AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,12

sur 12 notes
5
2 avis
4
5 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
Et ma langue se mit à danser est un roman poignant par son thème évoquant les difficultés de la migration rencontrées chez une petite fille devenue adulte.
C'est d'abord la sublime couverture qui a attiré mon oeil et a poussé ma curiosité pour choisir ce roman durant la dernière masse critique.
Y la narratrice présente son exile avec des mots simples mais percutants! Si elle a perdu sa langue natale, elle maitrise avec justesse la langue française en nous ouvrant les yeux sur les peines qu'un enfant différent de ses camarades peut subir.
Je ne sais si Y représente Ysiaka Anam comme si c'était une autobiographie, mais si c'est bien le cas, je pense que c'est LE livre d'une vie, de SA vie. Il est nécessaire, tout comme une thérapie qui aide à crever l'abcès. Y a gardé trop longtemps le silence, sa langue s'étant perdue, elle a trouvé un bon moyen pour s'exprimer et extérioriser ses hontes, ses peurs et sa colère.
J'ai eu diverses réactions face à cette lecture, d'abord de la peine face à cette enfance vu du côté des migrants, de la curiosité aussi sur une vie que je suis loin de côtoyer par ma propre histoire, mais également de la colère! Tout d'abord envers Y, qui ne fait que d'avoir "honte" de sa couleur, là où elle devrait avoir de la fierté, honte de sa famille, honte de tout! Elle a tellement honte de sa propre personne qu'à certains moments, j'avais l'impression qu'elle en devenait "raciste" envers sa peau noire!
Puis la colère se tournait vers mes propres ancêtres et ma propre peau blanche pour tous les dégâts qu'elle a certainement occasionné...
J'ai repensé à mes propres hontes en étant petite... c'est là où je me dis qu'il est difficile de juger ce roman! Car il sort des tripes! En parcourant les mots d'Ysiaka, on suit un fil conducteur qui petit à petit en rejoint d'autres pour tisser un beau tableau d'acceptation de soi
Quoi de mieux que d'avoir choisi la Cheminante comme maison d'édition pour parler de son propre cheminement.
Commenter  J’apprécie          70
J'ai découvert avec ce premier roman de Ysiaka Anam un petit bijou à la fois intimiste, poétique et imagé, mais qui illustre avec profondeur l'exil et la perte de la langue maternelle, ainsi que la difficulté de vivre avec son « africanité » pour l'enfant de migrant.
La poésie se retrouve dans l'utilisation par l'auteur de métaphores, de construction de certains mots ou au contraire d'une utilisation de la langue qui permet de « sentir » le contenu de la phrase (mon ressenti assez difficile à expliquer) … le choix de passer par des contes pour imager certains concepts (la perte de la langue maternelle illustrée par la perte de la langue organe) participe aussi à cette atmosphère poétique. Cependant on ressent aussi une certaine frustration, une douleur, des peurs, dans le rythme de certaines phrases, hachées, coupées, reprises différemment … certains sentiments sont plus durs à exprimer, à extérioriser …
Sans pour autant révéler le contenu de l'ouvrage, on peut dire qu'à la fin de celui-ci, la narratrice – exilée très jeune en France - est arrivée à un tournant de sa vie qui lui permet enfin de commencer à s'affirmer en tant que « femme africaine » et surtout de comprendre que l'écriture va être son espoir, sa « petite pousse verte dans le désert ». Ce livre en est finalement le résultat de cette découverte. Elle y a « recousu » les « morceaux de tissu » éparpillés de sa vie, les réunissant ensemble comme dans le plan d'un patchwork, pour en obtenir une étude homogène et plus claire de son parcours.
On y découvre la petite fille « noire-paillasse » qu'elle aura tenté de cacher sous des tonnes de vêtements imaginaires par honte : honte du regard que les autres posaient sur elle à l'école, honte du regard qu'elle-même posait sur sa famille, et par contre-coup honte d'elle-même, de son corps de femme qu'elle juge maladroit, de sa couleur … mais surtout honte de perdre son appartenance à l'Afrique, sa culture, mais surtout sa langue maternelle …. Pour se protéger elle va refuser de « jouer » avec les autres, elle va rester « à côté » de la société sans laisser la porte ouverte … Apprendre, vivre, travailler … mais ne laisser personne avoir la possibilité de découvrir ce qu'elle cache, cette petite fille « noire-paillasse » de son enfance ... Ce roman est en quelque sorte une autothérapie pour apprendre à vivre « Avec » et non plus « A côté » de cette enfant, et des autres …
« Recoudre » les épisodes de sa vie est aussi le moyen de mieux comprendre les silences familiaux et leur cause. Car la langue, la communication, s'était aussi perdue dans sa famille. Ses parents ont aussi porté en eux leurs douleurs. Petit à petit, par ses rencontres, au travail, ailleurs, c'est reconstruire une appartenance à une « communauté noire » où chacun a certes des parcours différents, des difficultés, mais partage une couleur, l'accepter … finir par s'accepter aussi en tant que femme et non comme une enfant maladroite … C'est « se recoudre » soi-même, se reconstruire … un long cheminement …
On dit que lorsqu'on perd sa langue maternelle, lorsqu'on oublie ses racines, on perd une façon d'exprimer ses sentiments, des nuances, des expressions, des images propres à son origine …. Mais il en reste finalement peut-être toujours quelque chose …. Des rythmes, des couleurs, la poésie que l'on met dans ses textes … Je pense que l'auteur a trouvé dans ce roman SA langue propre, un mélange entre la langue de son pays d'accueil et les « échos » de sa langue maternelle … et elle est magnifique.
Il y aurait encore tant à dire tellement ce petit ouvrage est riche de contenus.
Merci aux Editions La Cheminante et à Babelio Masse Critique pour cette belle découverte. Un auteur à suivre …
Commenter  J’apprécie          41
Petit livre poétique. Une trentenaire revient sur son enfance au moment où, à cinq ans, elle quitte l'Afrique de l'ouest pour la France. Peu à peu elle va prendre conscience de sa négritude; honte et intranquillité et surtout perte progressive de sa langue maternelle. Jolie rencontre entre l'Africaine et l'Haïtien, sur fond de malentendu:"nos chemins n'avaient définitivement pas été les mêmes, l'histoire de nos migrations ne se rencontraient à aucun endroit"
Court mais profond notamment dans le rapport à la langue.
Merci à la Cheminante et à la masse critique.
Commenter  J’apprécie          30
Petit roman ou long poème, ce livre explore la perte de repères liée au déracinement.
Un petit bijou que je suis très contente d'avoir pu decrouvrir dans le cadre d'une masse critique
Commenter  J’apprécie          30
A la manière d'une thérapie, le récit prend la forme d'une exploration pour dérouler un traumatisme qui relie indissociablement l'enfant à l'adulte : la perte de la langue maternelle. Organisés autour d'un alphabet réinvesti, mais dans le désordre, de courts chapitres questionnent les expériences vécues par la narratrice : la couleur, la découverte de la différence, la relation entre l'adulte qu'elle est en train de devenir et la petite fille qui survit en elle, avec ses stratégies pour affronter le réel, l'immigration des parents et leur plongée dans un silence qui fait que les enfants en « perdent leur langue ». Certains empruntent au genre du conte, permettant à la narratrice de s'ouvrir à la réalisation qu'elle détient ses expériences en partage avec bien des autres, la menant ainsi à l'universalité de son vécu distinct. L'apprentissage de son humanité, en somme.
L'auteur met au service des sentiments décrits une écriture économe, parfois trébuchante, à l'image de ce corps d'enfant gauche dont elle ne se départ jamais tout à fait. On se dit qu'on pourrait facilement mettre ce livre entre les mains d'enfants tout autant que d'adultes. Il faut entendre l'auteur parler de son travail et de sa vie pour mesurer combien il s'agit là du choix profond d'un écrivain, qui accorde sa langue retrouvée au récit même de sa perte et de sa quête. Et l'on se prend à rêver du prochain livre et de ce que nous réserve cette langue qui a apprit à danser.
Lien : http://www.lacheminante.fr/p..
Commenter  J’apprécie          20
C'est l'histoire de Z, une jeune femme qui arrive en France alors qu'elle est encore une gamine. Elle raconte trente ans plus tard dans un joli récit à la première personne son parcours, son rapport aux autres et ce qu'elle a perdu au fil des années c'est-à-dire sa langue maternelle.
Un beau récit autour des questions de l'identité, de la quête de soi, de la rencontre avec l'autre.
Le récit est joliment construit mais trop impersonnel, pas assez habité pour happer la lectrice que je suis. J'en garde un goût d'inachevé. Mais ça reste tout de même une belle découverte.
Commenter  J’apprécie          20
Une petite fille née en Afrique, arrive en France avec ses parents. Elle y découvre un pays, une langue, une couleur de peau, et prend conscience alors de ses différences.

Adulte, elle relate ici l'expérience personnelle du déracinement, de la perte et en même temps de la découverte, d'un autre pays, d'une autre culture, d'une autre langue.

On y sent les moments de flottements entre les deux rives, une petite fille puis une jeune femme comme à la croisée des chemins, ou plutôt comme sur un pont, sans savoir quelle rive choisir, quelle rive est accueillante, quelle part des deux rives peut-être accepter et faire sienne.

La langue est le symbole de cette errance identitaire, les langues plutôt, la langue maternelle dont il ne reste que peu de place, la langue d'adoption qu'elle a fait sienne. Langue qui traduit la culture, le pays avec son climat, ses modes de pensée, qui véhicule l'identité.

Si j'ai aimé le sujet, l'exil abordé sous l'angle de la langue, j'ai trouvé le récit un peu trop désincarné à mon goût, la lecture est jolie et on sent tout le poids de l'exil, des exils, du déracinement et de cette langue qui est vécue comme une attache ou comme une entrave. Mais j'aurais aimé en savoir plus sur cette personne, sur son pays d'origine, même son prénom, pour m'y attacher à mon tour.
Lien : https://mesmotsmeslivres.wor..
Commenter  J’apprécie          20
Z, son père, ses camarades, ses soeurs, ses ancêtres. Tels sont les personnages principaux du grand roman d'Ysiaka Anam. Il est essentiel de distinguer ici beau et grand car si le roman est beau, il est avant tout grand, parce que malgré son petit format, il est dense et très pertinent. C'est donc dans sa densité que se situe sa grandeur.

Z ici c'est la narratrice, celle qui parle de ce qu'elle a vécu et ce qu'elle vit encore sur ses origines et son rapport à autrui. Elle touche aussi la question ambivalente du complexe des origines.
Et ma langue se mit à danser explore plusieurs thèmes : l'identité, les origines, la race, la femme, la place du père en Occident, la famille, les rencontres, mais aussi et c'est ce qui me semble essentiel, le désir d'émerger par l'invention de soi. C'est ce désir d'avancer qui fait de ce roman, à mes yeux, une oeuvre positive et non contestataire simplement.
Lien : https://lesanctuairedepenelo..
Commenter  J’apprécie          10
Ce court roman est une plongée dans l' intime de Z., jeune femme arrivée en France à l' âge de cinq ans. La narratrice évoque l' histoire de sa famille remplie de douleurs, comment elle a enfoui et tenté d' oublier cette petite fille de là-bas pour devenir une femme forte d' ici et comment elle se sent encore aujourd'hui en marge des autres. L'écriture de l' auteure est donc à l' image de cette identité morcelée : phrases courtes qui se bousculent parfois, qui interrogent et qui enchaînent des morceaux de pensée. La question de l' identité étant universelle, ce petit roman touche forcément.
Commenter  J’apprécie          10
Merci à Babelio et aux éditions de la Cheminante de m'avoir envoyé ce livre dans le cadre d'une masse critique, pour en donner une chronique honnête.

Je ne connaissais pas du tout l'autrice et ce premier roman, mais j'avais déjà eu l'occasion de lire – et d'apprécier – des livres de cet éditeur donc j'étais très contente de recevoir Et ma langue se mit à danser. D'autant qu'il s'agit de poésie et que c'est un genre que j'aimerai explorer.

J'ai trouvé la plume de l'autrice à la fois simple, directe et pleine d'émotions. Ici la première personne permet en plus de s'impliquer dans les phrases, les mots et de vivre ce que nous raconte Ysiaka Anam. Comme le titre l'indique, il est question du rapport à la langue ou plutôt à ses langues et comment on perçoit le monde grâce à elles.

Il est aussi question d'oppression et ici plus particulièrement de racisme : l'autrice parle par exemple du temps où elle était enfant, avec des cheveux hirsutes sur lesquels tout le monde donnait son avis (et certainement pas avec bienveillance).

Elle évoque sa vie en France, puisque c'est là qu'elle a vécu, mais aussi ses voyages en Afrique de l'Ouest, et le décalage qu'elle peut ressentir. Si en France elle est vue comme « l'autre » (ce qui est à la fois violent et gerbant), là-bas, elle est également considérée comme « occidentale ».

S'ensuit donc une réflexion sur la place que l'on a, ce qui fait notre identité et si nos origines en font partie, et comment se protéger, faire fasse aux (micro-)agressions et discriminations.

Un ouvrage court, qui se lit très bien, et pour lequel il est plaisant d'apprécier chacune des phrases afin de profiter pleinement de Et ma langue se mit à danser.
Lien : https://deslivresetlesmots.w..
Commenter  J’apprécie          00

Autres livres de Ysiaka Anam (1) Voir plus

Lecteurs (24) Voir plus



Quiz Voir plus

Famille je vous [h]aime

Complétez le titre du roman de Roy Lewis : Pourquoi j'ai mangé mon _ _ _

chien
père
papy
bébé

10 questions
1431 lecteurs ont répondu
Thèmes : enfants , familles , familleCréer un quiz sur ce livre

{* *}