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J'ai dévoré presque totalement (il me reste une vingtaine de pages) ce que l'auteur appelle fort justement un carnet d'opération, à la concision toute militaire, presque froide.
Ça m'a fait l'effet d'une grande claque, tant du point de vue de ce choix stylistique, que des faits qui sont décrits.
Et ce choix formel rend puissamment réels ces faits inouïs, parfois même de dérision.

Je pense qu'en réalité, au-delà de la fascination que peuvent exercer les récits de guerre, ce sont les raisons pour lesquelles ils sont écrits qui importent.
Guillaume Ancel saisit donc à plein ton honneur de soldat et d'être humain, et la brandit aux yeux de ceux qui en sont dépourvus.
Froide concision, froide colère, glacial constat d'impuissance.

Certains auront compris que ce livre fait écho (et non pastiche) à son précédent ouvrage "Vents Sombres sur le lac Kivu".
Mais l'objet n'est bien entendu pas le même, et du procédé plus romantique qui était précisément utilisé dans cet ouvrage, procédé qui ne permet qu'à la marge de relater les faits, il répond avec humilité par ce carnet d'opération, froid et chirurgical, à certaines critiques de ses pairs que ce témoignage honnête et sincère dérange.
Il y fait d'ailleurs référence de manière transparente dans ce nouvel ouvrage.

J'espère que cela lancera le débat nécessaire sur l'échec de la France au Rwanda, mais aussi sur la manière dont le pouvoir politique doit rendre compte de ses décisions, plus particulièrement en matière militaire, aux citoyens au nom desquels il agit.
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Félicitations à l'auteur, témoin direct des faits relatés a la 1ère personne sur base de ses carnets de note et souvenirs personnels. Il ne s'agit pas dune copie de son roman Vents sombres sur le lac Kivu, même si celui-ci était inspiré par son expérience au Rwanda mais d'un vrai témoignage. Là, il sagit de faits réels vécus par l'auteur dont il rend compte fidèlement et de questions saines sur l'action des décideurs politiques et militaires au plus haut niveau de l'Etat qui ont engagé la France au Rwanda sans l'avis des citoyens français ni de ses représentants à l'Assemblee et sans en rendre compte!
Guillaume Ancel a eu le courage d'aller au bout de sa démarche malgré les intimidations et les menaces qu'il a subies. Ses questionnements pendant et après Turquoise sont d'une grande pertinence et rendent ce récit d'un grand intérêt pr compléter les études déjà nombreuses sur le sujet. Puissent ces écrits contribuer à briser la chape de plomb qui couvre encore l'ambiguité de l'action de la France au Rwanda.
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Pas étonnant que le capitaine Ancel ait eu des problèmes avec l'Etat Major, tant ses propos doivent déranger en haut lieu. Il explique bien les deux phases de l'opération à laquelle il a participé, Turquoise 1 et Turquoise 2. En tant que Français, on doit avoir honte de la première. La France a soutenu le gouvernement en place pendant la préparation du génocide, et pendant Turquoise 1, elle a soutenu le gouvernement intérimaire mis en place après l'assassinat du président alors qu'ils étaient responsables du massacre des Tutsis. C'est ce que raconte Guillaume Ancel dans ce livre, comment les militaires rwandais trouvaient refuge au Zaïre, et comment semble-t-il, les Français les ont réarmés sur place après les avoir désarmés à la frontière.

Si on veut se consoler, on peut dire que la France a été la seule à intervenir et que son action a sauvé des vies. Car rappelons que le génocide a duré 3 mois et que personne ne s'est précipité pour aider. Les Canadiens présents au titre de l'ONU ont fui rapidement, les Belges ont fui également, et tout le monde a laissé faire. Les Français étaient seuls sur place pendant Turquoise 2.

Le génocide a été préparé de longue date (les discours assassins de l'infâme Radio des Mille Collines, les stocks de machettes en ville ...) et cela n'aurait pas dû passer inaperçu en France. D'un côté on a une situation explosive qui se prépare ouvertement, d'un autre côté le Monsieur Afrique de l'Elysée était Jean-Christophe Mitterand, fils de, et sa personnalité était si forte qu'il était surnommé "Papa m'a dit". Est-t-il possible qu'il n'ait rien compris ??? Difficile à croire, même de sa part.

A noter toutefois que l'auteur raconte ce qu'il a vu au Rwanda et ne cherche pas à analyser la situation dans son ensemble (ce en quoi il a certainement raison). Si le chiffre de 800.000 victimes est admis, Pierre Péan lui, rappelle qu'une bonne moitié d'entre elles étaient des Hutus, et pas seulement parce qu'ils étaient modérés. Beaucoup ont été assassinés par le FPR, parti tutsi, qui a "nettoyé" au fur et à mesure de sa conquête du pays. Car c'est quand même frappant de constater qu'une rébellion tutsie a pris le pouvoir pendant le génocide des Tutsis !!! Personne n'attire l'attention sur ce point.

A noter également que le capitaine Ancel n'est pas un enfant de coeur, on le constate lorsqu'avec les légionnaires, ils tuent froidement un groupe de miliciens qui venaient les narguer. Ou lorsqu'il dit "je sors mon arme et la pointe délicatement sur son oeil gauche, sans le quitter des yeux. C'est une image désagréable, le canon d'un pistolet juste en face de l'oeil, ça réduit le champ de pensée et les capacités à inventer des mensonges". Mais on ne peut pas lui donner tort, les miliciens étaient bien armés et ne se seraient pas montrés s'ils avaient eu des intentions pacifiques. Ne pas oublier que souvent en Afrique, les miliciens sont drogués avant de partir au combat, ça les rend encore plus dangereux.

Guillaume Ancel a d'abord écrit un roman (Vents sombres sur le lac Kivu) sur cette période, puis il l'a repris pour en faire "Rwanda, la fin du silence". La vérité ne sera connue que lorsque les archives seront accessibles pour de vrai, elles ont été ouvertes par François Hollande et, je cite : "Mais ces archives sont demeurées inaccessibles, la palme de la mauvaise foi revenant à la mandataire des documents de François Mitterrand pour qui ces papiers sont « déclassifiés, mais non consultables ».
Une véritable déclassification permettra d'en savoir plus sur la culpabilité du gouvernement français, quant à la phase Turquoise 2, elle a sauvé des vies mais bien moins qu'elle n'aurait pu le faire. Elle a quand même eu le mérite d'exister quand personne ne bougeait, ne l'oublions pas.
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Ce livre m a laissée une très vive émotion.
Bravo pour le courage et la détermination de Guillaume Ancel.
Bravo pour sa démarche que je salue.
Pour "rendre hommage aux centaines de milliers de victimes Rwandaises". Un témoignage utile, difficile et remarquable de celui qui sait affirmer dans une un histoire innommable et sans parole, que lui, se souvient.
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La majeure partie du livre est un témoignage de l'action de l'auteur dans les dramatiques événements du Rwanda, du reste assez anecdotique. Il fait toucher du doigt les horreurs commises par beaucoup des acteurs, des deux côtés. le fin, la plus critiquable, étale son point de vue très tendance ces derniers temps, de l'analyse de la politique française. Juste une courte mention de l'activité des USA. L'auto-flagellation est une activité à la mode. Jamais il n'aborde les crimes de la clique à Kagamé, avant et après la guerre civile (celle qui concerne directement l'ouvrage), étrange parti pris du potentat toujours en place qui ne recule devant aucun mensonge. L'auteur aurait-il rejoint la cohorte des “idiots utilesˮ chers à Lénine. On pourra relire le livre de Péan, loin de partager la doxa, pour se faire une opinion.
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Le récit de Guillaume Ancel se lit d'une traite. Il a l'art de conter les choses, et sans doute cela tient-il à sa personnalité d'homme qui a l'air sacrément trempée !
Au-delà de son style d'écriture très vif, ce témoignage nous amène à réfléchir à la façon dont un pouvoir politique de nature pourtant démocratique use cyniquement de l'art de dévoiler ou cacher la vérité. le témoignage de Guillaume Ancel est à la fois très radical, très engagé, et très nuancé. Il ne se pose pas en héros, il narre ce qu'il a vu, et il sait dire aussi ses propres limites et ses propres violences.
Il faut mettre fin au silence non seulement pour mettre face à leur responsabilité les acteurs français de cette complicité avec le pouvoir génocidaire rwandais mais aussi parce que quand les mots ne sont pas prononcés ou alors ne correspondent pas à la réalité, le silence envahit, hante, gangrène nos mémoires. Guillaume Ancel évoque ainsi le retour d'Algérie de nos pères et leur incapacité pour certains à en parler, le poids toxique de ce silence se transmettant alors aux générations suivantes.
Avec un beau courage, car il nous montre aussi à quel prix se paie un tel témoignage, Guillaume Ancel s'efforce de dire les mots les plus justes, les plus rigoureux sur ce qu'il ce qu'il a vécu dans le cadre de l'opération Turquoise. L'armée française n'en sort pas salie car Guillaume Ancel rend hommage à ses compagnons d'armes. C'est clairement au pouvoir politique de l'époque que par ce récit, Guillaume Ancel demande de répondre de ses engagements.
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Un témoignage qui se lit de bout en bout sans lever les yeux, sauf peut-être pour les lever au ciel afin de chercher un peu de réconfort.... À lire absolument : le verbe est précis et sans pathos, un véritable exploit tant ces événements ont dû être difficiles à vivre. Il émane de ce récit un profond respect pour le lecteur qui reste libre de ses opinions. Un document par ailleurs très instructif qui apporte un éclairage « perturbant » sur cette tragédie. Merci d'oser témoigner.
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Un témoignage essentiel et passionnant. Ayant lu auparavant Vents sombres sur le lac Kivu, je n'ai pas pu pour autant lâché la lecture de ce "carnet des opérations" qui éclaire le contexte politique de cette intervention dite humanitaire. Un devoir de vérité pour que les citoyens sachent ce qui s'est réellement joué au Rwanda. Et pouvoir rendre dignement hommage aux victimes de ce génocide. Puisse ce livre être largement lu, débattu. ..
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Un livre temoignage tres marquant, qui m'a beaucoup intéressée. J'espere qu'il sera lu par le plus grand nombre et qu'il permettra d'en savoir plus sur le role de la France dans le drame qui s'est deroule au Rwanda. j'ai apprecie le style direct, efficace et sensible qui vous plonge dans la nuit africaine ou les couleurs de la foret d'eucalyptus. Merci a l'auteur pour ces belles pages et le courage dont il a du falloir faire preuve pour les divulguer.
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JI m'aura fallu à peine 6 heures pour lire et annoter ce livre .
Qu'on le veuille ou non , il apporte un angle de vue indiscutable à la compréhension des opérations militaires que notre pays a porté dans cette région d'Afrique.
J'ai lu le parcours d'un homme engagé , emprunt de justice ,de vérité et d'humanité ( si si ) qui probablement aura payé le prix fort sa volonté de ne pas souscrire à cette vision candide et idéaliste de la France en Afrique décrite par de nombreux hommes politiques et par quelques généraux.
A lire peut être avant ,tous les points de vue excessifs des "anti Ancel ", qui servent la cause de ce lieutenant colonel et qui résonnent lorsqu'on lit "Rwanda , la fin du silence".
Gardons aussi à l'esprit la complexité de la situation qu'elle soit locale , internationale ( ONU) et nationale ( cohabitation ) pour appréhender sereinement le livre.
Un grand merci à l'auteur.
OLIVIER THIRÉ
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