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Critique de coco4649


 
 
Poésie construite sur les ruines
d'un monde, d'une ville.

Le beau titre du recueil porte en
creux une saignante souffrance.

Soulignée par un style remarquable,
cette écriture doucement humaine
éclaire de façon lumineuse les abîmes,
les grands vides de l'existence.

Des formules verbales remarquables
fourmillent et ensoleillent ce recueil :

" J'ai le coeur infecté du sang
pourri des frontières.
" mes jambes de figue
" un ciel mouillé sous les paupières
" je ne suis qu'un verre
à réfugier des coups de pierres
" je marche
ouvrant la porte aux vertiges
" je marche
je suis l'allégorie du vide


Ci-dessous quelques pages
permettent d'apprécier
cette poésie.

" Contre les murs ivres d'éclats, chute le soleil.
Nom brisé de la fleur.
Coeur qui tremble est plus lourd que l'attente
 du marin.
Arrogante prière du vide que de battre des ailes.
Mais que vaut-il d'être debout quand traîne
 la lumière au sol ?
Par devoir d'insomnie
ou nécessaire chanson de chair,
la nuit cassée à corps battant de noctambules.
Surgit l'aube des chaînes.
Bleu comptant la course des vagues.
Tel secret de pluie, quelle longue route l'espoir.
p.9


" Mon chapeau est un torrent d'été des Caraïbes que la
vie a déposé sur ma tête. Mes lunettes sont des masses
d'ombres taillées du chaos. J'ai le coeur infecté du sang
pourri des frontières. Une veste noire saupoudrée
du sable des préjugés couve mon calibre suicidaire.
Ma terre, mon passé, mes ancêtres sous ma peau, j'ai
mes jambes de figue et je porte un pantalon skinny à
l'envers saturé d'épines.
p.11


" j'ai violé tant d'horizons de tendresse
un sel de tristesse
m'arrache la langue
un ciel mouillé sous les paupières
le sang sec
comme un signal de panne de coeur
ma voix rouillée…
des sanglots sur le clavier
je m'en vais
me droguer de musique

je ne suis qu'un verre
à réfugier des coups de pierres
p.12


" je marche
pour maudire les trottoirs
mon visage
fait saigner ceux des passants
je voulais vivre
mais ne suis que moteur
d'un amas de chagrins
je marche
ouvrant la porte aux vertiges

l'âme si pâle
défiant le soleil
ne reste de mon nom
qu'un hommage au silence
je marche
je suis l'allégorie du vide
p.13


" …
je marche
dans mon calvaire d'errance
pour tresser des colliers de sang
p.15


" …
Fuir front nu pour revendiquer le soleil.
Là sera mon chant de traversée*.
p.19


" …
ma ville d'heures difficiles
quel temps ne croule à ta vue
p.21


" à rougir
les cathédrales
je m'érige en phrases impures

syntaxe entaillée
je me corrige
dans ma grammaire de sang
p.35


" au passage
les terres foulées
le chant des astres
les gorges nouées
puis libérées à force de nourrir le cri

l'échos du verbe
dévale les sanglots
la sueur des mots
devance le sang des jours
p.40


" au passage
un dialogue de visages
de sourires
de sel
et de pirogue libre

l'histoire traverse
nous attrapons
l'héritage
de lumière
p.41


" Ce n'était pas toi.
Ta langue ne connaît pas le sel des talons.
Le ciel des insoumis n'a point de pacte avec la boue.
Le ciel indigné ne rampe pas avec les dos courbés.
p.44


" ce que
chante l'horizon neuf
c'est l'oiseau fou qui l'attrape

au bord du rêve
marche la rage
p.56
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