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EAN : 9782070300105
251 pages
Gallimard (24/04/1970)
3.9/5   50 notes
Résumé :
Extrait :

O mon coeur j'ai connu la triste et belle joie D'être
trahi d'amour et de l'aimer encore
O mon coeur mon orgueil je sais je suis le roi
Le roi que n'aime point la belle aux cheveux d'or
Rien n'a dit ma douleur à la belle qui dort
Pour moi je me sens fort mais j'ai pitié de toi
0 mon coeur étonné triste jusqu'à la mort
J'ai promené ma rage en les soirs blancs et froids
Je suis un roi qui... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Ce recueil , composé en 1952 par Robert Mallet et Bernard Poissonnier rassemble des poèmes inédits, dispersés dans des revues ou écartés d'autres publications. Il suit un ordre chronologique, depuis 1889 jusqu'à la mort du poète.

Le titre est extrait d'un poème très court et magnifique , qui ouvre le livre:

" Et toi mon coeur pourquoi bats-tu

Comme un guetteur mélancolique
J'observe la nuit et la mort"

Guetteur mélancolique, superbe façon de désigner le poète, tout à la nostalgie des souvenirs et des amours difficiles, mais aussi guetteur de la modernité, de l'avenir, curieux de tout...

De par sa composition , le recueil est assez hétéroclite, mêlant poèmes de différentes époques: rhénane, guerrière, mais aussi calligrammes, poėmes-lettres. Pour la même raison, il n'a pas la force et l'unité thématique d'" Alcools" ou de "Poèmes à Lou".

Mais il permet de découvrir d'autres textes d'Apollinaire, dont certains sont vraiment superbes. Il témoigne de la capacité du poète à inventer, se renouveler, à évoluer. En cela, il est fort intéressant , riche.

Il est un peu comme un écho aux autres recueils:

" Mon alambic vos yeux ce sont mes ALCOOLS
Et votre voix m'enivre ainsi qu'une eau-de-vie"...

Pour les amoureux d'Apollinaire, c'est un livre à découvrir, pour compléter sa vision de l'univers poétique de ce poète fascinant et si complexe.

Pour le plaisir, je termine avec ces vers pleins d'élan amoureux et de lumière, de malice aussi...

" Mon amie je pense à toi
À ta couleur de soleil à ta grâce
La maison est vide depuis que mon rayon de soleil
Est allée se plonger dans la mer
Si tu vois des sous-marins
Dis-leur que je t'aime..."



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Édité en 1952 chez Gallimard à titre posthume, le Guetteur mélancolique de Guillaume Apollinaire est né d'une initiative éditoriale particulière. C'est un recueil qui regroupe un ensemble de poèmes en partie inédits ou publiés du vivant de l'auteur dans diverses revues.

De Stavelot qui contient plusieurs poèmes écrits en 1899 (dont un de trois vers qui va inspirer le titre du livre), suivi de Rhénanes (1901-1902), de Poèmes à Yvonne (1903) et de Poèmes divers (1900-1917), le Guettteur Mélancolique est tout entier marqué par une grande variété de thèmes, des poèmes sans beaucoup de liens entre eux.

Ce manque de cohésion se confirme un peu plus avec Poèmes retrouvés, le recueil qui suit le Guetteur mélancolique.
Le choix de réunir ces textes écrits sur une période longue, n'a pas dû aller de soi pour les éditeurs.
Des amants séparés, une ville anonyme, le peuple, le mendiant, l'érotisme, la mort, La Cité de Carcassonne, 69 6666… 69…, un assassin, la guerre de tranchées, le Rhin, le suicidé, un poème mortuaire, des références mythologiques, l'amour, la fée Mélusine, des calligrammes, la Toscane, la Sainte-Vierge, un repas, une inscription à broder sur un coussin, un avion, un souvenir des Flandres, etc., etc.

Malgré tout ce foisonnement de thèmes, l'intérêt pour le Guetteur mélancolique demeure pourtant : c'est dans la variété que se révèle et se maintient tout le génie d'Apollinaire.
Ses poèmes sont tous dominés par une mélancolie, avec une tendance pour le tragique, le réalisme et le mode élégiaque. Malgré cette inclinaison, Apollinaire ne cède pourtant pas à la monotonie ni à la complaisance. le poète « guetteur » reste toujours en éveil et sait accorder cette mélancolie à la magie poétique, à une ironie douce, à une beauté insoupçonnée.

« le ciel nocturne et bas s'éblouit de la ville
Et mon coeur bat d'amour à l'unisson des vies
Qui animent la ville au-dessous des grands cieux
Et l'allument le soir sans étonner nos yeux

Les rues ont ébloui le ciel de leurs lumières
Et l'esprit éternel n'est que par la matière
Et l'amour est humain et ne vit qu'en nos vies
L'amour cet éternel qui meurt inassouvi »

Si au travers de tous ces poèmes, il est difficile de percevoir une évolution particulière dans l'écriture d'Apollinaire, j'y ai vu la confirmation de la richesse immense de sa poésie, une richesse qui ne cesse de traverser le temps et de nous parvenir encore aujourd'hui. Indépassable.

« Jamais les crépuscules ne vaincront les aurores
Étonnons-nous des soirs mais vivons les matins
Méprisons l'immuable comme la pierre ou l'or
Sources qui tariront Que je trempe mes mains
En l'onde heureuse » **


(*) extrait de « Poèmes retrouvés »
(**) extrait de « Stavelot »

.
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Partant demain à Bénodet, j'ai trouvé ce poème du grand Apollinaire :

Je vous aime ce soir où monte la marée
Bateaux de Bénodet à la voile azurée
Pêcheurs de Loctudy dont les filets d'azur
Se confondent avec la mer et le ciel pur
Cependant que l'Odet bleu comme une prière
Pâlit et que là-bas chaque phare s'éclaire

L'Odet
Est la plus bleue et la plus claire Rivière


Loin de la guerre atroce et des coups de canon
Bénodet ne sait pas celle-là qu'il préfère
La mer aux mille écueils ou sa tendre rivière
L'Odet plus douce encore que ne sonne son nom

Mais le temps passe il faudra bien que tu t'en ailles
Laissant Quimper et le Comté de Cornouaille

Guillaume Apollinaire – le Guetteur mélancolique

(Cornouaille sans "s", hein !)
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Tout le monde connait les poésies de "Alcools" et de "Calligrammes," - et j'en suis moi-même un admirateur presque fanatique. J'en redemande ! Quelle heureuse surprise de découvrir "Le guetteur mélancolique" qui rassemble des poèmes datés entre 1899 et 1917, correspondant à toute la période créatrice d'Apollinaire. Son titre provient de ces quelques vers (simples et magnifiques !) mis en exergue:
« Et toi mon coeur pourquoi bas-tu
Comme un guetteur mélancolique
J'observe la nuit et la mort »
Edité tardivement (en 1952), il rassemble des textes inédits ou devenus autrefois introuvables. On comprend bien pourquoi certains avaient été écartés. Mais d'autres méritent toute notre attention: leur valeur est comparable à celle des poèmes de "Alcools". Leur veine est très variée, mais on y retrouve souvent la musicalité et la sincérité qui font tout le charme du poète. Beaucoup de ces poésies mériteraient d'être mises en citation; je n'en mettrai que quelques-unes sur Babelio… mais il faut tout lire pour se faire une opinion exacte.
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Peut-être serais-je honni mais bon je vais assumer mon opinion.
Il est peu de dire que je suis passé à côté de ce recueil de poèmes avec beaucoup d'élégies pour des dames, un regret qu'il n'y ait pas de prostituées à Stavelot (?) et un syncrétisme religieux proche du new age à mon sens.
A mon sens le plus grand réside dans ses références à Homère ou aux anciens.
Les poèmes sur l'horreur de la guerre ont un peu plus retenu mon attention.
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Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation

Vous dont je ne sais pas le nom ô ma voisine
Mince comme une abeille ô fée apparaissant
Parfois à la fenêtre et quelquefois glissant
Serpentine onduleuse à damner ô voisine
Et pourtant soeur des fleurs ô grappe de glycine

En robe verte vous rappelez Mélusine
Et vous marchez à petits pas comme dansant
Et quand vous êtes en robe bleu- pâlissant
Vous semblez Notre-Dame des fleurs ô voisine
Madone dont la bouche est une capucine

Sinueuse comme une chaîne de monts bleus
Et lointaine délicate et longue comme un ange
Fille d'enchantements mirage fabuleux
Une fée autrefois s'appelait Mélusine
O songe de mensonge avril miraculeux

Tremblante et sautillante ô vous l'oiselle étrange
Vos cheveux feuilles mortes après la vendange
Madone d'automne et des printemps fabuleux
Une fée autrefois s'appelait Mélusine
Êtes-vous Mélusine ô fée ô ma voisine



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Mon destin ô Marie est de vivre à vos pieds
En redisant sans cesse Ô combien je vous aime
Ô faible voix ô faible voix qui me trompiez
Je ne sais plus comment on bâtit un poème

J'ai trouvé quelquefois des rythmes langoureux
Qui faisaient palpiter tout l'amour sous les feuilles
Et je ne trouve rien que ces vers malheureux
Qui méditent ma mort pourvu que tu la veuilles

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O mon coeur j'ai connu la triste et belle joie D'être
trahi d'amour et de l'aimer encore
O mon coeur mon orgueil je sais je suis le roi
Le roi que n'aime point la belle aux cheveux d'or
Rien n'a dit ma douleur à la belle qui dort
Pour moi je me sens fort mais j'ai pitié de toi
0 mon coeur étonné triste jusqu'à la mort
J'ai promené ma rage en les soirs blancs et froids
Je suis un roi qui n'est pas sûr d'avoir du pain
Sans pleurer j'ai vu fuir mes rêves en déroute
Mes rêves aux yeux doux au visage poupin
Pour consoler ma gloire un vent a dit
Écoute Élève-toi toujours. Ils te montrent la route
Les squelettes de doigts terminant les sapins.
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Vous voilà de nouveau près de moi
Souvenirs de mes compagnons morts à la guerre
L'olive du temps
Souvenirs qui n'en faites plus qu'un
Comme cent fourrures ne font qu'un manteau
Comme ces milliers de blessures ne font qu'un article de journal
Apparence impalpable et sombre qui avez pris
La forme changeante de mon ombre
Un Indien à l'affût pendant l'éternité
Ombre vous rampez près de moi
Mais vous ne m'entendez plus
Vous ne connaîtrez plus les poèmes divins que je chante
Tandis que moi je vous entends je vous vois encore
Destinées
Ombre multiple que le soleil vous garde
Vous qui m'aimez assez pour ne jamais me quitter
Et qui dansez au soleil sans faire de poussière
Ombre encre du soleil
Ecriture de ma lumière
Caisson de regrets
Un dieu qui s'humilie
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Mon amie je pense à toi
A ta couleur de soleil à ta grâce
La maison est vide depuis que mon rayon de soleil
Est allé se plonger dans la mer
Si tu vois les sous-marins
Dis-leur que je t'aime
Si les nuages s'accumulent
Dis-leur que je t'adore
Si la tempête fait rage contre les rocs du rivage
Dis-leur que tu es ma pierre précieuse
Si quelque grain de sable brille entre les mille grains de
sable de la plage
Dis-lui que tu es la seule gemme que j'aime
Quand tu verras le facteur
Dis-lui avec quelle impatience j'attends tes lettres
Je t'envoie mille baisers mille caresses
Qui te rejoindront comme les mots rejoignent l'antenne
de la télégraphie sans fil
Si tu vois des blessés
Dis-leur que ma seule blessure est celle que tu as faite
à mon cœur
Si tu penses parfois songe que ma pensée est toujours
avec toi
Et que je t'adore
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