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Critique de JLBlecteur


La destinée de ce tailleur de pierre nous est contée par un véritable tailleur d'histoire et l'édifice terminé est un magnifique marbre de Carrare.

Michelangelo, Mimo pour ses proches est un homme de petite taille, de très petite taille: un nain en fait.

Il est à l'agonie quand démarre le récit de sa vie qui fut un roman et noircira les pages sublimes de cet objet littéraire qui a su me séduire immédiatement.

Quittant la France et une mère magnifiée, il a émigré en Italie, gamin, à la fin de la première guerre mondiale, pris en charge (ou à charge) par un oncle alcoolique tailleur de pierre de son état éthylique.

Bien sûr Mimo est d'extraction très modeste, une pierre rustique, mais la profession de son oncle, qui va devenir aussi la sienne, sa passion, son grand art et son génie va lui permettre de côtoyer une noblesse à priori inaccessible.

Ce sera par Viola, jeune fille de son âge et des marquis locaux, douée d'une intelligence redoutable et d'un caractère à l'unisson que s'opérera cette rencontre improbable et, à priori même, contre nature.

Ensemble, depuis leur piton rocheux, ils termiront la première guerre mondiale et l'émergence du fascisme italien, tapis nuitamment sur les tombes du cimetière de la paroisse à échafauder des inventions révolutionnaires qui mèneront la jeune fille à l'hôpital.

Franchissant l'Arno (parfois aussi le rubicon) parce que rejeté par son oncle, Mimo gagnera Florence où un atelier de sculpture fera son apprentissage de la nature humaine aussi dure que le plus beau bloc de pierre à travailler au burin.

Quelques péripéties plus tard, il se retrouvera à la tête d'un chantier inimaginable où défileront les intrigues que le pouvoir et la convoitise tissent avec tant de talent, donnant à sa vie un tournant que ses basses origines ne permettaient pas de deviner.

Un bijou !!!

On suit avec ferveur ce parcours atypique qui fait le lit des oeuvres qui marquent profondément.

J'ai plongé dans cette sublime fausse biographie comme j'avais nagé avec délectation dans l'histoire des faussaires que Pierre Lemaître racontait dans ‘au revoir là-haut'.

Même plaisir, même immersion, même lâcher-prise pour me laisser embarquer dans une épopée lyrique qui, parfois, prend des allures de ‘club des cinq', de ‘Pinocchio', de ‘sans famille' ou du ‘1900' de Bertolucci.

La noble-société et les bas-fond y esquissent un pas de deux comme ballets et balais se mêleraient pour décrire une société où crasse et dorures se plaisent à se côtoyer.

Si la description se doit de nous faire parcourir les plus sombres des recoins de l'humanité et d'y discerner ses cités les plus célèbres, c'est d'une écriture enveloppante à la douceur du plus suave des velours, la légèreté de la vapeur un peu amère flottant, indolente, au dessus d'une tasse de café brulant tout juste enlevée du chrome reluisant d'un percolateur italien.

Riche mais accessible, travaillée mais naturelle, la plume ciselée de l'auteur n'est jamais ampoulée mais vous envole à la poursuite d'un personnage romanesque et romantique à la destinée unique et envoûtante qu'aurait pu inventer un Alexandre Dumas inspiré comme il savait tant l'être où le scénariste d'un James Bond soucieux de nous faire visiter des sites exceptionnels comme Florence ou le Vatican.

À l'heure ou j'écris mes mots sur ce roman que j'ai trouvé magnifique, je ne sais pas encore si lui sera décerné le prestigieux prix pour lequel il est parmi les quatre derniers en lice, mais si c'est le cas, ce sera un Goncourt mérité et non un Goncourt De circonstance.

Mon coup de coeur du moment !
 
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