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Critique de NicolasElie


Tu me connais. Tu commences aussi à connaître mes lectures… Tu sais que pour me faire transpirer du cerveau, faut quand même s'accrocher pas mal. Alors pour ce qui est de ces bouquins que tu ranges dans la catégorie « littérature blanche », je te raconte pas.
Ben si, comme disait je sais plus qui, je te raconte, justement.
Ce roman, il est sur mon bureau où je dépose délicatement les bouquins que je vais lire « un jour » depuis un certain temps. C'est même Amélie qui me l'a fait envoyer par Michel. Ouais, je l'appelle Michel. Je lui ai envoyé tellement de manuscrits que maintenant, on est intimes…
Donc, je l'ai ouvert, un peu décontenancé de pas me retrouver au bout de 10 pages avec des cadavres sur les bras. Et puis j'ai continué à lire. Petit à petit.
Pas parce que je m'ennuyais mais parce qu'il m'a envoyé dans la tête des uppercuts à peu près toutes les deux pages. Et que même si je suis assez solide, il faut pouvoir tenir pendant plus de 400 pages, même si t'en prends qu'un sur deux. J'ai bien essayé d'esquiver, mais comme dirait un mec que je connais bien, juste après qu'il m'a pété deux côtes, « Baisse ta garde, sinon, tu vas avoir mal… »
J'aurais dû l'écouter.
J'ai eu deux côtes cassées, et deux ou trois fêlées, et ça m'a fait mal. Grave mal. Au point que je pouvais plus trop respirer sans avoir envie de le buter à coup de Magnum 357…
J'ai pas tellement envie de te raconter ma vie, ça aussi tu le sais. Cherche des photos de moi sur le réseau, tu vas avoir du mal à en trouver, et quant à mes expériences personnelles et non pas littéraires, genre « Je suis bien allé à la selle ce matin, et je tenais à vous en informer… », pareil. Tu trouveras pas.
Je vais changer de sujet, parce que je sens un truc qui se passe. J'avais bien aimé le premier bouquin de la dame. Une vraie bonne idée, et c'est pas si fréquent. Depuis « Running man » de Monsieur King, on m'avait pas parlé d'un jeu télévisé avec autant d'intelligence. Si t'as l'occasion, et si tu fais partie de ceux qui l'ont pas encore lu, va le chercher… Ça s'appelle « Fidèle au poste ».
Bon.
Donc, ce roman.
Je t'ai dit que je l'ai lu petit à petit. C'est même pas vrai.
J'ai voulu commencer autre chose en même temps. Je fais souvent ça quand j'ai peur de m'ennuyer. Tu vois, je mens pas. Eh ben hier soir, après avoir refermé le roman d'Amélie Antoine, je me suis rendu compte que je devais relire les quelques pages de celui que je viens de commencer.
Les personnages de « Quand on n'a que l'humour… » étaient tellement présents, vivants, que j'avais fait abstraction de ceux que Séverine Chevalier venait de me présenter, et ce n'était pas juste pour elle de continuer ma lecture, comme si de rien n'était.
Comme d'hab, je me rends compte que je t'ai rien dit sur cette histoire.
Sans doute parce qu'il n'y a rien à en dire. C'est une histoire. Une histoire qui m'a renvoyé à mon enfance. À cette sensation d'être incompris par celui qui était théoriquement là pour m'élever, au premier sens du terme. À ces images qui sont venues se superposer à celles du roman dont je tournais les pages. À ces questions que je me suis posées après qu'il fut parti ailleurs, sans doute aux Enfers ou au Paradis, bien que je doute qu'il en ait eu les clés…
Et ça, c'est pas donné à tout le monde, de me faire toucher du doigt les réalités qui ont sans doute été les miennes, bien que j'ai décidé de les enterrer au fond de mon jardin à moi.
Les premières phrases de ce roman ont résonné, au point que j'ai essayé de me revoir, môme, face à mon père à moi. C'était pas gagné.
D'ailleurs j'ai perdu…
La capacité de cette nana à se mettre à la place de ceux qui te racontent l'histoire, le père, d'abord, puis le fils, c'est juste ahurissant. La capacité à mettre de la lumière, juste à l'endroit où il ne pourrait y avoir que du noir, celui qui fait peur quand tu te relèves la nuit (je déconne, j'ai pas peur quand je me lève la nuit…), c'est vraiment du bon boulot d'écriveur. Tout sonne juste, et c'était pas gagné.
Te rendre mélancolique, sans jamais sombrer dans le mélodrame, ça non plus, c'était pas gagné.
L'histoire, en deux mots.
Un type, humoriste, qui connaît un succès sans faille, qui va sans doute t'en rappeler certains, notamment Robin Williams (RIP) que j'adorais. L'intelligence qu'il a fallu à cet acteur pour passer du rire aux larmes, et rester juste… Mais bon, je m'égare.
En même temps, c'est ma chronique, je fais ce que je veux.
La première partie, donc, c'est l'histoire de cet homme, Édouard, un humoriste à qui tout semble réussir, et à qui il manque pourtant l'essentiel, ce qui est invisible pour les yeux, comme disait le blondinet.
La seconde partie, quant à elle, est écrite par le fils. Arthur. C'est sans doute là que je me suis le plus retrouvé face à moi. Je sais pas si je dois te dire merci, Amélie.
D'aucun, parmi les professionnels du ouaibe et de la chronique littéraire, ont « jugé » le style un peu trop désuet, voire simpliste…
Des crétins.
Mon grand-père disait que le secret de la cuisine, c'était la simplicité.
En littérature, c'est pareil.
Dans la vie, c'est pareil.
Et quand tu meurs, c'est encore pareil.
Que ces cuistres (t'as vu, je l'avais pas encore sorti celui-ci) jugent ce roman à l'aune de leur talent à eux… ça va forcément pas nous mener très loin.
J'ai vraiment aimé.
On est à des années-lumières de ce que je lis d'habitude, mais ça fait du bien.
Je l'ai refermé avec un sourire.
Et ça, c'est pas si fréquent.
Merci, Madame.


Lien : http://leslivresdelie.org
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