sans l'avoir, comme le capitalisme déchaîné pille les ressources d'une planète qui ne lui appartient pas. Qui n'appartient à personne. le néolibéralisme, à bout de souffle, génère des milliardaires, riches jusqu'à l'absurde, et des pauvres, de plus en plus démunis. Il détruit les équilibres naturels, génère de la violence sociale, cultive la cupidité. Triste bilan. Quel est le point commun entre un ours blanc sur son reste de banquise et une fille de rouge dans une gauche morcelée ? La déconfiture. Dans un monde en décomposition qui a désespérément besoin de valeurs humanistes, Isabelle Alonso se désole des incapacités d'une gauche qui oublie son devoir, son histoire, son héritage. Dans un plaidoyer pour l'union, elle tente de trouver des raisons d'espérer. Et reste de gauche, contre vents et marées.
Romancière, essayiste, chroniqueuse, féministe et femme de gauche, Isabelle Alonso publie ici son septième essai. Ses romans sont le plus souvent inspirés par sa propre histoire. Ses essais par son engagement citoyen, féministe et humaniste.
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