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Critique de Pasoa


Édité en 1952 chez Gallimard à titre posthume, le Guetteur mélancolique de Guillaume Apollinaire est né d'une initiative éditoriale particulière. C'est un recueil qui regroupe un ensemble de poèmes en partie inédits ou publiés du vivant de l'auteur dans diverses revues.

De Stavelot qui contient plusieurs poèmes écrits en 1899 (dont un de trois vers qui va inspirer le titre du livre), suivi de Rhénanes (1901-1902), de Poèmes à Yvonne (1903) et de Poèmes divers (1900-1917), le Guettteur Mélancolique est tout entier marqué par une grande variété de thèmes, des poèmes sans beaucoup de liens entre eux.

Ce manque de cohésion se confirme un peu plus avec Poèmes retrouvés, le recueil qui suit le Guetteur mélancolique.
Le choix de réunir ces textes écrits sur une période longue, n'a pas dû aller de soi pour les éditeurs.
Des amants séparés, une ville anonyme, le peuple, le mendiant, l'érotisme, la mort, La Cité de Carcassonne, 69 6666… 69…, un assassin, la guerre de tranchées, le Rhin, le suicidé, un poème mortuaire, des références mythologiques, l'amour, la fée Mélusine, des calligrammes, la Toscane, la Sainte-Vierge, un repas, une inscription à broder sur un coussin, un avion, un souvenir des Flandres, etc., etc.

Malgré tout ce foisonnement de thèmes, l'intérêt pour le Guetteur mélancolique demeure pourtant : c'est dans la variété que se révèle et se maintient tout le génie d'Apollinaire.
Ses poèmes sont tous dominés par une mélancolie, avec une tendance pour le tragique, le réalisme et le mode élégiaque. Malgré cette inclinaison, Apollinaire ne cède pourtant pas à la monotonie ni à la complaisance. le poète « guetteur » reste toujours en éveil et sait accorder cette mélancolie à la magie poétique, à une ironie douce, à une beauté insoupçonnée.

« le ciel nocturne et bas s'éblouit de la ville
Et mon coeur bat d'amour à l'unisson des vies
Qui animent la ville au-dessous des grands cieux
Et l'allument le soir sans étonner nos yeux

Les rues ont ébloui le ciel de leurs lumières
Et l'esprit éternel n'est que par la matière
Et l'amour est humain et ne vit qu'en nos vies
L'amour cet éternel qui meurt inassouvi »

Si au travers de tous ces poèmes, il est difficile de percevoir une évolution particulière dans l'écriture d'Apollinaire, j'y ai vu la confirmation de la richesse immense de sa poésie, une richesse qui ne cesse de traverser le temps et de nous parvenir encore aujourd'hui. Indépassable.

« Jamais les crépuscules ne vaincront les aurores
Étonnons-nous des soirs mais vivons les matins
Méprisons l'immuable comme la pierre ou l'or
Sources qui tariront Que je trempe mes mains
En l'onde heureuse » **


(*) extrait de « Poèmes retrouvés »
(**) extrait de « Stavelot »

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