On s'est noyé dans la bureaucratie parce qu'à Bercy, on a parfois beaucoup de mal à comprendre que le monde n'est pas fait que de gens en costard-cravate qui se piquent d'environnement véritable et respectent les règles.
On est face à une usine à gaz financière pensée par les plus grands polytechniciens et on se fait plumer par une bande d'escrocs qui ont commencé il y a vingt ans dans les jeans, dont certains ne savent même pas écrire.
Augustin de Romanet confirme: "En octobre 2008, on me dit qu'il y a des risques de fraude, qu'il y a des choses pas claire. J'ai dit à Pierre Ducret, vice-président de Bluenext : "Tu vas à Bercy sans délai pour mettre de l'ordre". Il m'a dit à son retour qu'ils avaient l'air endormis à Bercy, un peu comme si ce n'était pas leur argent."
Voilà la vérité, je la crois telle, de ce dossier: la gloire des escrocs n'aurait rien été dans la déraison de l'État qui, par arrogance, enfermement idéologique et mépris de ses plus vaillants serviteurs, a perdu un peu de ce qui doit pourtant le tenir , Son honneur.
D'un côté, il y a l'enfant des faubourgs qui est devenu millionnaire à force d'escroqueries et peut désormais rêver de la responsabilité qu'apporte l'argent. De l'autre, le gamin privilégié qui, a trop avoir tout pour lui, frôle les lignes rouges, attiré par les sueurs froides. Et, pour tous les deux, il existe cette même malédiction du jeu qui transforme ses adeptes en esclaves consentants d'où qu'ils viennent, d'en haut ou d'en bas de l'échelle.
Un jour, vous êtes au sommet. Puis le lendemain, plus. Gloire, vengeance et décadence.
La roue tourne vite.
Il semble néanmoins exister une règle intangible dans ce monde sans règle: quand vous en êtes, vous n'en sortez plus, pris d'une manière ou d'une autre dans un lacis d'argent et de sang.
Une fois, le procureur present a l'audience, Patrice Amar, lui rétorque : " Peut-être que vous ne savez ni lire ni écrire, mais vous savez compter."
Marco Mouly n'a pu réprimer un sourire.
L'histoire relatée dans cet ouvrage n'est pas inspirée de faits réels; elle est réelle.
Comme l'écriront des juges spécialistes de l'arnaque , " la marge commerciale est alors gracieusement fourni par l'État ."
Et, à chaque nouveau marché, les escrocs guettent.