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Critique de Loulouread


Lorsque j'étais jeune, mes parents gardaient ma grand-mamie à la maison. Je me trouvais chanceuse d'avoir deux mamans pour prendre soin de moi. Jusqu'à ce que j'entende maman dire que sa mère retombait en enfance. Sa santé a décliné, elle a perdu la parole, elle fixait le mur toute la journée et mettait des heures à faire pipi. Elle est décédée à 68 ans avec le néant au fond des yeux.
De mémoire, elle était facile à garder et n'essayait pas de se sauver. Très différente de Shigezo, le personnage central de ce récit.

Shigezo a toujours été difficile à vivre et exigeant pour sa femme et ses enfants. À la retraite, il s'installe chez son fils Nobutoshi et sa belle-fille Akiko. Les grands-parents habitent dans un petit pavillon derrière la maison de Nabutoshi. Lorsque la femme de Shigezo décède subitement, il se retrouve démuni et toute la famille aussi car il semble perdre la boule et être plus sénile que prévu.
S'engage alors un cycle infernal pour Akiko, qui doit tout prendre en main car c'est le rôle de la femme malgré que ce soit le père de son mari. Celui-ci est totalement dépassé et se met carrément la tête dans le sable. Quel être ennuyant et stérile. Il n'apporte aucune aide à sa femme ne cesse de geindre. Heureusement que le garçon adolescent participe un peu à la poursuite de papy. Car Shigezo a la sénilité fuyante, pas propre et affamée.

Sawato Ariyoshi a écrit à roman troublant de vérité sur les relations dans les familles lorsqu'on se retrouve face à la vieillesse et la mort des parents. Les rites funéraires japonais sont bien expliqués et le malaise des hommes à prendre soin des aînés également. Akiko représente la femme moderne qui veut travailler mais sur qui le poids des conventions sociales retombe toujours. Elle est un modèle de bravoure envers son beau-père qui retourne vers une seconde enfance.

Le texte est soutenu et on a quasiment hâte à la fin de vie de Shigezo pour donner du répit à Akiko. Mais ce n'est pas tellement ce qu'elle veut. Elle apprend sur son propre vieillissement et malgré le pathétique des corvées pipi, caca, le fait de prendre soins la révèle à elle-même.
« Akiko était bien décidée, pour son compte, à se maintenir en forme physiquement et mentalement. Chacun devait prendre en charge son propre vieillissement! »

Une lecture assez dure, qui fesse fort, perturbante et forcément pas rigolote. Mais c'est vraiment bien écrit et nécessaire pour prendre de bonnes décisions pour nos ainés et pour notre propre vieillissement.
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