Citations sur Le train des enfants (214)
Je pense à ma maman Antonietta. Le soir, au lit, je collais mes pieds froids contre sa cuisse. Elle s’énervait : « Tu me prends pour ton radiateur ? Enlève-moi ces bouts de morue de là ! » Mais après, elle m’attrapait les pieds et les réchauffait entre ses mains, orteil par orteil. Et je m’endormais, mes doigts de pied au chaud entre ses doigts de main.
(pages 70-71)
Dans cette école, la maîtresse est un monsieur qui s’appelle M. Ferrari. Il est jeune, il n’a pas de moustache et ne roule pas les r. Il dit aux autres que je suis un des enfants du train, qu’ils doivent m’accueillir et me faire me sentir comme chez moi. Chez moi, je n’avais rien, je me dis. Alors ce serait mieux qu’ils me fassent me sentir comme chez eux.
(page 124)
Parfois ceux qui te laissent partir t'aiment plus que ceux qui te retiennent.
L’accueil, la solidarité, […] ça a aussi un goût amer, à la fois pour ceux qui en font preuve et pour ceux qui en bénéficient.
Vous n’êtes pas en exil, répond le maire. Vous êtes avec des amis qui veulent vous aider, ou plutôt avec des camarades, c’est plus que des amis, parce que l’amitié c’est une affaire privée entre deux personnes, et ça peut se terminer. Alors qu’entre camarades on se bat ensemble parce qu’on croit dans les mêmes choses.
Dans cette école, la maîtresse est un monsieur qui s’appelle M. Ferrari. Il est jeune, il n’a pas de moustache et il ne roule pas les r. Il dit aux autres que je suis un des enfants du train, qu’ils doivent m’accueillir et me faire sentir comme chez moi. Chez moi je n’avais rien, je me dis. Alors ce serait mieux qu’ils me fassent me sentir comme chez eux.
En les voyant arriver dans la ruelle, La Jacasse faisait la grimace et disait : « Les dames de la charité sont là. » Nous, au début on était contents parce qu’elles nous apportaient des colis avec de la nourriture, sauf que petit à petit on s’est aperçus que dans les colis, il n’y avait ni pâtes ni viande ni fromage. Il y avait du riz. Toujours du riz, rien que du riz. Chaque fois qu’elles venaient, ma maman Antonietta levait les yeux au ciel et disait : « Fais riz-ette, on va faire riz-paille. »
Les préjugés, c’est quand tu penses quelque chose avant même de la penser parce que quelqu’un te l’a mise dans la cervelle et qu’elle y est restée bien plantée. Il a dit que c’est comme une sorte d’ignorance, et que tout le monde, pas seulement mes camarades d’école, doit faire attention à ne pas penser avec des préjugés.
À la fin de la chanson, ils lèvent tous le poing vers le ciel, qui est gris et plein de nuages longs et fins. Mariuccia et Tommasino pensent qu’ils montrent leurs poings parce qu’ils s’engueulent. Alors je leur explique qu’ils font le salut communiste, c’est différent du salut fasciste, que je connais par la Royale. Quand elles se croisaient dans la ruelle, la Jacasse et la Royale faisaient chacune son salut et on aurait dit qu’elles jouaient à pierre-feuille-ciseaux. (pages 77-78)
Luigi, c’était mon grand frère et sans la mauvaise idée qu’il a eue d’attraper l’asthme bronchique quand il était petit, maintenant il aurait trois ans de plus que moi. Ce qui fait qu’à ma naissance, j’étais fils unique.
(page 18)