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Critique de Heval


Heval
08 novembre 2021
Qu'aurais-je fait ? Qu'aurais-je ressenti ? Qui aurais-je été ? Et comment cela fut-il possible? Ce sont toujours les mêmes questions. Et c'est toujours la même absence de réponse. Je reste sans réponse car je ne parviens pas à expliquer la haine que les Hommes peuvent éprouver. Comment ? Pourquoi ? Je ne comprends pas car la haine échappe à la raison. Elle la fuit, l'esquive, s'en libère en implantant ses racines dans un dehors impénétrable, insaisissable. D'où vient la haine de l'Autre ? La haine se nourrit de la raison pour se justifier et se renforcer mais elle émerge hors d'elle. Où exactement ? Qui le sait ? Seule l'amour - de soi, des autres, des Hommes et plus largement de l'humanité - résiste à la haine mais quand il n'est plus ? Quand il se fait rare ? Comment s'en sort-on ?

En lisant Santiago H. Amigorena, je me suis demandée ce que j'aurais fait moi à la place de son grand-père. Dans quel état me serais-je retrouvée ? Anéantie, meurtrie, forcément. Mais après ? Me serais-je, comme lui, emmurée dans un silence ? Me serais-je retirée de la vie ? Aurais-je fini par y mettre un terme ? Les Nazis ont tué, par milliers, par millions. Ils ont anéanti, détruit, exterminé. Et ils ont meurtri à jamais celles et ceux qui sont restés en vie. Dans quel état se retrouvent ceux-là ? La littérature est là pour nous raconter mais elle ne suffit malheureusement pas pour empêcher car les Hommes sont ce qu'ils sont, capables du pire comme du meilleur. Et ils ne savent pas tant qu'ils n'ont pas vécus, éprouvés. Autant dire que la haine a encore un bel avenir devant elle.

Mais revenons à ce livre ; nécessaire forcément comme tous les livres qui parlent de la violence du monde. Il y a dans ses pages un désespoir, une culpabilité, une disparition progressive. Il y a un homme qui se retire du monde car ce monde le prive de sa beauté. Il y a un homme qui meurt car il perd beaucoup. C'est triste, forcément. C'est tragique, indubitablement. C'est un drame, véritablement. Bémol, toutefois. J'aurais aimé que l'auteur, puisqu'il parle de ghetto intérieur, montre avec plus de précisions encore le cheminement qui amène un homme à épouser le silence éternel. Que ressent-on concrètement ? Que se passe-t-il au plus profond de soi ? Pourquoi continue-t-on à vivre si la vie a perdu de sa beauté et de son goût ? Qu'est-ce qui nous maintient encore en vie si cette vie n'est plus que tristesse infinie ? J'aurais voulu que l'auteur aille plus loin encore dans sa démarche mais aurait-il pu le faire ? Peut-il vraiment savoir lui qui n'a pas connu la seconde guerre mondiale, qui n'a pas vraiment connu son grand-père ? Peut-il ?
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