Nul chemin dans la peau que saignante étreinte.
Quel titre !!! Quel recueil !!!
Troisième rencontre avec
Jean d'Amérique, poète Haïtien, depuis le début de l'année et troisième claque.
Pour claquer, ça claque fort et dur la poésie de Jeannot. Il n'y a pas à dire, la poésie est définitivement le genre de lecture qui me parle le plus.
Ah cette saignante étreinte, comme un sillon sous cutané prenant le chemin des écoliers sur la route du coeur.
De Port au Prince à Alep, le goût du sans est le même. D'éraflure en griffure, de fêlure en fracture, c'est la vie qu'on mutile. Alors la révolte, alors l'insoumission, le courage. Alors la résistance. Et c'est, au moins, la dignité qui renaît de ses cendres.
Pour combattre un système qui entretient la misère ou des gangs qui sèment la terreur,
Jean d'Amérique a choisi son arme. Les mots.
Des mots comme un coup de poing dans la gueule, des mots comme un poing levé fermé, comme un appel qui m'inspire, qui m'aspire.
Un poing levé fermé
Pour un rêve infirmé
Une planète rouge
Où jamais rien ne bouge
Deux poings larvés formés
Combat à continuer
J'ai rêvé des dix doigts
Un poing dans une main
Dans une main tendue
Tendue vers un demain
Vers un demain tant dû
Tant dû par ces deux mains
Ces deux mains étendues
Un poing levé fermé
Pour un rêve affirmé
Une planète bleue
Au respect contagieux
Deux poings lovés formés
Une trêve amitié.
Bon, les textes du recueil sont beaucoup plus violent que les quelques mots qui me viennent mais l'idée est là.
Avant d'arriver à un jour meilleur, la lutte continuera, dans la rue, dans les livres, dans les âmes, dans le sang.
La poésie, si elle est multiple, est un état d'esprit avant tout et peu importe la façon dont elle s'habille. La poésie c'est une question de moment, d'instant. C'est aussi la solitude face au monde tel qu'il est, la solitude face à l'autre.
Croyez le, la poésie ce n'est pas que des niaiseries rimées, ces niaiseries dont certains se gavent à longueur de bouquins non estampillés « Poésie ».
La poésie, ce n'est pas que des mots placés là pour faire joli ni un truc complètement hermétique destiné à quelques initiés.
La poésie, c'est vous, c'est moi, c'est nous, c'est juste la vie.
Je mets en commentaire le lien d'un superbe billet ailleurs qui j'espère, pour ceux qui auront la curiosité d'aller lire, saura vous convaincre que ça vaut vraiment le coup d'aller s'écorcher sur quelques bris de vers de Jean d'Amérique.