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Critique de DawnG


Black Mambo se compose de 3 romans courts écrits par 3 auteures qui montent, qui montent, qui montent,… 3 histoires différentes mais 3 récits disposant de points communs : les veilles croyances, l'Afrique ancestrale, la magie noire ou blanche, les sacrifices,… Trois histoires qui font tour à tour froid dans le dos, mettent mal à l'aise, font réagir. Des univers et des ambiances qui font frémir, des événements forts et marquants, un peu de gore, un peu de glauque, une composition parfaitement acquise qui ne tombe dans la sur-enchère.

Les 3 romans courts sont parfaitement construits, les histoires tiennent le lecteur en halène et les 3 auteures maîtrisent leurs sujets, leurs atmosphères et leurs effets. Voici mes impressions sur chacun des textes proposés dans Black Mambo.

L'ivresse du Djinn de Vanessa Terral

Vanessa nous emmène cette fois au Maroc. Ambiance moite, touffeur et possession garantie ! Ce que j'aime chez Vanessa, c'est sa façon de narrer les légendes, les créatures et les mystères dans une histoire contemporaine et réaliste. Et là c'est encore une fois très réussi.

Ici, le lecteur découvre Leila une belle jeune femme indépendante. Mais sous le poids des traditions familiales, on lui choisi un époux, Idriss, et elle cède. Alors, à contre coeur, elle accepte de perdre sa liberté. Mais Leila est possédée par un Djinn qui se serait « jeté » sur elle lors de la cérémonie du henné alors qu'Idriss aurait tardé à la rejoindre pour la cérémonie. Leila va devoir passer par de nombreuses épreuves avant de connaître enfin la paix et la sérénité. Mais de quel façon ? Et si le danger, le malheur et la désolation ne venait pas uniquement du démon ?

Vanessa Terral nous emmène au Maroc avec ses traditions et ses légendes, ses vieilles croyances. La vie de Leila ne lui appartient pas vraiment, et pas uniquement à cause du Djinn qui la convoite. le poids des traditions pèse sur ses frêles épaules. Les rencontres que fera Leila vont changer sa vie. Ce n'est pas facile de parler de cette histoire sans trop en dévoiler.

La fin de ce roman court m'a surprise. J'ai apprécié cette tournure très différente de ce à quoi on s'attend. Peu convenue, même si, je ne suis pas sure que j'aurai pu faire ce choix à la place de l'héroïne. Trop de passif, trop de souffrance. L'histoire de Leila est bouleversante à bien des titres. Et surtout, j'ai souffert avec elle. Il y a des passages qui m'ont pincé le coeur et retourné les boyaux. La noirceur et la douleur sont présentes et j'ai eu du mal à enchainer facilement les chapitres. Certains passages sont très forts et j'avais besoin de respirer à nouveau avant de reprendre ma lecture. Mais ce n'est pas négatif. Je suis sensible à certains thèmes voilà tout. Heureusement c'est bien écrit et j'avais envie de savoir ce qu'il allait se passer.

J'ai adoré retrouvé la plume de Vanessa, dans un style direct, franc mais sincère. Et j'ai encore découvert avec elle, une culture et une créature que je ne connaissais pas. Et l'ambiance est assurément bien dépeinte. On suffoque avec Leila, la chaleur n'est pas que dans les dalles de terres cuites et dans le désert.

La danse éternelle des roseaux de Sophie Dabat

Changement de registre avec Sophie Dabat. Au début du roman, exit le désert et la fournaise du Maghreb, nous voici à Marseille. Mais, le lecteur va bien vite voyager et découvrir le Royaume du Swaziland avec son roi, ses coutumes, ses traditions, … ses rituels et sa magie tribale. Une histoire qui fait froid dans le dos mais tellement prenante !

A Marseille, une jeune femme fuit des chasseurs. Elle souhaite plus que tout sauver son enfant et réussir à le protéger. Mais à bout de force, elle ne parviendra pas à leur échapper. le capitaine Hlengiwe Dilanti, native du Swaziland est appelée sur une scène étrange. Une vieille femme a été retrouvée en pleine rue, tenant un enfant sacrifié dans les bras. Alors que tous la croit morte, Gigi s'aperçoit que la vieille est pourtant bien toujours en vie. de plus, le capitaine n'a aucun doute sur l'aspect sacrificiel de ce crime. Il lui rappelle trop bien son passé swazi. Hlengiwe va devoir se replonger dans ce passé, ses secrets et son pays natal pour découvrir l'origine de la série de crimes qui ont lieu simultanément en France et au Swaziland.

Sophie Dabat nous transporte dans ce pays ravagé par la misère, le sida et sa « dictature ». le mieux (ou le pire) c'est que tout est vrai (ou presque). le roi Mswati III existe réellement, il a bien 15 épouses, la danse des roseaux existe aussi, le pays est durement touché par la maladie… et après cette lecture, je ne m'imagine pas mettre un pied là-bas, j'ai bien trop peur ! L'imaginaire et le réel se confondent parfaitement dans le texte de Sophie Dabat. Et si tout était vrai? D'où un malaise qui peut étreindre le lecteur. La course de Gigi m'a épuisée ! J'étais avec elle, j'avais peur pour elle, j'avais peur avec elle, j'avais peur de ses découvertes. Là aussi, faut avoir le coeur bien accroché si on est sensible. Personnellement, le malaise n'a jamais basculé vers l'impossibilité de la lecture. C'est tellement bien décrit que cela peut être parfois dur. Mais c'est tellement prenant et bien fait que c'est ici aussi une super découverte.

Les enfants de Samedi de Morgane Caussarieu

Une virée dans le bayou en compagnie de Mika, un punk attachant et une plongée dans le monde vaudou avec Ghilane, voici ce que nous offre Morgane Caussarieu. Dans ce roman court, la tension monte, l'étrange s'installe. Et le lecteur découvre avec une excitation mêlée de crainte la Nouvelle-Orléans, le Baron Samedi, ses enfants buveurs de sang,…

Mika, français, arrivé pour rendre visite à sa grand-tante encore inconnue quelques semaines auparavant, assiste à Mardi-Gras, à la Nouvelle-Orléans. Complètement défoncé, il essaie d'oublier Lou, qui l'a jeté pour un grand black et oublier ses dernières actions avant de quitter la France… Errant, après une nuit de défonce, il déjeune au Délice Cajun tenue par une belle enfant du pays, Ghilane. Puis il prend enfin la route, traverse le bayou sous une pluie battante, pour atterrir dans la propriété de sa parente, une ancienne plantation où Mama, descendante des esclaves l'accueille chaleureusement. Il découvrira que cette dernière est la grand-mère de Ghilane. La jeune femme d'ailleurs ne le laisse pas insensible… Pour Mika commence alors un étrange parcourt sur cette terre remplie de croyances, de mystères et d'esprit.

Morgane Caussarieu nous plonge vraiment en Nouvelle-Orléans. Les traditions, la gastronomie, les décors, les couleurs, les routes, le bayou… On s'y croirait vraiment. Pas de mal à fermer les yeux et se laisser porter par son imagination. Elle réussit à créer une atmosphère progressivement oppressante, variation de lumière, changement de décors, odeurs végétales. L'inquiétude monte peu à peu. On sent qu'il va se passer quelques choses et que ça ne va pas être beau à voir. Et, nous sommes immergés dans la culture vaudou, les gédés, les loa, les mambos,… C'est vraiment détaillé, sans en faire des tonnes. L'histoire est prenante et on s'attache à Mika avec ses défauts. J'avais indéniablement envie de savoir ce qui va lui tomber dessus. le style de Morgane Caussarieu est incisif et percutant. On sent la maîtrise du sujet, de cet univers et on en redemande.

J'ai beaucoup aimé Black Mambo. Différent et surprenant. Terrifiant et puissant. Trois histoires qui marquent. Trois auteurs qui se démarquent. Je n'ai pas toujours été à mon aise dans ma lecture et j'aime cela aussi quand des textes arrivent à perturber ma zone de confort. J'aime être touchée, chamboulée et happée dans un univers. Et ici, j'en ai eu 3 pour le prix d'1 !
Lien : https://lesdecouvertesdedawn..
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