L'empathie peut tuer. C'est juste plus lent qu'un coup de couteau.
A quel degré de stupidité et d'aveuglement en suis-je arrivé pour ne pas m'être rendu compte jusque-là qu'Annabelle est la seule qui ne m'a jamais abandonné ?
Je suis la personne dont tu as le plus besoin et tu es celle dont j'ai le plus besoin. Je veux vivre à tes côtés jusqu'à la fin de mes jours. Je me fiche que tu sois tordu et malade. Je ne peux pas te dire pourquoi c'est toi, pourquoi ce sera toujours toi, c'est comme ça. C'est arrivé comme ça, et ça ne changera jamais. Enfonce-le-toi dans le crâne.
La folie est quelque chose d’étrange. On ne s’en rend pas vraiment compte. Elle s’insinue dans les synapses, court-circuite leur chemin, enveloppe les neurones de douleur, de détresse, puis de torpeur. Elle fait basculer de l’autre côté, là d’où il est difficile de revenir. C’est comme de chuter dans le vide en se retenant à un bout de corde à moitié effiloché.
— Ça va, je n’ai pas envie de dormir tout de suite. J’ai besoin de me détendre d’abord.
— Et tu as donc décidé de pourrir ce qui reste de ma soirée pour parvenir à tes fins ?
— Exactement ! Tu pourris mon oxygène avec tes miasmes éthyliques, tu me dois bien ça !
- Qu'est-ce que tu vois au fond de moi ? chuchoté-je en penchant la tête vers sa chevelure, mes lèvres égarées sur sa tempe.
- Un homme blessé qui court après le bonheur sans savoir à quoi il ressemble.
- Je veux être ton addiction, murmuré-je lorsqu'il se dresse devant moi.
- Sois rassurée alors. Il n'en existe pas de plus obsédantes que toi.
Je ne renoncerai jamais à lui, je ne le laisserai pas se détruire, quitte à me brûler les ailes en retour. Je me fous d'exploser en plein vol, tant que c'est avec lui.
Même s'il agit pour me repousser, je n'ai pas l'intention de n'aimer de lui qu'une seule facette, celle qui m'arrange, ou de m'accrocher à un souvenir désormais révolu. Même sa noirceur, je désire la connaître, me l’approprier pour mieux le chérir quand tout ira mal.
Avec lui, je n’ai pas besoin d’expliquer quoi que ce soit pour qu’il sache déjà. C’est peut-être paradoxal parce qu’il ne manie pas les émotions comme toi et moi, pourtant, c’est ce que j’ai toujours ressenti à son égard. Sûrement parce qu’en réalité, Damian comprend mon propre monstre.