AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Aussi riche que le roi (20)

Les putes s'égosillaient à la porte de tous les mecs qu'elles connaissaient, elles lançaient : je suis amoureuse de toi, ou de toi, ou de toi. En réalité, personne ne voulait jamais d'elles. Les gars du lycée, qui allaient les voir depuis l'âge de treize ans, disaient toujours qu'elles étaient de la racaille de femme, comme des femmes en moins femme ; qu'une femme, ça devait avoir de la dignité. Pourtant, Sarah les trouvait très dignes avec leur regard sans peur, leur argent rien qu'à elles, leurs seins fiers - peut-être qu'en fait on n'aimait pas les putes non pas parce qu'elles étaient moins femme, mais parce qu'elles l'étaient trop.
Commenter  J’apprécie          20
Elle avait appris qu'un garçon, ça regarde sans cesse, c'est pire que la police. Ils sont là à lancer leurs yeux partout sur les corps des filles, à approuver, et sanctionner, et surveiller, comme si elles étaient toutes leur propriété. Alors, que les femmes se mettent à se foutre un voile sur la gueule un beau matin, ça ne choquait personne à Casa. On disait : c'est normal, les pauvres, elles sont fatiguées.
Commenter  J’apprécie          20
[...] un garçon, on ne peut lui demander qu'un certain type de choses à un certain moment, sinon ça panique. Sarah savait comment ca marchait. Au début, il faut demander des choses très simples.
Commenter  J’apprécie          20
Quelques minutes après, ils buvaient leur jus sur les tabourets près du mur. Elle avait demandé qu’on lui mixe des bonbons Tofita pour la première fois, et ils craquaient sous ses dents. 
« Bon. Je te prends avec moi chaque fois que je livre à sa bande. Mais après, pour lui, ce sera à toi de faire le travail.
- D’accord », dit à Sarah en penchant la tête en arrière, buvant les dernières gouttes directement au verre.
Yaya la regarda d’un air amusé.
« Tu veux quoi de Driss ? Des tours à moto ? »
Sarah reposa son verre.
« Je m’en fous de sa moto.
- Des bijoux ? C’est pas le genre à offrir des bijoux.
- Je veux pas de bijoux. »
Avec son verre vide, elle tua une fourmi qui se promenait sur la table.
« Tu veux quoi alors ? »
Sarah regarda le cadavre de l’insecte dans le fond du verre ; il faisait une toute petite tâche, qu’on remarquait à peine sous les restes des fruits. A part la meurtrière , personne ne se douterait jamais du crime - ça la fit rire. Toujours les yeux sur la victime, elle répondit : « Je veux l’épouser. »

Le premier rendez-vous fut fixé au soir même. On irait chez Badr - c’était soirée piscine. 
Commenter  J’apprécie          20
Sarah le savait, et peut-être le savait-elle depuis longtemps. Mais ce n’est pas pareil une fois que les mots étaient dits - ils avaient fusillé l’air, l’avaient fendu. Ils se tenaient désormais là, devant elle, impudiques et goguenards, et si elle détournait la tête, ils suivaient en riant le chemin de ses yeux. La vapeur dans laquelle avec Driss elle s’était lovée, aveugle, s’était dissipée désormais - elle voyait. Et voyant, elle haïssait les mots, qui étaient violents (…) Dans ce pays, ils avaient compris avant tout le reste du monde que le plus bouleversant, ce n’étaient pas les choses elles-mêmes ; c’étaient les mots pour les dire.
Commenter  J’apprécie          10
Ce qui était bien quand on habitait collé au bidonville des Carrières Centrales, mais pas à l'intérieur, c'était qu'on était un pas plus proche de l'Ouest, d'Anfa Supérieur et donc de l'Amérique
Commenter  J’apprécie          10
Vraiment, ma fille, c'est comme ça ici comme c'est partout, dans ce pays ; il y a toujours quelqu'un qui est là pour te dominer. Dominer, je te jure, on dirait que c'est la langue nationale.
Commenter  J’apprécie          10
Il aimait prédire, calculer. Ça devait faire tant de bruit à l'intérieur de lui, pensait Sarah - c'était peut-être pour ça qu'il aimait le silence.
Commenter  J’apprécie          10
Peut-être ne comprenaient-ils pas que l'argent, par ici, était le seul pouvoir valable, peut-être espéraient-ils profiter de leur temps au Maroc pour - ce mot la dégoûtait - faire des économies ; mais ça ne marchait pas comme ça, la loi des riches et des pauvres, dans ce pays. Kamil disait toujours qu'il n'y avait que les Français pour bafouer à ce point la très claire organisation sociale.
Commenter  J’apprécie          10
Enfin, peut-être que les autres, les parents ne les chercheraient même pas, parce que, eux, ils avaient tout de même vingt-trois ans. Mais sa mère à elle, elle la chercherait, c’est sûr.
Commenter  J’apprécie          00





    Autres livres de Abigail Assor (1) Voir plus

    Lecteurs (713) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Petit quiz sur la littérature arabe

    Quel est l'unique auteur arabe à avoir obtenu le Prix Nobel de littérature ?

    Gibran Khalil Gibran
    Al-Mutannabbi
    Naghib Mahfouz
    Adonis

    7 questions
    64 lecteurs ont répondu
    Thèmes : arabe , littérature arabeCréer un quiz sur ce livre

    {* *}