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Critique de Eric76


Dans un lointain passé, nos aïeux conversaient toujours avec les anciens dieux. Ils le faisaient en cachette car le Christ blanc avait déjà investi la place, au coeur des forêts à l'ombre des arbres vénérables, au milieu de la nuit dans les temples qui tombaient en ruine ou bien en chuchotant dans les chaumières. Dans quelles affres devaient vivre ces populations assaillies par la magie, les superstitions, et les peurs ancestrales ?
Ceux qui avaient l'oeil du sorcier pouvaient apercevoir au clair de lune le monde étrange de Faërie, deviner au plus fort d'une tempête de neige un champ de bataille, entrapercevoir un berserker entrer dans une fureur sacrée et invincible, semant de sa gigantesque épée la mort comme les paysans sèment les graines.
L'histoire que nous conte Poul Anderson vient de ces temps anciens. Elle est tirée de ces grandes sagas nordiques pleines de fureurs, de drames, de sentiments exacerbés parvenues par bribes jusqu'à nous.
C'est l'histoire de Valgard le changelin, de Skalfolc, mi-homme mi-elfe, et de la belle et courageuse Freda, pauvres pantins qui essaient maladroitement de se détacher des fils tenus par ces dieux ricaneurs aux desseins incompréhensibles pour le commun des mortels. Il faut les voir se démener comme des beaux diables, avoir peur, avoir froid, aimer d'un amour impossible, avoir dans la bouche le goût amer de la défaite dans cette Faërie aussi fabuleuse qu'insensible où ces sentiments tellement humains n'ont aucun sens, où les hommes dénués d'amour sont immortels et « seulement riches d'une sagesse sans joie ».
C'est l'histoire de ces grands princes d'outre-tombe qui assistent à l'avènement du christ blanc et prennent conscience que leur monde est en train de disparaître.
Accompagné de Siabelle et de Srafina, j'ai navigué sur des eaux furieuses jusqu'à la lisière du monde ; j'ai été ému par le chant mélancolique d'un monde finissant et littéralement transporté par le souffle puissant et lyrique de ce Grand Livre.

Club imaginaire 2017 Poul Anderson et Ursula le Guin
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