AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de ecceom


Dans l'arène de Christine
(rédigé en 2012)

(Pardon d'avance pour ceux qui pourraient être choqués)
Elle est forte la Christine.

Elle nous inflige (mais nous sommes -hélas- consentants), un récit sur une relation sexuelle qui est certes cru, mais pas insupportable a priori (encore une fois, je parle du récit, pas de l'inceste).

Ce livre est une arnaque, il ne peut fonctionner qu'avec des accessoires en option.

En soi, je trouve ce roman ni bien, ni mal écrit. On retrouve les tics de l'auteure, ses fausses audaces assez ridicules et quelques passages plus concis, plutôt bien tournés, voire parfois de la belle littérature - à mon goût en tous cas- qui encouragent à poursuivre.

Mais il y a un problème.

Pour que ce livre ait un sens (je n'ai pas dit "du sens"), il faut acheter en option le cirque Angot qui se donne en spectacle un peu partout (télés, journaux...) en nous revendant ad nauseam, l'inceste dont elle a (difficile d'écrire "aurait") été victime.

Et le livre ne se lit qu'avec cet accessoire, qui en devient le principal intérêt.

La Maison Angot nous emprisonne donc avec son format propriétaire et poursuit son exploitation marchande du sordide. Elle en a le droit après tout, elle possède (hélas) la licence inceste, en multipropriété.

Mais cette petite entreprise fonctionne de manière perverse. Ainsi, dans ce roman, la phrase choc, qui est censée dévoiler le drame, n'est qu'à moitié explicite, mais vous glace quand même, parce que l'on sait "par ailleurs".

Ce livre n'existe pas sans son environnement tissé de tout ce qu'Angot diffuse à l'envi. Si on ne connait pas son histoire - admettons encore une fois qu'elle soit réelle car sinon ce serait désespérant-, le livre n'existe plus.
Imagine t-on la Sainte-Victoire de Cezanne (pour reprendre un élément de la critique de Télérama) qui ne figurerait pas sur le tableau principal, mais sur un tableau annexe ou sur le mur ? Imagine t-on un film porno qui comporterait en bonus, un exposé sur la linguistique selon Chomsky ?

Les arguments selon lesquels il faut traiter ce sujet, le révéler dans toute son horreur, applaudir à l'incroyable originalité...On les connait, ils sont utilisés chaque fois que le concept remplace l'oeuvre. de même l'argument du triomphe de la langue, outre qu'il prend une saveur particulière dans un tel contexte, n'est qu'un tour de passe passe de plus.

Alors ceci dit, on peut aimer le cirque, on peut aimer les concepts et on peut aimer les tours de passe passe. Mais ça ne passera pas par moi. Histoire d'enfoncer le clou, son éditeur se met au diapason en proposant une mise en page avec des marges immenses entourant un texte d'une taille à satisfaire les déficients visuels sévères. Arnaque supplémentaire dans la forme, à rajouter au dossier.

Fais gaffe Christine, on va quand même finir par ne plus se laisser prendre.

Comme le disait Pierre Dac : "Quand, durant tout un jour, il est tombé de la pluie, de la neige, de la grêle et du verglas, on est tranquille. Parce que, à part ça, qu'est-ce que vous voulez qu'il tombe ?... Oui, je sais, mais enfin, c'est rare...".

Avec Christine, tout est déjà tombé et ce n'est même plus rare. Alors que reste t-il ?
Commenter  J’apprécie          30



Ont apprécié cette critique (3)voir plus




{* *}