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EAN : 9791021052888
336 pages
Tallandier (16/03/2023)
4.27/5   28 notes
Résumé :
« Quand on a de tels alliés, on n’a pas besoin d’ennemis ! » constate Gérard Araud dans cette relecture inédite de l’entre-deux-guerres. Un regard passionnant sur cette période cruciale où la France,lucide et terriblement seule, se battait pour sauver la paix.

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, la France sort victorieuse mais épuisée, durablement blessée dans sa chair et sur son territoire. L’Allemagne n’accepte pas sa défaite et se sent hum... >Voir plus
Que lire après Nous étions seuls : L'histoire diplomatique de la France (1919-1939)Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
FRANCE 1918 : UNE VICTOIRE À LA PYRRHUS.
Une histoire de l'entre deux guerres réécrite. Avec une thèse bien argumentée et qui se lit comme un roman à suspens bien qu'on en connaisse le triste dénouement.
En 1918, la France est un pays meurtri : pertes humaines 30% des 18-35 ans à laquelle s'ajoute une baisse de la natalité de 40%.
Elle a perdu les 3/4 de son potentiel industriel : le 1/3 nord de la France a été ravagé par les combats ; de plus les allemands en quittant le pays ont noyé les mines de charbon, détruit les usines, arraché les arbres fruitiers. le vainqueur est ruiné alors que l'Allemagne est intacte n'ayant pas eu de combat sur son territoire. D'ailleurs, en 1929 cette dernière a retrouvé son PIB d'avant guerre, tandis que la France s'est endettée de 33 milliard de francs or pour sa reconstruction.
De plus, l'inflation que l'Allemagne a laissée filer au détriment de sa classe moyenne, a permîs de dévaluer la dette.
Or, le très brillant et écouté Keynes publie une analyse biaisée du traité de Versailles (peut être influencée par sa liaison avec un membre de la délégation allemande) qui va se graver au marbre dans tous les esprits : le traité de Versailles aurait fait le lit de la 2eme guerre mondiale, alors que pour l'auteur, c'est en réalité la crise de 1929 qui a engendré le nazisme.
Avec le traité de Versailles, l'Angleterre a eu ce qu'elle voulait : colonies et flotte allemande. de plus, pour améliorer ses échanges extérieurs, elle contribue à relancer l'économie allemande en vidant le traité de Versailles de sa substance par une politique très germanophile ; elle a obtenu sa quote part de dommages de guerre alors qu'elle a peu perdu (quelques navires torpillés par les sous marins allemands) : les armes des soldats anglais et américains ont été fournies pour l'essentiel par la France.
Responsabilité des USA : « Les fruits de la victoire de 1918 furent perdus parce que les Americains refusèrent d'accorder à la France les garanties qu'elle réclamait sur le Rhin. Puis les anglais se récusèrent stupidement en les suivant »
Erreurs stratégiques : la France, traumatisée par la guerre 14-18, reste sur une ligne défensive et non offensive. La ligne Maginot, supposée économiser des effectifs, en immobiliseront au contraire une quantité considérable faisant perdre à l'armée toute mobilité ; la moitié de l'armée française attendra l'arme au pied pendant qu'elle sera contournée contournée par le nord. Malgré des avertissements éclairés (colonel De Gaulle) on n'envisage pas de grandes unités blindées, on considère que l'aviation joue un rôle accessoire et on continue de s'enthousiasmer pour le cheval. Ainsi, la France se prépare à renouveler la grande bataille d'infanterie qu'elle a gagnée à Verdun.
Dès 1936, tout joue contre la France : elle est trahie par la diplomatie anglo-saxonne ; Blum bien que socialiste, refuse d'aider la république espagnole pour ne pas cautionner le bolchevisme, ce qui autorise la présence des troupes allemandes en Espagne ; l'Italie rentre dans l'Axe car Mussolini n'est soutenu ni par la France ni par l'Angleterre quand il envahit l'Éthiopie : ainsi, la France qui a encore la meilleure armée du monde, est entourée de forces neutre (Belgique) ou hostiles sur 3 frontières et se prive d'une alliance avec l'URSS, qui, avec Angleterre eut été dissuasive pour Hitler.
A propos des Accords de Munich : « Chamberlain dirige, Daladier subit »
Influence des USA : pour assurer le remboursement de la dette allemande, ils sacrifient les besoins de réparation des dommages de guerre français du traité de Versailles.
L'auteur conclue par une uchronie : que se serait il passé si les Français n'avaient pas eu le moral dans les chaussettes et avaient été plus réactifs?
Ce livre, précieux, écrit par un ancien ambassadeur de France aux USA, procure une vision bousculante, à ceux qui ont appris l'histoire dans les manuels scolaires.
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Eminent diplomate (son dernier poste était à Washington en tant qu'ambassadeur de France), Gérard Araud ne renonce pas à apporter un éclairage original sur les affaires du monde et, qui sait. y apporter son grain de sel. Avec "Nous étions seuls, une histoire diplomatique de la France 1919-1939" il nous livre un ouvrage passionnant non pas d'historien mais de "professionnel". G. Araud relit la lente descente aux enfers que fut l'entre deux guerres sous un éclairage cru et sans fioriture.

L'auteur ne fait donc pas oeuvre d'historien. Il ne prétend pas avoir dépouillé de nouvelles archives, exhumé des secrets d'Etat pouvant donner lieu à des révélations inédites. Non, il livre sa thèse sur ce qui a conduit la France au désastre de 1940 dont nous gardons la mémoire enfouie et toujours douloureuse.

Sans sous estimer les erreurs et les renoncements de la diplomatie française, G. Araud place au ban des accusés la Grande Bretagne et les Etats-Unis. La première pour avoir de tous temps privilégié à son profit la division entre les Etats de l'Europe continentale (et en l'occurrence au détriment de la France perçue, à tort, comme nettement pus puissante que l'Allemagne) ; et les deuxièmes pour fondamentalement se désintéresser de l'Europe et de ses querelles sauf quand cela nuit au commerce et aux intérêts américains. L'auteur n'hésite pas à parler de "trahison" à l'égard de la France de la part de deux pays qui s'étaient formellement engagés à préserver sa sécurité.

G. Araud, fort de nombreux arguments, citations... s'emploie donc à déboulonner quelques idées reçues, par ex. sur le traité de Versailles (certes imparfait, mais en rien un "diktat"), la "victoire" de la France en 1918 (victoire en trompe l'oeil ou du moins à la Pyrrhus) ; sans hésiter non plus à livrer des piques (en juin 40, sans la Manche, Londres serait tombé avant Paris).

On pourra discuter de ces thèses et cela sera tant mieux. le livre quoi qu'il en soit me semble très salutaire. Et surtout, la géographie et les caractères nationaux étant ce qu'ils sont, ces analyses semblent encore pertinentes aujourd'hui par ex. sur la vraie nature des engagements internationaux des Etats-Unis ou la duplicité toujours renouvelée de la Grande-Bretagne à l'égard de l'Europe.


avoir
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« Jacques Bainville avait tout prévu », évidemment et il est heureux que l'auteur le reconnaisse. J'ai bien apprécié l'équilibre qui guide sa plume entre d'une part la critique des hommes, des pays, des politiques et d'autre part la mise en évidence des facteurs personnels, économiques, historiques, sociologiques qui ficelaient les acteurs et ont conduit à la catastrophe qui était en germe en 1918. La guerre d'Ukraine à laquelle l'auteur fait allusion est née de la même façon, enfant des hommes et de multiples facteurs. L'auteur conclut « qu'il n'y a pas de politique étrangère sans un horizon de recours à la force « » et son livre le démontre amplement. Il souligne ainsi à juste titre que la force doit être au service de la diplomatie mais qu'elle est indispensable.
Je connaissais déjà l'histoire mais le livre de Gérard Araud m'a violemment ému à tel point que j'en ai arrêté la lecture plusieurs fois, Heureusement les plaisants( et souvent amères) portraits que dresse l'auteur de certains homme politiques permettent de se détendre et de s'échapper du lacet dans lequel on voit notre pays se débattre seul.
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ai emprunté vendredi a la mediarheque de quimpzer le livre de géard Araud ( amabassadeur de france en israel et aux etats unis. le livre raconte l histoire diplomatique de la france de 1919 A 1939. c est passionannt , on comprend mieux grace à son analyse pourquoi on allait perdre la guerre en 1940. En effet, les anglais ( avant churchill) n avaient rien contre hitler , ils avaient par contre peur des soviétiques, ce n etait pas grave de ceder une partie des sudetes aux allemands, pas grave de ne rien dire par rapport a l anchluss, bref la france etait vraiment seul car comme le cite l auteur : " en septembre 1939, la france se trouve dans une position bien pire qu un 1914 " , en 1939 , on rentre en guerre pour un pasy ( la pologne) qui n est pas un allié proche, c est donc plutot une guerre de choix et non d obligation. Il precise que le moral de l armee est bon , il ne va pas de meme a Paris où les pacifistes intriguent ( laval, petain, flandin etc) , ils prednront leur revanche a vichy; La plus grande tragedie de l histoire commence , rappelons le chiffre horrible de 50 millions de morts '( civisl et militaires)
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"Nous étions seuls, Une histoire diplomatique de la France, 1919-1939" mérite d'être lu, et tout particulièrement dans le contexte actuel, car il rappelle le déroulement d'une période de l'histoire européenne qui, peu favorable à la France, y est trop peu connue.
Il tire sont intérêt d'une recherche approfondie, notamment dans les correspondances diplomatiques mais aussi de l'analyse que Gérard Araud, en ancien diplomate, fait des ressorts profonds des politiques intérieures des pays impliqués.
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critiques presse (2)
LeMonde
16 mai 2023
L’ouvrage alerte Nous étions seuls. Une histoire diplomatique de la France 1919-1939 apporte néanmoins un regard nouveau, en premier lieu sur le traité de Versailles, largement considéré par toute une historiographie, notamment anglo-saxonne, comme l’exemple d’une paix ratée qui, en humiliant l’Allemagne, fut le terreau de la montée du nazisme.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaCroix
09 mai 2023
Des derniers jours de la défaite allemande en 1919 jusqu’à l’invasion de la Pologne par l’Allemagne nazie en 1939, l’historien Gérard Araud revient sur le destin de la France d’entre-deux-guerres.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
La question est cependant légitime. Londres et Paris s’apprêtent à faire la guerre pour Dantzig à la population entièrement allemande, dont le statut de ville libre n’est en rien indispensable pour la Pologne qui s’est dotée depuis 1919 du port de Gdynia. Sur le fond, Dantzig est sans doute le contentieux où les arguments de l’Allemagne sont les plus forts et où une concession aurait le moins de conséquences stratégiques. Grande-Bretagne et France se sont donc livrés pieds et poings liés au gouvernement polonais, qui refuse toute négociation avec l’Allemagne sur le sort de la ville libre;
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Je souhaite ardemment que le désastre de la bataille de France continue de hanter nos mémoires pour nous contraindre à ne jamais baisser la garde, à ne jamais confier notre sécurité à autrui et à ne jamais oublier qu'une nation peut disparaître, comme la France a failli sombrer physiquement et moralement ces années-la. Au moment où renait la rivalité entre grandes puissances, alors même que la guerre revient sur notre continent, nous ne pouvons nous bercer des illusions qui nous ont coûté si cher. C'est à réarmer nos âmes, nos esprits et nos corps que nous appelle l'écho de ce tragique passé.
Ce vœu s'enracine dans la conviction que nous sortons, avec l'invasion de l'Ukraine, de soixante-dix-sept années de paix en Europe occidentale, à l'exception de la guerre civile en ex-Yougoslavie, où nous avons voulu voir - à tort - une normalité nouvelle des relations internationales. En réalité, cette période de paix - la plus longue qu'a connue notre pays depuis sa fondation, où qu'on la situe - était due à des circonstances exceptionnelles qui ne sont plus, que ce soit le deuil après les carnages des deux guerres mondiales, la stabilité de la guerre froide ou la suprématie américaine.
La guerre est de retour sur notre continent, mais au-delà de cette tragédie, nous devons nous accoutumer à un monde multipolaire de puissances grandes et moyennes que ne régissent que les rapports de force. C'est dans une jungle où rôdent des carnivores et où le garde-chasse américain se fait discret ou indifférent que les Européens doivent apprendre à vivre.
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Rien ne convainc la Grande-Bretagne de concevoir une politique d'endiguement aux côtés de la France. Hitler à chaque coup d'éclat non seulement annonce que c'est le dernier, mais y ajoute des propositions de négociation. Pour Londres qui a intériorisé la notion « keynésienne » de l'injustice à réparer du traité de Versailles, c'est irrésistible. On reconnaît in petto que l'Allemagne n'a fait que corriger un tort dont on attribue naturellement la paternité à la France et on s'accroche à l'espoir que désormais tout est réglé, d'autant que l'interlocuteur se fait patelin. La presse britannique ne cesse à chaque occasion de vanter la « sincérité » du Führer, voire son pacifisme. Stresemann, Brüning ou Hitler : après tout, quelle différence? semble-t-on croire à Londres. A chaque concession - l'égalité des droits en 1932, le réarmement en 1935, la réoccupation de la Rhénanie en 1936, l'Anschluss et Munich en 1938 -, nous voyons la diplomatie britannique exprimer l'espoir qu'elle soit la base d'un nouveau règlement européen qui se substituerait à Versailles et satisferait toutes les puissances. À chaque fois, elle se résout à accepter la concession suivante pour parvenir enfin au moment où, pour citer Chamberlain, « les revendications raisonnables ont été satisfaites, les suspicions ont été levées et la confiance enfin restaurée ». C'en est ahurissant rétrospectivement, et c'en serait presque comique si ce n'était tragique, si chaque étape n'affaiblissait pas la France.
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La leçon de l'entre-deux-guerres (est) de rappeler une sagesse qui vient du fond des âges et que l'Europe a un temps oubliée dans le confort post-moderne dont elle a bénéficié. Cette sagesse que la Grande-Bretagne a ignorée de 1919 à 1939 alors qu'elle avait fondé sa politique étrangère pendant des siècles, cette sagesse que la France jugeait n'avoir pas les moyens de mettre seule en œuvre, elle peut se résumer en une phrase : il n'y a pas de politique étrangère sans un horizon de recours à la force. Le rapport entre les deux est paradoxal : en venir au second prouve que la première a échoué, mais celle-ci ne peut espérer réussir que si l'interlocuteur est convaincu que celui-là n'est pas exclu.
Rapport paradoxal et équilibre délicat : il ne faut pas que la négociation à tout prix l'emporte, mais il ne faut pas non plus que le recours à la force ne devienne une facilité, comme ce fut le cas aux États-Unis depuis les attentats du 11 septembre 2001. Oui, diplomatie et force vont ensemble, mais c'est la première qui a le pas et doit le conserver. C'est ce qu'avait compris Aristide Briand. Un mauvais compromis est meilleur qu'une bonne guerre. Ce n'est que lorsque le destin du pays est en jeu qu'il faut savoir tirer l'épée.
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Les États-Unis ont également conduit une politique d'une grande rationalité qui, en 1919, a deux objectifs en Europe: empêcher une puissance d'y imposer son hégémonie et y préserver leurs intérêts économiques et financiers. Il est alors logique de juger que la Grande-Bretagne et la France sont capables par elles-mêmes d'assurer le premier. Les États-Unis peuvent donc en conclure qu'ils n'ont pas besoin de s'impliquer dans les affaires européennes, ce qui correspond d'ailleurs à une tradition qui remonte à George Washington.
Wilson hors course, ils s'en tiennent là. En ce qui concerne leurs intérêts économiques et financiers, comme nous l'avons expliqué, ils supposent le maintien d'une capacité de paiement allemande pour honorer la dette privée aux mains des investisseurs américains, ce qui va à l'encontre des besoins français de réparations substantielles, que Washington sacrifie donc sans état d'âme comme l'aurait d'ailleurs fait tout pays dans cette situation.
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Videos de Gérard Araud (16) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gérard Araud
Selon les sondages, Donald Trump apparaît en tête des intentions de vote de l'électorat conservateur, quel est le bilan de sa politique étrangère ? Quelles conséquences son retour à la Maison Blanche aura-t-il sur la suite de ces conflits ?
Pour en parler, Guillaume Erner reçoit : Gérard Araud, diplomate et ancien ambassadeur de France aux États-Unis
Visuel de la vignette : Timothy A. Clary / AFP
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