L'acte par essence symbolique auquel se livrent souvent les alpinistes est l'inévitable tour d'horizon depuis le sommet, qui consiste à nommer toutes les cimes proches ou lointaines.
Grimper, c'est découvrir des émotions liées à la verticalité et à l'altitude que seule peut offrir la montagne.
A mesure que l'alpiniste progresse vers la cime, sous lui le vide se creuse. Il se sent peu à peu entrer en espace. Lui, l'homme du rocher et de la neige, il devient également l'homme des espaces aériens.
Ce que l'alpinisme a en propre, c'est l'expérience mentale plus ou moins consciente de toutes les résonances métaphoriques suscitées par la présence physique de la montagne et de la pente, et en particulier des symboliques de la verticale, de l'altitude et de l'ascension.
Toutes les valeurs ajoutées de l'alpinisme, tous les apports de la haute montagne sont autant d'étais qu'elle offre à celui qui souhaite y trouver un équilibre et, pour reprendre l'expression employée par Robert Paragot, s'y construire.
Quelles que soient ses motivations, quelles que soient ses ambitions, l'alpiniste qui veut être parmi les meilleurs est celui qui revient de la montagne.
Le métier de guide de haute montagne est un métier dangereux. Décider de s'y engager est déjà une première prise de risque.
Les alpinistes qui prennent la plume pour dire leur montagne pensent d'abord à en dire les splendeurs et à raconter leurs expériences. Mais ils finissent souvent par lever un coin du voile sur leurs motivations personnelles.
Les témoignages sur les conditions "d'entrée en alpinisme" sont généralement discrets.
Les alpinistes ont rarement cherché à analyser vraiment leurs motivations, sans doute parce que leur pratique de la montagne leur tient lieu d'analyse.