AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de 5Arabella


Il s'agit d'un recueil de nouvelles, sans véritable fil conducteur. Ces nouvelles sont plus diversifiées que dans Les contes de la solitudes, les lieux évoqués mais aussi les époques et les thématiques sont plus diverses. Il y a des nouvelles plus contemporaines, centrées sur la psychologie des personnages, sans véritable lien avec une situation historique. Néanmoins, la nostalgie et une sorte de mélancolie de choses inaccomplies et qui auraient pu être, est présente. Les être portent une sorte de faille qui les rend plus apte à ressentir et donc à souffrir que la moyenne, sensibilité exacerbée. Même lorsqu'il parle de son temps, des gens croisés dans la rue tous les jours, l'univers d'Ivo Andric est toujours un peu le même, et une conversation banale dans la chambre voisine peut devenir évocatrice et porteuse de légende, ouvrir sur un imaginaire presque infini. le monde est plein de nostalgiques mystères pour celui qui sait regarder avec suffisamment d'acuité.

"C'est avec une véritable angoisse que je me décide à écrire le court récit d'une longue et grande peur. Cette peur-là n'a rien de commun avec les frayeurs et craintes qui assaillent les êtres durant leur lutte pour survivre et pour posséder, pour avoir une vie meilleure, une situation, la gloire et la primauté, pour acquérir des biens, les garder et les accroître. Il s'agit d'une autre sorte de peur, de cette terreur difficile à expliquer que suscitent chez les créatures innocentes les phénomènes de ce monde. Il s'agit d'une peur d'enfant qui, selon la nature du premier contact avec la société et ses lois, disparaît ensuite au fil des années, grâce au développement intellectuel et à une saine éducation, ou, au contraire, grandit avec l'enfant, l'envahit tout entier, brise et détruit son âme et empoisonne sa vie comme un mal caché et un écrasant fardeau. Il s'agit de ces événements invisibles mais fatidiques qui, souvent, brisent l'âme de ces petits hommes que nous appelons enfants, et que les adultes, occupés de leurs propres soucis, prennent à la légère ou ne remarquent même pas."

Ainsi commence un des récits, qui nous conte l'histoire d'une de ces frayeurs d'enfants, mais Ivo Andric ne nous dit pas en fin de compte, si l'enfant de la nouvelle arrivera à surmonter ses terreurs, ou va rester marqué à jamais. C'est au lecteur de tirer ses conclusions. Et il en va de même avec les autres nouvelles de l'auteur, il nous laisse toujours tirer les conclusions définitives, après nous avoir dépeints des situations fortes et significatives, mais il nous donne suffisamment d'éléments pour nous faire réfléchir longtemps et pour avoir envie d'arriver à des conclusions. Même si celle-ci ne seront pas les mêmes pour tous.
Commenter  J’apprécie          60



Ont apprécié cette critique (6)voir plus




{* *}