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l Francese. J'ai toujours détesté ce surnom, même si l'on m'en a donné de bien pires. Toutes mes joies, tous mes drames sont d'Italie. Je viens d'une terre où la beauté est toujours aux abois. Qu'elle s'endorme cinq minutes, la laideur l' égorgera sans pitié. Les génies naissent ici comme de mauvaises herbes. On chante comme on tue, on dessine comme on trompe, on fait pisser les chiens sur les murs des églises. Ce n'est pas pour rien qu'un Italien, Mercalli, donna son nom à une échelle de destruction, celle de l'intensité des tremblements de terre. Une main démolit ce que l'autre a bâti, et l'émotion est la même.
L'ltalie, royaume de marbre et d'ordures. Mon pays.
Sa condescendance nous éclaboussait, tombait en pluie autour de nous, la même qui arrosait, partout dans le monde, des révolutionnaires en graine.
Viola au fond était futuriste. Lui parler, c’était rouler à tombeau ouvert sur une route de montagne. J’en revins toujours épuisé, terrifié, exalté, ou un mélange des trois.
Je ne mesure qu'aujourd'hui ce que la beauté du jour doit à la prescience de la nuit.
Si le Christ est souffrance, alors ne vous en déplaise, le Christ est une femme.
Chaque intersection était un renoncement.
Viola mit son joli pied nu sur le chéneau de zinc et se propulsa dans le vide.
-C'est absurde, de toute façon. Pourquoi craindre les morts ?
-Euh... parce qu'ils sont morts ?
-Tu crois que ce sont les morts qui font les guerres ? Qui s'embusquent au bord ses chemins? Qui te violent et te volent? Les morts sont nos amis. Tu ferais mieux d'avoir peur des vivants.
Oublions qui a fait ou n'a pas fait quoi. La réconciliation, c'est oublier le passé pour se tourner vers l'avenir.
Les mots ont un sens, Mimo. Nommer, c'est comprendre