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Critique de rotsenamrub


Moi j'appellerais ça "La guerre du Vietnam d'un jeune américain", c'est certes moins flashy que le très stonien "Sympathy for the Devil" mais plus représentatif de ce qu'on y trouve.

Kent Anderson ne nous raconte pas la guerre du Vietnam, il nous raconte sa guerre, comment il l'a perçue, subie, intériorisée, vécue.
Point de géostratégie ni d'idéologie ici, ou si peu, mais la transformation radicale d'un intellectuel en une sorte de machine à tuer.
L'appareil militaire, vite relayé par le baptême du feu, amorce comme il se doit cet embrigadement aveugle mais la mutation échappe progressivement à tout contrôle hiérarchique.

Le personnage central, fort de caractère, plongé dans des situations de tension et de violence extrêmes, soumis à l'indifférence hostile de ses compatriotes et sidéré par l'incroyable gabegie qui régit la chaine de commandement, trouve une forme de refuge psychologique auprès de ses frères d'arme.

Ce groupe d'hommes, quasiment livré à lui-même, ne participe pas à la guerre officielle des état-majors dont il se considère d'ailleurs comme chair à canon. Il mène une existence autonome faite d'abjecte rapine et de course aux trophées les plus macabres. L'ennemi n'est pas plus craint que l'allié sud-vietnamien qui l'est moins que les initiatives ubuesques du commandement suprême.

Presque rien sur la population autochtone qui n'apparait qu'à l'état de cadavres ou soupçonnée de "cinquième colonne" lorsqu'elle vit encore. Pas plus sur le pays si ce n'est quelques considérations sur la dureté du climat et la vigueur de la flore.

Ces soldats n'y prêtent aucune attention, en ont-ils eu le loisir d'ailleurs ? eux qui, jusque là, ne connaissaient que leur bourgade de l'Iowa ou de l'Illinois, le breakfast bacon oeufs brouillés et la cuite hebdomadaire à la bière.
Eux qu'on à parachutés dans ce show effroyablement ridicule après une formation militaire symbolique, pour une spécieuse mission de sauvetage du monde libre.

L'auteur met en scènes ces souvenirs de guerre de façon convaincante sauf pour le combat final ou son double romanesque, dans une geste à la Rambo règle en littérature les comptes qui lui pèsent depuis sa démobilisation.

A lire évidemment.

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