Le récit de
Guillaume Ancel se lit d'une traite. Il a l'art de conter les choses, et sans doute cela tient-il à sa personnalité d'homme qui a l'air sacrément trempée !
Au-delà de son style d'écriture très vif, ce témoignage nous amène à réfléchir à la façon dont un pouvoir politique de nature pourtant démocratique use cyniquement de l'art de dévoiler ou cacher la vérité. le témoignage de
Guillaume Ancel est à la fois très radical, très engagé, et très nuancé. Il ne se pose pas en héros, il narre ce qu'il a vu, et il sait dire aussi ses propres limites et ses propres violences.
Il faut mettre fin au silence non seulement pour mettre face à leur responsabilité les acteurs français de cette complicité avec le pouvoir génocidaire rwandais mais aussi parce que quand les mots ne sont pas prononcés ou alors ne correspondent pas à la réalité, le silence envahit, hante, gangrène nos mémoires.
Guillaume Ancel évoque ainsi le retour d'Algérie de nos pères et leur incapacité pour certains à en parler, le poids toxique de ce silence se transmettant alors aux générations suivantes.
Avec un beau courage, car il nous montre aussi à quel prix se paie un tel témoignage,
Guillaume Ancel s'efforce de dire les mots les plus justes, les plus rigoureux sur ce qu'il ce qu'il a vécu dans le cadre de l'opération Turquoise. L'armée française n'en sort pas salie car
Guillaume Ancel rend hommage à ses compagnons d'armes. C'est clairement au pouvoir politique de l'époque que par ce récit,
Guillaume Ancel demande de répondre de ses engagements.