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Critique de Mimimelie


Ce portrait m'a beaucoup intéressée. D'abord l'idée m'a plu (elle me rappelait une « composition française» qui nous avait été donnée au collège : vous vous promenez dans les ruelles de votre village, et imaginez que les pavés vous parlent ou se confient, racontez…) ; et puis, originaire de Seine-et-Marne, les Rothschild, j'en ai entendu parler, beaucoup dans mon enfance, car ils possédaient plusieurs propriétés non loin de chez nous, (« à l'époque » tout ce qui se racontait était bien mystérieux pour moi), et puis il se trouve que j'ai travaillé quelques temps aussi au 21 rue Laffitte, (immeuble aujourd'hui occupé par le siège du groupe Mederic Malakoff dirigé par Guillaume Sarkozy). Et puis surtout j'aime beaucoup Ingres.

Il s'agit bien sûr d'une fiction dans laquelle Madame la baronne Betty, assise dans son tableau, (les jambes croisées ou non, rendez-vous en fin du livre pour en débattre), nous livre en quelque sorte un journal posthume écrit à partir du jour de sa mort en 1886 (il y a bien quelques petites entorses, mais on ne lui en tiendra pas rigueur). D'hôtels particuliers en châteaux, on se promène beaucoup à commencer dans les salons renommés de Madame la Baronne, qui ont vu défiler d'illustres personnages : Rossini, Chopin, Balzac… et toute l'aristocratie de l'époque.

Pourtant, au début de ma lecture, je trouvais que cette chère baronne mélancolique, était très complaisante et par trop admirative envers son James, et ses jérémiades sur les fastes d'antan finirent par m'incommoder, tout ceci me paraissait trop lisse, et l'ennui me vint.

Par bonheur il y avait le talent de plume de l'auteur, son écriture légère, élégante, délicate, poétique …. et, emportée par la beauté de la langue française qu'il maîtrise si brillamment ajoutée à son érudition, je n'ai plus lâché son récit qui peu à peu prit de l'épaisseur.
Car, au travers de la vie d'une famille, c'est toute l'ambiance intellectuelle et culturelle, les désordres d'une époque en pleine mutation socio-économique, qui sont dépeints. J'y ai appris énormément de choses, même si l'insuffisance de mes repères historiques ne me permettront pas de tout retenir hélas, c'est très intéressant, même si ça donne parfois le frisson, comme la narration du vol de nombreux tableaux à leurs propriétaires juifs, où on tremble à l'idée que cette barbarie nazie non seulement détruisait l'homme, mais frôlait l'anéantissement de nombre de ses oeuvres d'art.

Au fil des pages pourtant, je nourrissais un reproche et me désespérais : pas un mot sur Ingres, sur les circonstances de ce portrait… bizarre. Nenni-da ! Page 261 enfin je fus rassurée et même comblée. Sans compter qu'à partir de la narration des diverses expositions du tableau, l'humour et la malice prennent encore davantage de place, un vrai régal. Par exemple ces petits clins d'oeil qu'il fait au passage, les mettant en scène, à Cartier-Bresson ou Daniel Arasse… voire à lui-même :
« Quelle empreinte laisserons-nous dans ces murs ? …. Au soir de sa vie, Guy (de Rothschild) n'en conservait pourtant aucune nostalgie. L'autre jour, alors qu'il recevait un écrivain qui s'est bizarrement mis en tête de voir ce que mes yeux ont vu, je l'ai entendu lui confier : Ce temps est révolu et ce n'est pas plus mal. La seule nostalgie qui m'anime est celle du Ferrières de mon enfance, une image toute de légèreté, d'insouciance et de bonheur dans un décor féérique ».

Je voudrais dire aussi que je suis admirative du travail que ce biographe a dû réaliser pour ce récit, hélas « on » n'est pas toujours à la hauteur pour rendre tout le plaisir qu'on a eu à lire certains ouvrages, mais bon, ce n'est pas la première fois et ce ne sera pas la dernière. En tout cas c'est grâce à Babelio que j'ai découvert ce livre et tous les talents de cet auteur dont je connaissais que le nom.
J'ai vu que ce livre avait reçu le prix de la langue française, c'est plus que mérité. Ne le manquez pas.
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