Pour une fois, elle n’est pas pressée d’arriver rue du Faubourg Poissonnière. De toute façon, elle est en avance. Bien décidée à arpenter ce Paris blanc, le froid ne l’empêchera pas de profiter de ce spectacle si rare, elle adore ça.
Ses bottines risquent d’être fichues, elle est gelée, mais tant pis, c’est tellement bon d’entendre la neige craquer sous ses pieds.
Elle se perd à flâner et à happer des instants de vie depuis les fenêtres illuminées d’inconnus qui vivent dans les rues autour de la sienne. Après avoir passé plusieurs appartements en rez-de-jardin avec une vue imprenable sur leurs salons, Angela en vient à la conclusion que ce sont pour la plupart des hommes, pipe et verre à whisky à la main, qui s’y relaxent pendant que leurs femmes sont affairées à préparer le dîner ou à se préparer à le manger – selon la classe sociale du foyer.