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Citations sur Nous étions seuls : L'histoire diplomatique de la Franc.. (9)

La question est cependant légitime. Londres et Paris s’apprêtent à faire la guerre pour Dantzig à la population entièrement allemande, dont le statut de ville libre n’est en rien indispensable pour la Pologne qui s’est dotée depuis 1919 du port de Gdynia. Sur le fond, Dantzig est sans doute le contentieux où les arguments de l’Allemagne sont les plus forts et où une concession aurait le moins de conséquences stratégiques. Grande-Bretagne et France se sont donc livrés pieds et poings liés au gouvernement polonais, qui refuse toute négociation avec l’Allemagne sur le sort de la ville libre;
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La leçon de l'entre-deux-guerres (est) de rappeler une sagesse qui vient du fond des âges et que l'Europe a un temps oubliée dans le confort post-moderne dont elle a bénéficié. Cette sagesse que la Grande-Bretagne a ignorée de 1919 à 1939 alors qu'elle avait fondé sa politique étrangère pendant des siècles, cette sagesse que la France jugeait n'avoir pas les moyens de mettre seule en œuvre, elle peut se résumer en une phrase : il n'y a pas de politique étrangère sans un horizon de recours à la force. Le rapport entre les deux est paradoxal : en venir au second prouve que la première a échoué, mais celle-ci ne peut espérer réussir que si l'interlocuteur est convaincu que celui-là n'est pas exclu.
Rapport paradoxal et équilibre délicat : il ne faut pas que la négociation à tout prix l'emporte, mais il ne faut pas non plus que le recours à la force ne devienne une facilité, comme ce fut le cas aux États-Unis depuis les attentats du 11 septembre 2001. Oui, diplomatie et force vont ensemble, mais c'est la première qui a le pas et doit le conserver. C'est ce qu'avait compris Aristide Briand. Un mauvais compromis est meilleur qu'une bonne guerre. Ce n'est que lorsque le destin du pays est en jeu qu'il faut savoir tirer l'épée.
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Je souhaite ardemment que le désastre de la bataille de France continue de hanter nos mémoires pour nous contraindre à ne jamais baisser la garde, à ne jamais confier notre sécurité à autrui et à ne jamais oublier qu'une nation peut disparaître, comme la France a failli sombrer physiquement et moralement ces années-la. Au moment où renait la rivalité entre grandes puissances, alors même que la guerre revient sur notre continent, nous ne pouvons nous bercer des illusions qui nous ont coûté si cher. C'est à réarmer nos âmes, nos esprits et nos corps que nous appelle l'écho de ce tragique passé.
Ce vœu s'enracine dans la conviction que nous sortons, avec l'invasion de l'Ukraine, de soixante-dix-sept années de paix en Europe occidentale, à l'exception de la guerre civile en ex-Yougoslavie, où nous avons voulu voir - à tort - une normalité nouvelle des relations internationales. En réalité, cette période de paix - la plus longue qu'a connue notre pays depuis sa fondation, où qu'on la situe - était due à des circonstances exceptionnelles qui ne sont plus, que ce soit le deuil après les carnages des deux guerres mondiales, la stabilité de la guerre froide ou la suprématie américaine.
La guerre est de retour sur notre continent, mais au-delà de cette tragédie, nous devons nous accoutumer à un monde multipolaire de puissances grandes et moyennes que ne régissent que les rapports de force. C'est dans une jungle où rôdent des carnivores et où le garde-chasse américain se fait discret ou indifférent que les Européens doivent apprendre à vivre.
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Le pays qui a théorisé la nécessité de préserver l'équilibre des puissances en Europe en oublie la signification. Il prête la main à l'instauration d'une hégémonie qu'il ne veut pas voir venir, et qu'il accompagne même avec complaisance.
Mais les péchés de la diplomatie britannique ne se résument pas à ça. Elle commet par ailleurs deux erreurs cardinales : en premier lieu, celle de surestimer la puissance française et de sous-estimer les capacités de redressement allemandes; en second lieu, celle de ne pas comprendre qu'au xx° siècle, l'Europe est un espace géopolitique unique. S'accommoder des ambitions allemandes en Europe de l'Est, c'est menacer à terme la sécurité de la France et donc de la Grande-Bretagne.
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Rien de moins révolutionnaire et rien de plus « russe » que la politique étrangère de Staline qui, comme tous les tsars qui l'ont précédé, vise à assurer la sécurité de la frontière occidentale du pays en avançant inexorablement vers l'Europe centrale. Il ne fait que reprendre une « marche en avant » qu'ont un instant arrêtée les défaites de la Grande Guerre. À cet égard, l'effondrement de l'URSS en 1991 représente un tel recul, même par rapport à ces dernières, qu'il n'est pas difficile de prévoir que la Russie fera tout pour en pallier les effets. Dans ce contexte, l'invasion de l'Ukraine retrouve sa logique propre.
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Les États-Unis ont également conduit une politique d'une grande rationalité qui, en 1919, a deux objectifs en Europe: empêcher une puissance d'y imposer son hégémonie et y préserver leurs intérêts économiques et financiers. Il est alors logique de juger que la Grande-Bretagne et la France sont capables par elles-mêmes d'assurer le premier. Les États-Unis peuvent donc en conclure qu'ils n'ont pas besoin de s'impliquer dans les affaires européennes, ce qui correspond d'ailleurs à une tradition qui remonte à George Washington.
Wilson hors course, ils s'en tiennent là. En ce qui concerne leurs intérêts économiques et financiers, comme nous l'avons expliqué, ils supposent le maintien d'une capacité de paiement allemande pour honorer la dette privée aux mains des investisseurs américains, ce qui va à l'encontre des besoins français de réparations substantielles, que Washington sacrifie donc sans état d'âme comme l'aurait d'ailleurs fait tout pays dans cette situation.
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(…) davantage que les coups de dés du Führer ou l'aveuglement des Britanniques, ce qui explique les succès de l'Allemagne, c'est tout simplement sa puissance.
Les rapports de force sont à ce point en sa faveur, comme l'a pressenti dès 1919 la France, que surmonté l'impact de la défaite et écartée la suprématie française, elle ne peut qu'imposer une hégémonie inscrite dans sa démographie et dans son économie. Sans l'hubris hitlérienne, l'Europe aurait été durablement allemande.
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Une fois de plus, il est difficile de ne pas sentir que la France ne se veut ferme que parce qu'elle sait d'entrée de jeu que la Grande-Bretagne ne la suivra pas, ce qui lui donnera un excellent prétexte pour ne rien faire tout en ayant une explication de son inaction pour la Chambre et l'opinion publique.
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Rien ne convainc la Grande-Bretagne de concevoir une politique d'endiguement aux côtés de la France. Hitler à chaque coup d'éclat non seulement annonce que c'est le dernier, mais y ajoute des propositions de négociation. Pour Londres qui a intériorisé la notion « keynésienne » de l'injustice à réparer du traité de Versailles, c'est irrésistible. On reconnaît in petto que l'Allemagne n'a fait que corriger un tort dont on attribue naturellement la paternité à la France et on s'accroche à l'espoir que désormais tout est réglé, d'autant que l'interlocuteur se fait patelin. La presse britannique ne cesse à chaque occasion de vanter la « sincérité » du Führer, voire son pacifisme. Stresemann, Brüning ou Hitler : après tout, quelle différence? semble-t-on croire à Londres. A chaque concession - l'égalité des droits en 1932, le réarmement en 1935, la réoccupation de la Rhénanie en 1936, l'Anschluss et Munich en 1938 -, nous voyons la diplomatie britannique exprimer l'espoir qu'elle soit la base d'un nouveau règlement européen qui se substituerait à Versailles et satisferait toutes les puissances. À chaque fois, elle se résout à accepter la concession suivante pour parvenir enfin au moment où, pour citer Chamberlain, « les revendications raisonnables ont été satisfaites, les suspicions ont été levées et la confiance enfin restaurée ». C'en est ahurissant rétrospectivement, et c'en serait presque comique si ce n'était tragique, si chaque étape n'affaiblissait pas la France.
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