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Critique de Olivia-A


Nombreux sont les livres qui racontent la vie des victimes de la barbarie nazie, dans les camps, les ghettos ou sous l'occupation allemande. Quelques romans, comme Les Déracinés, explorent la difficulté de fuir et de reconstruire sa vie dans un pays étranger. Rares sont les livres qui parlent de ceux qui n'étaient pas là, en Europe, au moment des faits. En nous racontant l'histoire de son grand-père, Santiago H. Amigorena met en lumière la douleur des absents, ceux qui ignoraient tout de ce qui arrivait là-bas à leur famille, et ne l'ont découvert qu'à la fin de la guerre. Condamnés à rester dans l'ombre et l'incompréhension face à la mort tragique et violente de leurs proches, beaucoup ont dû se retrancher dans le silence, comme Vicente Rosenberg. Avec ce livre, Santiago H. Amigorena leur rend la parole, les réhabilite comme victimes eux aussi.

Puissamment intime, le Ghetto intérieur décortique le poids de la culpabilité, celle d'un homme qui a sauvé sa peau, en laissant les siens courir à leur perte. Cette culpabilité, née d'une courte lettre dans laquelle Vicente Rosenberg découvre l'existence du ghetto de Varsovie où est enfermée sa famille, ronge petit à petit le coeur de cet homme bon et aimant, jusqu'à le plonger dans une profonde apathie. Pour ne plus ressentir, pour ne plus penser, il cesse de parler, de s'intéresser aux siens, de construire sa vie. Il ne vit plus que pour perdre, utilisant le poker comme échappatoire à ce sentiment de tout avoir par rapport à sa famille restée en Pologne. Rongé par la culpabilité et le regret, Vicente Rosenberg va imposer autour de lui un silence de plomb, lesté du poids de sa culpabilité et de ses regrets. Un silence que son petit-fils cherche à briser ici, en plongeant au coeur de l'Histoire pour en étaler les horreurs bien en vue devant un lecteur ébahi et choqué.

Un livre incroyablement poignant, difficile et nécessaire, pour nous rappeler encore et toujours que l'humanité est une et indivisible, que personne ne peut se définir d'un seul mot, et encore moins quand ce mot ouvre la porte au massacre et à la déshumanisation.
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
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