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Critique de Voirac


FRANCE 1918 : UNE VICTOIRE À LA PYRRHUS.
Une histoire de l'entre deux guerres réécrite. Avec une thèse bien argumentée et qui se lit comme un roman à suspens bien qu'on en connaisse le triste dénouement.
En 1918, la France est un pays meurtri : pertes humaines 30% des 18-35 ans à laquelle s'ajoute une baisse de la natalité de 40%.
Elle a perdu les 3/4 de son potentiel industriel : le 1/3 nord de la France a été ravagé par les combats ; de plus les allemands en quittant le pays ont noyé les mines de charbon, détruit les usines, arraché les arbres fruitiers. le vainqueur est ruiné alors que l'Allemagne est intacte n'ayant pas eu de combat sur son territoire. D'ailleurs, en 1929 cette dernière a retrouvé son PIB d'avant guerre, tandis que la France s'est endettée de 33 milliard de francs or pour sa reconstruction.
De plus, l'inflation que l'Allemagne a laissée filer au détriment de sa classe moyenne, a permîs de dévaluer la dette.
Or, le très brillant et écouté Keynes publie une analyse biaisée du traité de Versailles (peut être influencée par sa liaison avec un membre de la délégation allemande) qui va se graver au marbre dans tous les esprits : le traité de Versailles aurait fait le lit de la 2eme guerre mondiale, alors que pour l'auteur, c'est en réalité la crise de 1929 qui a engendré le nazisme.
Avec le traité de Versailles, l'Angleterre a eu ce qu'elle voulait : colonies et flotte allemande. de plus, pour améliorer ses échanges extérieurs, elle contribue à relancer l'économie allemande en vidant le traité de Versailles de sa substance par une politique très germanophile ; elle a obtenu sa quote part de dommages de guerre alors qu'elle a peu perdu (quelques navires torpillés par les sous marins allemands) : les armes des soldats anglais et américains ont été fournies pour l'essentiel par la France.
Responsabilité des USA : « Les fruits de la victoire de 1918 furent perdus parce que les Americains refusèrent d'accorder à la France les garanties qu'elle réclamait sur le Rhin. Puis les anglais se récusèrent stupidement en les suivant »
Erreurs stratégiques : la France, traumatisée par la guerre 14-18, reste sur une ligne défensive et non offensive. La ligne Maginot, supposée économiser des effectifs, en immobiliseront au contraire une quantité considérable faisant perdre à l'armée toute mobilité ; la moitié de l'armée française attendra l'arme au pied pendant qu'elle sera contournée contournée par le nord. Malgré des avertissements éclairés (colonel De Gaulle) on n'envisage pas de grandes unités blindées, on considère que l'aviation joue un rôle accessoire et on continue de s'enthousiasmer pour le cheval. Ainsi, la France se prépare à renouveler la grande bataille d'infanterie qu'elle a gagnée à Verdun.
Dès 1936, tout joue contre la France : elle est trahie par la diplomatie anglo-saxonne ; Blum bien que socialiste, refuse d'aider la république espagnole pour ne pas cautionner le bolchevisme, ce qui autorise la présence des troupes allemandes en Espagne ; l'Italie rentre dans l'Axe car Mussolini n'est soutenu ni par la France ni par l'Angleterre quand il envahit l'Éthiopie : ainsi, la France qui a encore la meilleure armée du monde, est entourée de forces neutre (Belgique) ou hostiles sur 3 frontières et se prive d'une alliance avec l'URSS, qui, avec Angleterre eut été dissuasive pour Hitler.
A propos des Accords de Munich : « Chamberlain dirige, Daladier subit »
Influence des USA : pour assurer le remboursement de la dette allemande, ils sacrifient les besoins de réparation des dommages de guerre français du traité de Versailles.
L'auteur conclue par une uchronie : que se serait il passé si les Français n'avaient pas eu le moral dans les chaussettes et avaient été plus réactifs?
Ce livre, précieux, écrit par un ancien ambassadeur de France aux USA, procure une vision bousculante, à ceux qui ont appris l'histoire dans les manuels scolaires.
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