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Critique de deidamie


« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, on part au Japon avec un roman signé par Sawako Ariyoshi, le crépuscule de Shigezo.

Or donc, quelle vie active que celle d'Akiko ! Elle travaille à temps plein, garde sa maison impeccable et cuisine pour son époux et son fils qui termine le lycée. Sa belle-mère meurt brutalement et la charge de Shigezo, son beau-père dur et mauvais devenu gâteux, échoit désormais à sa famille… Comment s'en sortir, aussi bien sur le plan psychologique que financier ?

-Bah tu galères, voilà comment tu t'en sors.

-Tu as raison ! Mais avant, je dois dire que j'ai été frappée du portrait de famille. J'ai l'impression de gens qui cohabitent sans éprouver de sentiments forts les uns pour les autres parce qu'ils n'en ont pas le temps. Akiko se consacre sans faiblir à une multitude de tâches, Nobutoshi, son mari, est absorbé par son emploi, Satoshi, le fils, prépare son entrée à l'université… Ils vivent ensemble, sans avoir le temps de parler. Chacun reste un peu isolé des autres.

Le roman dresse également un état des lieux de la vieillesse au Japon avec son lot de difficultés : le manque de structures, de solutions, la détresse des ménages modestes démunis face à une situation accablante. J'avais lu Les dames de Kimoto sans comprendre pourquoi un bandeau présentait l'autrice comme la Simone de Beauvoir du Japon.

Je le saisis mieux avec ce roman : Sawako Ariyoshi expose comment une situation va affecter la vie d'une femme. Il est attendu qu'Akiko se sacrifie pour Shigezo. Elle est vampirisée par ses obligations familiales et se retrouve déchirée entre ses aspirations et ses contraintes.

-Quelle déprime, ce bouquin…

-Hé bien non, justement. Oui, la vie d'Akiko plonge toujours plus loin dans la difficulté, mais reste teintée d'ambivalence, entre dégoût, tristesse, rite initiatique et superstitieux. Shigezo devient un enfant, un poids, mais aussi un dieu qu'on ne peut pas négliger. Un dieu incompréhensible, mystérieux, dépendant d'elle pour exister.

-Déidamie, tu divulgâches, vilaine moche !

-Meuh non, c'est en quat' de couv' et c'est l'un des enjeux du texte !

Akiko va finir par éprouver une forme d'amour pour cet être qui autrefois la maltraitait. Je n'ai pas pu m'empêcher de penser à Saint-Exupéry et au Petit Prince : « C'est le temps que tu as perdu pour ta rose qui rend ta rose si importante. » Plus elle prend soin de lui, plus il prend de l'importance.

Et, détail non négligeable, le roman exploite le sens de l'odorat ! Un de plus à ma collection !

-Ah oui, super ! Odeurs d'urine, d'excréments, de pourriture… si vous êtes trop sensible à ça, ne lisez pas ce roman, vous en prendrez plein le nez. Pas d'odeur positive pour équilibrer un peu !

-Pas faux… Quoi qu'il en soit, je me réjouis d'avoir rencontré les livres de cette autrice ! le crépuscule de Shigezo constitue un objet hybride entre l'exposé et le roman, écrit avec finesse et intelligence. Passionnant, à mon humble avis. »
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