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Critique de bdelhausse


Martin Amis, dans une langue parfois un peu difficile, nous livre sa version de la Shoah, mais il ne nomme jamais le terme. Pas plus qu'il ne nomme le camp de concentration, qui ressemble furieusement à Auschwitz.

Auschwitz, le nom est synonyme d'horreur totale, absolue. Pour avoir visité l'endroit, le comble de l'horreur fut atteint quand nous avons appris qu'il y avait 3 camps à Auscwhitz. Je connaissais les deux premiers. le troisième est l'usine chimique attenante, et cette usine de l'IG Farben est restée en activité longtemps après la guerre selon les explications du guide. Je me demande même si elle n'était pas encore opérationnelle quand je suis passé. En tout cas elle ne se visitait pas.

Amis nous livre une sorte de roman choral à partir de 3 personnages-clés: le Commandant Paul Doll, nazi convaincu, lubrique et alcoolique, Angelus "Golo" Thomsen, officier SS arriviste, opportuniste et dragueur, et Szmul, Chef du SonderKommando, un homme (juif de Lodz) désabusé et triste.

Martin Amis procède par couches. Il y a un roman d'amour avec une sorte d'idylle entre Angelus et la femme de Doll, Hannah. Mais quoi qu'en pense Doll, pas de passage à l'acte. Hannah va progressivement évoluer de femme soumise à rebelle qui se réjouira même des déconvenues de son mari et de la défaite qui s'annonce après Stalingrad.

Amis produit un roman historique. Rudement documenté, l'auteur masque certains noms. Il ne cite, par exemple, jamais Hitler. Mais les rouages historiques sont extrêmement bien rendus. C'est aussi un roman sur l'oppression et le pouvoir, sur l'ambition et l'acceptation collective de la mort. Ce pouvoir de vie et de mort que Doll possède sur le campement, mais pas sur sa femme, finalement, même s'il essaie, est central au propos d'Amis. La folie également est un thème récurrent. Celle d'Hitler est en filigrane, mais celles de Doll et même de Thomsen sont bien présentes.

C'est un roman sur l'horreur. Mais la langue de Martin Amis fait passer le tout, en glaçant et en provoquant l'humour. Un humour à froid. Surtout quand on aborde les croyances ésotériques du IIIè Reich, sur l'arrivée des Aryens sur terre et sur la "glace cosmique".

J'ai mis un peu de temps à rentrer dans le récit. Sans doute par difficulté à accepter l'angle de vue choisi par Martin Amis. Mais une fois que j'ai été lancé, je n'ai plus lâché cet excellent (à mon avis) roman sur la solution finale.
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