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Critique de ecceom


Dis, cancan reviendras-tu ?


Ce livre est un peu la suite d' "Hollywood Babylone*". Pourtant, s'il est lui aussi tout à fait inutile, il n'en est pas pour autant, aussi indispensable.

Kenneth Anger continue de dévider son écheveau de ragots plus ou moins avérés, avec toujours ce style qui caricature (à peine) avec humour, la presse à scandale des années fastes hollywoodiennes. Il joue habilement du décalage entre la dénonciation de cette presse et son propre rôle de propagateur de faits les plus divers ou sordides. On pourra douter de certaines anecdotes, comme celle relatée à propos d'une scène privée entre Hitchcock et Grace Kelly. En revanche, la cruauté du maître envers Tippi Hedren ou les moeurs de James Dean sont déjà connues depuis longtemps.

Pour Anger, Hollywood n'est rien d'autre que " la ville de pacotille". Et c'est bien la rencontre entre le "faux" érigé en maître-étalon et la réalité souvent atterrante de ce microcosme, qui en dit long sur l'Amérique et plus largement, sur notre monde et ses faux-semblants.
On pourra retenir comme définition de l'esprit hollywoodien de l'époque, la déclaration de Dorothy Mackaye, au cours du procès intenté à son amant, pour le meurtre de son mari : " Hollywood ce n'est pas comme ailleurs. Nous acceptons que les conventions soient enfreintes parce que cela ne nous gêne pas -autrement dit, les professionnels sont moins conventionnels, plus sophistiqués... "
On pourrait aussi s'attarder sur la couverture où trône la plastique de Jayne Mansfield (avec qui Anger partage une certaine fascination pour Anton LaVey, le fondateur de l'église sataniste américaine). Quel beau symbole a contrario pour la "ville de pacotille" que cette "blonde" peu considérée, cantonnée le plus souvent à des rôles de poupées idiotes ne mettant en avant que l'hypertrophie de son poitrail, elle qui possédait pourtant un QI estimé à 163, parlait plusieurs langues et jouait du piano...L'apparence encore.

Comme le rappelle justement Anger, pourtant lui aussi fasciné par les mythes : " on a les icônes que l'on mérite, car on les a créées" et il s'attache à nous montrer l'envers du décor de la ville de pacotille : complots, arnaques, moeurs, meurtres, drogues, affairisme...rêves envolés dans l'arrière bureau des producteurs, carrières brisées par des scandales ou des suicides...

Le chapitre consacré à ceux qui se sont donné la mort est d'ailleurs, selon moi, le principal défaut de l'ouvrage. 46 pages sur environ 330, c'est beaucoup trop et la litanie de noms dont beaucoup ne diront sans doute rien à personne (John Bowers, Charles Butterworth, Spencer Charters, Claire Maynard, Pedro Armendariz...), est passablement ennuyeuse.

Bien qu'inégal, ce livre illustré de photos rares, reste quand même agréable à lire.

* L'assimilation à Babylone vient du Babylone de carton pâte érigé pour "Intolerance", le film de Griffith. Ces décors démesurés symboles de l'Hollywood arrogante du début du XXème siècle, pourriront sur place. le règne de la démesure commençait avec pour moteur principal, l'argent, la débauche et...les stars.
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