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Critique de fanfanouche24


Mercredi 24 août 2022 / Cité du Livre de Bécherel [Ile-et-Vilaine/ à proximité de Rennes ]


Pépite insensée , bouleversante...dénichée par le plus grand des hasards dans un recoin très discret d'une librairie-bouquinerie du Village du Livre, Bécherel...Il en a fallu des réunions de circonstances pour que j'arrive jusqu'à ce livre et jusqu'au parcours incroyable de ce poète-baroudeur, "street-artiste" à ses heures...

Par le plus grand des "miracles"... je me retrouvai , après 25 années, de passage sur la terre natale de ma grand-mère maternelle, dans la région de Rennes... accueillie d'ailleurs par " tante et cousins" dans cette ville....


Combien on comprend le coup de coeur du poète breton, Yvon le Men... pour cet artiste franco-américain, qui a rédigé la préface de cet O.L.N.I... (Objet Littéraire Non Identifié)Des poèmes, de la prose, des photographies de l'écrivain-baroudeur, de son petit coin de "sous-pontiste", décoré, aménagé par ses soins et surtout grâce à une imagination époustouflante... mêlant peintures, dessins, mosaïques (tessons, éclats de miroirs...) transformant un "non lieu" en "petit coin de Poésie et d'élan , enrayant une situation de "ténèbres"...

Textes qui nos percutent de plein fouet, nous interpellant de la plus belle et la plus énergique manière : Les mots, la poésie, "l'Art des rues" [et là...quelle leçon...La Culture, l'Art, "Non-essentiels", disiez-vous, "Grands cerveaux, "nous gouvernant !! ]. Chris Ames nous raconte son quotidien, son installation, ses rencontres, les contrôles policiers , qui se calmeront vite, au vu de la personnalité de "notre artiste buissonnier" !, les animaux, le couple de ragondins, l'amour pour son fils, les doutes, les observations lucides sur un monde et des sociétés, de plus en plus malades, de laisser autant de personnes, sur les bords de la route !

Livre qui m'a "tourneboulée" et même bien au-delà...tant le parcours , les choix de cet homme m'ont fait l'effet d'un "électrochoc"...
Alors, après une nuit à lire cette publication singulière, j'ai ressenti le besoin d'aller marcher sur les berges de la Vilaine et d'aller saluer ce "pont de Laënnec", à Rennes; puisque autre hasard incroyable: je me trouvais dans cette ville pour 48 heures...

Je transcris un des textes; le choix est des plus difficiles... car j'ai beaucoup "souligné" de passages, qui expriment tant et tant de sentiments, de rencontres, d'empathie, de chagrins et de petits bonheurs journaliers...dans une situation , on ne peu plus " inhumaine "...

Il me semble impossible de sortir "indemne" de cette lecture...tant elle interroge l'Universel de notre "condition d'humain" et de notre part "d'humanité et de fraternité" à préserver, faire grandir, nourrir...
Refuser la technologie et le profit à outrance , les précarités diverses , se démultipliant, se battre contre toutes les "EXCLUSIONS"; Et dans ce contexte de "Pandémie", l'auteur a dû "assumer" une double peine: l'exclusion, la vie fragilisée à l'extrême de tout S.D.F , et les mises à l'écart obligatoires sanitaires , ayant induit deux "Confinements" , fragilisant chacun, mais en tout premier, les personnes "délaissées"déjà en situation fragile , vulnérable...

" Chapeau bas" à cet artiste , à cet homme qui, malgré des conditions de vie que l'on trouverait " insupportables" , " inacceptables", se bat contre l'adversité, et parvient à créer, à embellir, à égayer son " bout de sous- pont"!!!...

En attendant , faisons connaissance avec l'une
des ,rencontres de Chris A., croisée sur le chemin:

"Mehdi

Un jeune de vingt-et-un ans, vêtu en djellaba à l'ancienne
Comme s' il était juste venu des sables sur un Sirocco maghrébin
Et pas par sa curiosité venue de l'immeuble en face,
Mehdi commence à me rendre des visites journalières.
Il ressemble beaucoup à Proust avec sa petite moustache
Et ses yeux noirs et pénétrants, un regard isolé,
Bien qu'il appartienne à un bâtiment de
Huit ou neuf étages.
Je parle de la littérature, des livres fabuleux qu'on peut partager
En discutant de leurs atouts avec la recherche des temps perdus.
Il hausse ses épaules et parle du Coran.
J'ai un Coran. Je ne vais pas le mettre au feu.
J'ai remarqué que Mohammed a utilisé " The Book" des juifs
Comme point de repère, comme on utilise un dictionnaire, pour comprendre quelques mots et remettre l'histoire en ordre.
J'ai dit que la traduction de King James était sèche et ennuyeuse
Tandis que l'anglais du Coran avait du zeste,
De la vigueur. Il m'a regardé sans masque, sans rien dire.
Qu'est-ce qu'on peut dire à quelqu'un qui aime la littérature ?
Qu'Allah parle en silence ? Je me tais pour le pire et le meilleur."



*** * N.B
Je vais prolonger bientôt cette lecture avec la découverte de textes du poète-préfacier, Yvon le Men, dont le nom m'était familier, bien que ne l'ayant toujours pas lu !...Ce que je vais, de ce pas, réparer !

Autre P.S:
si ce " billet" vous a intéressé (e.s), voir ma sélection thématique ( faite après cette lecture):

https://www.babelio.com/liste/25353/Petits-peuples-des-Ponts-et-quais-de-France-et-du

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