AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Michel69004


Avec le choix, Viola Ardone ré-utilise avec succès la recette de le train des enfants qui a conquis un énorme lectorat.
J'ai lu l'un à la suite de l'autre.
Quatre parties. Les trois premières, à hauteur d'adolescente, dessine un drame en trois actes: Oliva a quinze ans et vit à Martorana, un village de Sicile dans les années soixante.
Comme dans le Train, on retrouve ce vocabulaire simple, populaire et parfaitement coloré qui porte haut la parole des personnages, une expression caractéristique (mythique) propre à l'héroïne : « Le…, moi je suis pour (ou contre) », des personnages typés, parfois picaresques, rarement caricaturaux, le quotidien misérable des pauvres etc.
Evidemment, même si c'est un peu moins magique, ça fonctionne parfaitement. On a le visage brulé par le soleil assassin, on tremble de froid dans la boue, on vit comme on peut, de pas grand chose, de l'amitié, de poésie aussi, un peu.
Mais surtout on est assigné à vie à sa condition. Ici la condition d'une adolescente pauvre qui devient une jolie jeune femme grâce à ( à cause de ) la malédiction du « cardinal », des menstrues donc.
« Moi, le cardinal, je suis contre …les règles du cardinal, c'est: marche en regardant tes pieds, file droit et reste à la maison »
Oliva, la narratrice, a un frère jumeau Cosimino, le préféré de sa mère. Il glandouille tranquillement pendant que les femmes s'activent. La mère est une mégère calabraise qui édicte des règles aussi strictes qu'immuables. La femme sicilienne des années 60 est la soeur de peine de la femme afghane d'aujourd'hui. D'ailleurs, Oliva a une soeur ainée, Nellina, qui vit en recluse chez son mari violent depuis la fausse-couche qui l'a littéralement brisée.
Le personnage du père est très intéressant. Il est dépeint comme une sorte de Bartleby rural, très très peu causeur (« Je préfère ne pas…. ») mais qui, comme le héros de Melville, aura son heure de gloire.
Cerise sur la Casatta, on retrouvera Maddalena, la vaillante communiste napolitaine du Train des enfants, qui sera, là aussi, au bon moment.
La dramaturgie est parfaitement réglée : on marie les filles à 15 ou 16 ans, si elles ne veulent pas on les viole et on transforme le crime en « mariage réparateur ».
Les trois premiers actes déroule avec maestria une narration épique où le lecteur (ou la lectrice, enfin là c'est moi) serre les dents, se révolte, rugit, bougonne, sourit et finit par pleurer.
Mais, mais ,mais il y a ce fameux quatrième chapitre qui rebat les cartes, ré-assigne les principaux rôles, permet une analyse plus fine et plus distanciée.
Il se déroule en 1981. Alors la narration se divise entre Oliva et son père, à tour de rôle jusqu'au dénouement où…on pleure à nouveau, bien sur.

Oui ,le crime d'honneur et le mariage réparateur n'ont été aboli, dans la loi italienne, qu'en 1981:  Abrogation des articles 544 et 587 du code pénal.
Commenter  J’apprécie          3414



Ont apprécié cette critique (34)voir plus




{* *}