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Critique de filippo


Les enfants du paradis

Salvador de Bahia, Brésil, années 1930.
Les capitaines des sables, bande de gamins des rues abandonnés, survivent par de menues rapines. Dans cette ville magnifique, libres comme l'air, ils forment un groupe uni par son chef, Pedro Bala. Chacun a un surnom évocateur : le Chat, Patte-molle, Joao Grande, Le Professeur, S'la coule douce, Sucre d'orge… Ils vivent en communauté dans un entrepôt abandonné : les grands protègent les petits, ils partagent tout.
Leur fraternelle débrouillardise leur permet d'échapper à la police, à l'orphelinat, à la maison de correction. Sur la plage, ils découvrent l'amour avec de jeunes mulâtresses. Les seuls adultes qui côtoient leur univers sont le curé José Pedro ou le pêcheur Chéri du bon Dieu.…

Jorge Amado, né en 1912, décédé en 2001, est le Victor Hugo des brésiliens. Ecrivains des pauvres, des exploités, des victimes d'une société injuste et égoïste, il magnifie la bonté et l'intégrité de ses personnages en nous faisant rêver.
« Capitaines des sables » est une suite de courtes histoires qui créent une douce ambiance tropicale pleine d'enfants métissés dans une ville colorée. C'est vraiment bien écrit et tellement agréable…
Ma critique pourrait s'arrêter là.

Mais il faut aussi savoir qu'Amado a écrit ce roman en 1937 alors qu'il était communiste et qu'il a été publié en France en 1952, avant la mort de Staline.
« Capitaine des sables » est donc typique d'une littérature qui a idéalisé une situation sociale à des fins politiques. Si on le compare à « La cité de Dieu », de Paulo Lins, qui évoque l'ultra violence des gamins des favélas de Rio, on se demande si on n'est pas dans le monde des Bisounours .
Ne nous leurrons pas. Derrière les jeunes filles en fleur rencontrées sur la plage, il y a des viols, et dans les fuites éperdues après un larcin, il y a des coups de rasoir, ou de pistolet, des morts…

Mais cela ne met pas en doute la sincérité de l'auteur, ni son talent, qui est immense.
Jorge Amado savait transformer l'enfer en paradis, le cauchemar en doux rêve exotique, de violents faits divers en épopée.
N'est-ce pas la marque d'un grand écrivain ?
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