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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ayant découvert cette autrice de langue tamoule dans le recueil « Nouvelles de l'Inde du Sud », j'ai voulu en savoir plus et j'ai trouvé ce livre qui est composé de 4 nouvelles - un genre que j'affectionne particulièrement.
Pourtant une autrice prolixe, elle est très peu traduite en France (je n'ai trouvé aucune autre de ces oeuvres en Français).
Elle gagnerait à être davantage traduite car indéniablement Ambaï est une femme de lettres qui fait preuve d'une grande finesse littéraire avec son écriture quasi poétique.
Ces nouvelles qui mettent en lumière la complexité du statut de la femme en Inde aujourd'hui sont assez inégales mais la première notamment (Le manuscrit) qui met en lumière au sein d'un couple deux visions diamétralement opposées de la femme et de son rôle dans la société indienne m'a beaucoup touché, et les dernières phrases sont d'une telle poésie..
Vraiment une autrice à découvrir
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Chentaramai, Châyâ, Cempakam et Chentiru, quatre femmes à des époques différentes de la vie.
La première est très jeune et elle est invitée à une journée commémorative du poète Muttukumaran, ce père qu'elle a peu connu mais qu'elle découvre par le récit de sa mère. Cette première nouvelle érige le portrait de l'homme indien, soucieux d'être celui qui est reconnu au détriment de l'épouse. Cette domination est plus ou moins violente mais souvent sournoise.
Châyâ est une jeune épouse, mère d'un jeune enfant. Brimée par la pingrerie excessive de son mari, elle courbe le dos et édicte silencieusement des lois contre les hommes. Son mariage avait été arrangé par sa famille. Enfin surtout son père, car sa mère n'était jamais consultée pour les décisions de la famille. Timidement, Châyâ tente de braver les décisions abusives de son mari jusqu'à penser au divorce, » pensée interdite aux femmes hindoues depuis des temps immémoriaux. »
Cempakam, mariée par amour au fils de son maître de chant, Ayya, s'efface pourtant devant lui. Elle a toutefois bien plus de talent que lui et Ayya lui a toujours assuré. Douce et intelligente, parviendra-t-elle à imposer son talent.
Enfin, Chentiru est une femme mature qui ressent le besoin de s'isoler, de se ressourcer dans la forêt loin de son mari. Celui-ci la soutient dans la gestion de leur entreprise commune mais elle est souvent écartée par les autres administrateurs. » le jour est venu de réécrire nos épopées. » Dans sa maison forestière, elle écrit donc son histoire proche de celle de Sîta, l'épouse de Râmâ.
Si ces quatre femmes sont proches des « pativrata » : « épouse modèle, entièrement dévouée à son mari qu'elle considère comme son seigneur » ( oui, ils ont même un mot pour désigner cet état), elles sont par contre intelligentes, éduquées et un peu rebelles.
Ambai, en illustrant la condition de la femme hindoue, ne dresse pas un portrait sombre des hommes. Les pères ( comme Ayya) sont parfois très compréhensifs et les maris ne sont pas tous obtus. Par contre, il est clair que la femme doit se battre pour s'imposer dans le couple et la société.
Ces nouvelles sont toutes bercées par la culture tamoule, notamment avec la poésie et surtout la musique carnatique. La dernière nouvelle nous permet de retrouver quelques épisodes du Râmâyana.
Le style de l'auteur est d'une grande pureté. Et si le lecteur peut se perdre avec les termes étrangers, un glossaire en fin de livre permet de mieux comprendre les références.
A découvrir.
Lien : https://surlaroutedejostein...
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Quatre nouvelles dont trois m'ont beaucoup plu, et une, la dernière, intitulée La forêt, m'a laissé sur le bord par son écriture plus décalée, moins descriptive, plus mystique. Je me concentrerai donc sur les trois premières qui à elle seules valent qu'on découvre cette auteure.

- le manuscrit : une jeune femme est invitée en tant que descendante d'un poète célèbre à une commémoration. Elle découvre qui était vraiment son père : un homme violent avec sa mère lorsqu'il avait bu, et il buvait beaucoup. Malgré son niveau d'études, ses qualifications, l'épouse battue ne pouvait vivre selon ses désirs, brimée par cet homme qui ne vivait que pour son art.

- Les ailes brisées : Châyâ est une femme mariée qui lorsqu'elle est seule invente des lois qui devraient être votées en Inde, comme par exemple : "Prohiber les grosses bedaines, les poitrines grasses et flasques sur les corps masculin, se dit Châya." (p.51) Et elle sait de quoi elle parle, son mari Bhâskaran, est le type même décrit plus haut. Et pour couronner le tout, il ne lui parle que pour lui faire des reproches : sur la nourriture trop salée, sur ses dépenses inconsidérées alors qu'il gagne sa vie correctement. Car le plus gros problème de Bhâskaran c'est sa pingrerie extrême qui empêche sa femme et son fils de vivre. Châyâ rêve d'indépendance, de vivre seule avec son fils qu'elle élèverait sans avarice. le jour où sa soeur présente son futur mari à sa famille, elle décide malgré l'avis de Bhâskaran qui refuse de dépenser de l'argent pour le trajet et le cadeau de se rendre chez ses parents.

- de haute lutte : Cempakan est une excellente musicienne formée par un maître dont elle a épousé le fils. Celui-ci, malgré les recommandations de son père refuse que Cempakan continue à chanter en public, craignant sans doute une concurrence à son désavantage, car lui aussi est chanteur. Alors Cempakan, continue dans l'ombre à chanter chez elle et à supporter son mari. Jusqu'au jour où un élève lui demande de lui écrire une chanson (par "chanson", entendez chant traditionnel tamoul).

Belle écriture d'Ambai, à la fois moderne et traditionnelle, se référant beaucoup aux croyances indiennes (ce n'est pas un handicap de lecture, d'abord parce qu'il y a un glossaire et ensuite, parce que même si les noms sont étranges pour nous, ils ne sont pas essentiels aux fils des histoires, ils ajoutent un côté mystique à ces nouvelles), et en même temps très concrète. Elles racontent la difficulté d'être une femme en Inde aujourd'hui et de vouloir travailler, pratiquer son art ou tout simplement vivre libre.

Une très belle découverte que cette auteure inédite en France jusqu'à ce livre et qui devrait continuer à être traduite, du moins je l'espère.
Lien : http://lyvres.over-blog.com
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