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Critique de Alfaric


Dans les années 1990, dans "Diamond Is Unbreakable" le génial Hirohiko Araki mettait en scène Josuke Higashikata, un nouvel héros de la dynastie Joestar capable de tout reconstruire mais qui était confronté à la barrière de la vie et de la mort. J'avais écrit que c'était tout naturellement qu'il développait une alchimie de combat pour vaincre les forces obscures de la crevardise incarnées par un serial killer capable de tout détruire et qui en avait rien à foutre de la vie et de la mort d'autrui, et qu'il menait une Quête du Graal personnelle et collective pour devenir quelqu'un de plus de grand et plus noble pour lui faire face… Ici c'est encore plus ambitieux puisque les frères Elric (voir plus bas ^^) et leurs alliés doivent effectuer leur propre Quête du Graal personnelle et collective pour vaincre les forces obscures de la crevardise incarnées par le Grand Capital et la Bête Immonde, la dictature et le terrorisme ces deux faces de la même pièce qui ont besoin l'un de l'autre pour exister et prospérer. La mangaka ne me trompe pas : avec son uchronie arcanepunk détourant le IIe Reich européen et ses premières expériences génocidaires elle pointe du doigt le Japon Impérial et ses crimes comme l'humanité toujours pas assumés donc forcément appelés un jour ou l'autre à recommencer ! Car Hiromu Arakawa est avant tout une mangaka d'Hokkaido, ce Japon périphérique plus sensible aux inégalités et aux injustices que leurs compatriotes tokyoïtes, et en eux vit toujours le rêve de la République d'Ezo et le souvenir de Toshizo Hijitaka le dernier samouraï qui est mort en défendant la liberté, l'égalité et la fraternité ! Entre Walter Scott et Michael Moorcock (voir plus haut ^^) elle développe un tragi-comique plein de gimmicks, mais dès les premières pages j'ai tout de suite compris où elle voulait aller : il faut échanger et partager entre tous pour le bien de tous, ou bien ceux qui veulent tout prendre et ne rien laisser vont nous plonger dans les ténèbres de la crevardise hypercapitaliste !


Ce tome 1 est construit comme une suite d'épisode et la série se cherche à l'image de ses personnages !
Avant d'être un adolescent complexé par sa petite taille, Edward Elric est un magicien de génie connu sous le titre de « Fullmetal Alchemist » qui est entré au service de l'État (une dictature militaire qui ne dit pas son nom) pour obtenir les moyens d'accomplir sa quête qui est que lui et son frère Alphonse retrouvent leur intégrité. Car c'est en apprenti sorcier qu'ils ont enfreint les règles de la magie pour ressusciter leur mère décédée : l'aîné a perdu un bras et une jambe, devant ensuite un cyborg arcanepunk, et le cadet a perdu son corps, ne devant la vie qu'au génie de son frère qui lia son âme à une armure…
- dans un 1er temps, la Team Elric est confronté à un gourou apprenti maître du monde et Edward qui est athée a bien du mal à convaincre ses victimes qui sont croyantes qu'elles se font exploiter… On on est dans la dénonciation de l'impunité dont jouissent les sectes au nom de la liberté religieuse au Japon comme ailleurs, car pour information le commanditaire des attentats du métro de Tokyo en 1995 (13 morts, 6300 blessés) n'a jamais été inquiété, et en Amérique du Nord le travail des enfants et l'esclavage sont tolérés s'ils sont réalisés au nom de la religion… Tout cela avec la bénédiction de la ploutocratie mondialisée qui considère tout cela comme des expériences de Milgram à échelle locale : putain, mais quel Monde de Merde !!!
- dans un 2e temps, la Team Elric fait halte dans une ville minière de Youswell mise en coupe réglée par un membre corrompu des autorités (pléonasme ?)... Nous somme en plein dans la lutte des classes, qui d'après les élites est dépassée et ne doit plus exister mais qu'elle s'enorgueillissent d'avoir gagné, donc c'est tout naturellement qu'en établissant une coopérative ouvrière le Fullmetal Alchemist rétablit la liberté, l'égalité et la fraternité en usant de toutes les ruses de Robin des Bois… « C'est notre demeure et notre tombeau », les ouvriers attachés à la terre qui les a vu naître et à laquelle ils ont tout donné ont une autre mentalité que les nantis pourris-gâtés qui déclarent à l'emporte-pièce qu'il suffit de traverser la rue pour sortir de la misère ! (suivez mon regarde du côté d'un ancien banquier de chez Rothschild)
- dans un 3e temps, des laissez pour compte du système lancent dans un train une opération terroriste visant à prendre pour otage une grosse huile du système… pas de chance pour eux la Team Elric est déjà dans la place, du coup on est dans une version arcanepunk de "Piège à grande vitesse" ! ^^
Je connais suffisamment Hiromu Arakawa pour affirmer qu'ici elle n'est pas encore à son sommet, mais aussi pour penser que le foreshadowing réalisé autour des mystérieux homunculus est plein de promesses...
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