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Critique de Cancie


Au début du roman, le 13 septembre 1940, Vicente Rosenberg retrouve au café Tortoni, deux amis, Ariel Edelsohn, rencontré à Varsovie quand ils avaient 18 ans et Sammy Grunfeld qu'ils ont tous deux connu en 1928, pendant le trajet en bateau de Bordeaux à Buenos Aires en Argentine où ils vivent actuellement. Vicente était parti en Argentine pour se libérer un peu de l'emprise maternelle et tenter sa chance. Il y mène une existence heureuse, marié à Rosita, ils ont trois enfants.
Quand il prend peu à peu connaissance de la guerre qui se mène en Europe, il va commencer à regretter de n'avoir pas davantage écrit à sa mère restée en Pologne et d'avoir aussi peu insisté pour qu'elle le rejoigne, même s'il le lui a proposé à plusieurs reprises mais sans grande conviction. Il s'en veut de ne pas partager le sort des siens et va petit à petit se refermer sur lui-même, devenir imperméable à tout son environnement, ne s'intéressant plus ni à ses amis, ni même à sa femme et à ses enfants, s'enfermant dans un quasi mutisme, se punissant, se fuyant et se haïssant lui-même. Ce Ghetto intérieur, titre de l'ouvrage, que vit Vicente, l'écrivain le décrit de manière bouleversante et terrifiante.
Ce sont donc les questions de l'identité et de la transmission que Santiago H Amigorena aborde dans ce roman autobiographique puisqu'il raconte en fait, l'histoire de son grand-père, juif polonais émigré en Argentine, alors que la Shoah décime sa famille restée à Varsovie, la généalogie des personnages étant expliquée dans l'épilogue.
L'histoire de la Shoah, l'auteur nous la donne à lire et à ressentir de façon terrifiante par les articles de journaux, les chiffres et aussi par la terrible dernière lettre envoyée par Gustawa, mère de Vicente.
Ce livre ne peut laisser insensible. Il m'a beaucoup touchée et marquée. L'exil, la culpabilité, la quête d'identité, le repliement sur soi, l'irréversibilité du silence, le traumatisme collectif, autant de thèmes abordés qui relient l'intime et l'universel.
Pour terminer, je citerai Santiago H. Amigorena qui termine ainsi son livre : "J'aime penser, comme je vieillis, que quelque chose de mon passé vit en moi - de même que quelque chose de moi, j'espère, vivra dans mes enfants."
Un grand livre!

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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