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11 juillet 2013
« l'homme qui plane sur la ville est l'incarnation d'une violence, menaçante et sans limites, sans visage, sans motivation, sans signification », un fantôme sans visage, une « quintessence du personnage, autrement dit du masque (persona) derrière lequel il n'y a rien que l'on ose voir ».

Les imaginaires, les incompréhensions face au monde confus, peuvent se saisir de ce personnage criminel, d'autant plus facilement qu'il n'a ni figure ni identité, qu'il « fuit constamment vers l'horizon du récit ». Une création trouvant son public parce que celui-ci peut participer à son invention, derrières les plis des récits. « Décrire le destin de Fantômas, c'est donc se concentrer sur les oeuvres autour desquelles se nouent les discours produits sur le personnage, décrire la résonance particulière de ces quelques oeuvres clés, en expliquer les raisons contextuelles, et tenter de déterminer les effets de prolifération qui se dessinent à partir d'elles ».

5Les auteurs analysent, entre autres, « la conjonction d'innovations médiatiques majeures » à l'origine du succès, le renforcement du mythe par les avant-gardes et interrogent les Trente Glorieuse comme « nouvel écrin » ou « tombeau au Génie du crime ».

Le succès de cet homme sans visage, peut devenir au XXe siècle « l'expression d'une vérité masquée quelque peu monstrueuse sur notre monde, ressuscitant les vieux fantasmes des bas-fonds de la ville, présentant une violence résistant à la pacification sociale et révélant des rêveries de révolte et de transgression ».

Jeux de mots, jeux de textes, « Aucune trouvaille ne paraît invraisemblable au lecteur, précisément parce que la vraisemblance est portée par la masse des récits qui servent d'intertextes aux romans, et parce que le lecteur (et en particulier le lecteur de l'époque) familier avec les conventions de ce sous-texte qu'il perçoit en permanence, juge les événements non à l'aune d'une logique réaliste, mais à celle d'une littérature qui fonde son plaisir sur l'excès ». Excès, peut-être, mais aussi creux, manques, intervalles à relier au gré des imaginations et des faits divers, « le monde de Fantômas ne renvoie pas tant à la réalité qu'à la déformation fantasmatique qu'en offrent les journaux de l'époque ».

J'ai notamment été intéressé par les chapitres consacrés aux lectures des avant-gardes et en particulier des surréalistes, dont René Magritte, ou Robert Desnos :

« Écoutez… Faites silence…
La triste énumération
De tous les forfaits sans nom,
Des tortures, des violences
Toujours impunis, hélas !
Du criminel Fantômas.
… »

Cet univers de fiction qui « se conçoit avant tout comme tissé de récits, de textes, de discours », ces récits de Pierre Souvestre et Marcel Allain trouvent d'autres dimensions, un écho particulier, dans la mise en films de Louis Feuillade.

L'image, comme l'écriture des auteurs, rend compte de cette « rapidité d'exécution et de narration qui donne à l'enchaînement des scènes et des rebondissement un caractère irrationnel ». Les surréalistes seront séduits par cette dimension d'écriture automatique, le surgissement du « surréel au coeur du réel ».

les-hors-la-loi-de-palente-la-greve-de-lip-de-wiaz-piotr-928110457_MLLes auteurs consacrent un petit chapitre à « Politiser le personnage », en citant différents auteurs. Je retiens cette couverture de Wiaz et Piotr « Les hors-la loi de Palente ».

La partie sur « Fantômas sixties » illustrée par les très médiocres films d'André Hunebelle montre l'inadéquation de cette figure aux « plans sociaux, culturels mais aussi politiques » de la république, cinquième du nom…

Richement illustré, cet ouvrage est un voyage dans les imaginaires du début du XXe siècle et une invitation à réfléchir sur les créations culturelles.

Loïc Artiaga et Matthieu Le
Lien : http://entreleslignesentrele..
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