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3,45

sur 185 notes
Un avis mitigé pour ce roman biographique d'un tableau de maître.

À sa mort, l'âme de Betty de Rothschild migre dans son portrait, une oeuvre magnifique d'Ingres. C'est à travers ce portrait qu'elle raconte sa vie et celle de ses descendants. Elle est dans la pièce lorsque le notaire vient ouvrir son testament, mais elle se rappelle aussi les fêtes passées. Et ce sont souvent des fêtes fastueuses jusqu'à 1500 cartons d'invitations pour une grande inauguration par exemple.

Née Rothschild, Betty n'a pas connu la misère. Elle raconte cependant comment sa « Juiverie » rendra plus difficile son intégration dans la société française qui n'est pas exempte d'antisémitisme. Elle cite le secrétaire général du Louvre, Horace de Viel-Castel dit « Fiel Castel » : « Depuis que je suis à même de voir des Juifs de près, je comprends les édits de nos rois qui les bénissaient. Plus que jamais nous sommes aujourd'hui leur proie, l'argent de la France passe entre leurs mains! En vérité, les Juifs sont odieux aux Français, et ils le seront toujours, parce qu'ils sont invariablement usuriers et voleurs à quelque haute position qu'ils soient parvenus… »(Gallimard, p.71)

Une belle écriture, mais un roman qui tient davantage du documentaire à cause du grand nombre de détails. Si elle cite Balzac ou les frères Goncourt, beaucoup me sont inconnus parmi les très nombreux personnages cités, ce qui rend la lecture moins intéressante.
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Elle nous regarde avec nonchalance et un air fataliste, Betty de Rothschild…
Cette élégante grande dame du XIXème siècle, en robe de soirée de soie bleue et rose, nonchalamment appuyée sur sa main entrouverte, semble être au spectacle des visiteurs de son portrait peint par Ingres. Et elle a dû être le témoin muet de bien des anecdotes depuis ce poste d'observation.

Décédée en 1886, à l'âge de 81 ans, elle entame dans son cadre une existence de silence et de contemplation, hôtesse discrète d'une vie mondaine brillante et cosmopolite qui nous entraine dans les salons de la grande bourgeoisie, de la politique et des arts du XIXe siècle jusqu'à nos jours.

Elle ne parle qu'à ses lecteurs, notre belle baronne, nous racontant l'histoire de sa famille, dans l'histoire de la France. Nous sommes les invités de ses salons où se croisaient musiciens, écrivains, hommes politiques. Nous sommes ses confidents privilégiés, écoutant ses impressions, ses regrets, les ragots, les petites perfides, les souvenirs insolites comme le déménagement de son portrait dans une mine de sel pour le sauver des griffes hitlériennes. Cela suffisait déjà bien que les Rothschild, banquiers juifs, soient spoliés par le régime de tous leurs biens immobiliers !

Un livre enquête historique extrêmement bien documenté, une sorte de biographie décalée qui se lit comme un roman.

Devant un portrait immobile dans son cadre sur les murs des musées, quand les regards s'entrecroisent, je me rappelle souvent la baronne Betty, en me disant :
« Et toi, qu'aurais tu à me raconter ? »
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C'est l'histoire d'un portrait, celui de la baronne Betty de Rothschild, peint par Ingres dans les années 1844 à 1848 et à travers ce portrait toute l'histoire d'une des plus célèbres dynasties du monde entier.
Betty de Rothschild a passé sa jeunesse à Vienne. Elle est arrivée à Paris dans les années 1830. Elle a épousé son oncle Jacob qui est devenu par la suite le baron James de Rothschild, celui qui va diriger la "branche française" des Rothschild pendant une bonne partie du 19ème siècle..
Une dynastie dont le fondateur, fils de banquier, s'appelait Meyer-Amschel. Il vivait dans le ghetto de Francfort et l'enseigne qui se trouvait au-dessus de sa porte va être à l'origine du nom des Rothschild "Zum roten Schild" (à l'écu rouge).
Au 19ème siècle, au moment où vivait Betty, la véritable héroïne du livre à travers l'histoire de son portrait, cinq maisons Rothschild existaient en Europe: la branche de Francfort (la première), la branche de Londres, celle de Paris, celle de Vienne (qui disparaîtra en 1930 avec la faillite du Credit Anstalt) et enfin la branche de Naples.
Une devise commune: "Concordia Integritas Industria" exprimant ainsi la volonté de concilier tradition et modernité.
Un mode particulier de gérer les affaires en privilégiant les liens familiaux. Toutefois les femmes étaient exclues des affaires et avaient pour quasi obligation d'épouser un de leurs nombreux cousins.
Un milieu cosmopolite qui facilitait l'apprentissage des langues: la baronne Betty parlait parfaitement le français, l'anglais et l'allemand.
Les conversations intimes étaient tenues en yiddish.
Au delà de la plongée passionnante dans le monde des affaires, avec les amitiés et inimitiés qui se lient: à cet égard l'évocation de la compétition forcenée avec les frères Pereire vaut le détour, c'est tout un pan de l'histoire de l'Europe qui défile.
Les réceptions sont prodigieuses: plusieurs réceptions par semaine pouvant rassembler plusieurs milliers d'invités! Les artistes sont aidés et encouragés, la famille Rotschild jouant volontiers les mécènes.
Ainsi la baronne Betty va lier de belles amitiés avec Chopin, Balzac, Heine (le premier poète allemand d'origine juive).
Les lieux sont grandioses et il est fascinant de constater que le premier hôtel de la famille rue Laffitte était occupé auparavant par Fouché alors que leur deuxième hôtel, rue Saint-Florentin, était l'hôtel de Talleyrand auparavant.
L'hôtel de la rue de Saint-Florentin deviendra par la suite, en 1948, la résidence de l'ambassade américaine en France.
Enfin l'hôtel Lambert sera cédé par Guy de Rotschild en 2007 au frère de l'émir du Qatar.
Le portrait de la baronne va beaucoup voyager: pendant l'Occupation il sera transféré d'abord au château de Neuschwanstein ensuite caché par les nazis au fond d'une mine de sel; il reviendra en France à la Libération, transitera par le Petit Palais, le Louvre avant d'être exposé à Londres, New York et Washington avant de revenir en France.
Le portrait s'est transmis d'aîné en aîné, d'abord Alphonse, fils de James, ensuite son fils Edouard, ensuite Guy et ensuite David.
Un très beau livre très original et qui nous permet de parcourir 150 ans de l'histoire européenne.
Ce livre a obtenu le Prix de la Langue Française en 2007.
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BETTY de Rothschild (1805-1886) est passée à la postérité en tant que mécène, par ses oeuvres philanthropiques (création de l'hôpital éponyme, de dispensaires, de fondations caritatives et de multiples autres oeuvres de bienfaisance), grâce aussi à son effigie peinte par Ingres en 1848, et en 2007, Pierre Assouline donne âme, vie et paroles à ce portrait.
Née VON Rothschild en 1805 à Vienne, elle devint DE Rothschild en 1824, en épousant à 19 ans, son oncle James de Rothschild, de 13 ans son aîné. Et oui, dans cette famille là on pratique, l'endogamie, enfants, cousins continueront allègrement à perpétrer cette tradition d'intermariage familial car quand un Rothschild épouse un parent « il est sûr d'épouser un bon parti » et quand un membre déroge à cette loi, c'est un défaut cela devient un viol, un bannissement, avec déshéritage assuré quand le contrevenant se mésallie avec un non juif.
L'intérêt de ce livre n'est pas de partager la vie mondaine du couple Rothschild, de s'énivrer au cours de soirées enchanteresses, en tourbillonnant sans fin, entraîné par une valse viennoise, une polka , un menuet , au cours des multiples bals costumés ou non, donnés, le samedi soir, rue Lafitte à Paris ou à Ferrières, d'être convié à l'un des quatre dîners hebdomadaires et de goûter au « filet de boeuf à la Rothschild » préparé par le talentueux maître queue Marie-Antoine Carême «le roi des chefs et le chef des rois » , mais de partager l'actualité pendant la vie terrestre de la baronne, moments historiques glorieux, moins chanceux, voir catastrophiques, et d'être toujours à ses côtés bien après, de croiser, de côtoyer, les personnages qui ont marqué l'Histoire : Delacroix, Balzac, Heinrich, Chopin, le général Changarnier…
Et puis il faut aussi compatir au sort de Bettyquand elle se retrouva kidnappée par Hermann Göring et prisonnière au fond d'un sinistre mine de sel à Altaussee en Autriche en compagnie de la Madone de Bruges, de l' Agneau mystique , de l'Astronome…
Mise en scène originale et toujours l'écriture magistrale de Pierre Assouline .
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La belle idée de l'auteur : faire s'exprimer Betty de Rothschild, épouse du grand banquier James de Rothschild, par le truchement de son célèbre portrait peint par Ingres. le portrait s'exprime pour elle, ou elle s'exprime à travers lui, comme on voudra.
C'est le moyen pour l'auteur de nous faire le tableau de cette célèbre famille de banquiers juifs, installée en France et dans d'autres pays européens, la branche française étant le sujet principal du roman.
C'est aussi un saisissant tableau de la (très) haute société du milieu du XIXe siècle, stratifiée entre la bourgeoisie d'affaires et l'aristocratie, du moins ce qu'il en restait. Les classes populaires sont évidemment absentes du livre.
L'intérêt du procédé réside dans le fait que Betty pourra aussi s'exprimer sur les événements futurs du XXe siècle, comme la période nazie, toujours par l'intermédiaire du tableau qui subira maints déplacements et sera « déporté » lui aussi dans une mine de sel, avant de retrouver Paris à la Libération. le livre est écrit dans un superbe style classique.
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En 1844, Ingres commence le portrait de Betty de Rotschild et le termine en 1848.
En 1888, au moment de sa mort, Celle-ci « intègre » le tableau.
C'est alors le portrait qui devient narrateur et nous fait découvrir la dynastie des Rotschild, l'aristocratie, « celle du sang et celle de l'argent », les traditions juives, la vie au XIXème siècle, la guerre au XXème, les musées…
L'idée est bonne, mais l'ensemble assez pénible à lire. Il y a foule de personnalités : Heine, Balzac, Strauss, Chopin…. Et des tas d'autres plus ou moins connus.
Toutes ces réceptions, tous ces noms sont lassants.
L'auteur a du faire des recherches minutieuses sur la famille de Rotschild, sur l'époque, mais la lecture parait comme une juxtaposition de tout ce qu'il a trouvé ; ça manque d'âme et d'émotion.
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"Le portrait", c'est celui de la baronne Betty de Rothschild, née en 1805 et décédée en 1886, peint par le peintre Ingres en 1848. Au jour de la mort de la baronne, son esprit gagne son célèbre portrait qui va désormais devenir le témoin des succès et tourments de l'une des plus célèbres dynasties d'Europe. de ses différents lieux de résidence, de l'hôtel particulier de la rue Laffitte à l'hôtel Lambert, en passant par le château de Ferrières dédié à la gloire de la famille ou du fond de sa cachette dans une mine de sel à l'époque nazie, le portrait subit les soubresauts de l'histoire et raconte les Rothschild, cette famille qui se fit connaître depuis le 18e siècle dans le domaine de la finance et de la banque.

Epouse de James de Rothschild, son oncle, fondateur de la branche de Paris de la famille Rothschild au début du 19e siècle, Betty se fait la porte-parole d'un nom pour qui les origines, l'héritage des valeurs et leur transmission sont primordiaux. Inscrire son nom dans le temps et la mémoire des hommes, voilà le souhait le plus cher de cette unique famille aristocratique israélite en Europe . D'ailleurs, comme le dit Betty, "On dit plus volontiers "les Rothschild" que "Rothschild", comme si la fibre dynastique avait dissous les individualités". Mais d'où vient ce nom, justement ? Il faut remonter au fondateur de cette lignée, Mayer Anschel Rothschild, qui possédait une petite boutique en Allemagne surmontée d'un écu rouge en métal dit "Zum roten Schild"... Betty nous décrit également les réceptions mondaines hebdomadaires où les plus grands, artistes, hommes politiques et aristocrates, se bousculaient pour ensuite décrier le couple Rothschild, ces "parvenus". "Riche comme Rothschild" de Stendhal ou encore "roi des Juifs" De Balzac, James de Rothschild a inspiré bien des romanciers mais pas forcément à son avantage.
Le portrait de la baronne va ainsi nous narrer beaucoup d'autres anecdotes et événements familiaux au gré de ses souvenirs et de ses voyages.

Pierre Assouline nous offre ici une biographie familiale très riche, extrêmement documentée, qui ravira ceux qui s'intéressent à la famille Rothschild. Pour ma part, malgré les références historiques, je n'ai pas été emportée par l'histoire de cette dynastie. L'ensemble m'a paru trop fastidieux, avec parfois une impression de catalogue de noms, d'événements et de dates. La lecture en devient, malheureusement, ennuyeuse.

Mais c'est un fait, les Rothschild fascinent. Leur argent fascine. Mais c'est également cet argent et leur judéité qui leur vaudront pendant longtemps un mépris mêlé d'antisémitisme. C'est également leurs origines, si chères à leur yeux, qui leur fermeront des portes et une certaine reconnaissance. Que reste-t-il aujourd'hui des Rothschild ? Un nom, le souvenir d'une puissance financière, un esprit de fratrie. La famille, encore et toujours. le dernier mot, enfin, sera pour Betty, cette femme élégante, nostalgique de l'Ancien Régime, fière de sa famille et de ses valeurs : ce qui demeure aujourd'hui des Rothschild, c'est "Un peu plus que de beaux restes mais beaucoup moins que ce qui fit notre gloire"
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Si un portrait pouvait parler, que nosu raconterait-il ? Bien des secrets et des confidences... Qui pourrait bien imaginer que ce grand tableau devant lequel on tient conseil va un jour nous livrer ses mystères ?
L'occasion de revisiter de manière originale l'histoire d'une famille et d'un pays.
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Et si un tableau pouvait parler ? Pierre Assouline, d'une écriture fluide, cultivée, retenue, nous fait vivre dans l'intimité du tableau de Betty de Rothschild. Nous voilà au XIX ème siècle entourés des écrivains, des musiciens, des politiques, de ceux qui fabriquent l'opinion. Ingres ou Balzac viennent à notre table.
Quels délices !
La Famille a connu successivement quelques génies qui surent construire les Maisons Rothschild – Concordia Integritas Industria- d'Angleterre, d'Allemagne, de France et d'Italie. Les conditions de cette construction avec le repli sur soi, les mariages entre cousins, le génie de James, tracent en filigrane les limites du modèle.
Le XIX ème siècle et les riches. Comme l'on a put en avoir un angle de vue dans Métamorphose d'un mariage de Sandor Marai, la Jet-set d'aujourd'hui avec sa vulgarité est à mille lieues des fêtes princières de 3 à 4 000 invités, données en plein Paris trois ou quatre fois par semaine, royaume de l'esprit de répartie où la mort sociale est au bout d'un trait.
L'histoire de cette grande famille, la seule famille juive noble en Europe, Ad Majorem Rotshildi Gloriam, est aussi l'Histoire de notre Europe avec, tout en retenue, sans malthusianisme, l'antijudaïsme, l'antisémitisme du XIX ème vécu de l'intérieur, à la table des Rothschild mais aussi celle de la fin de la Culture, élitiste peut-être, pour laisser place à la culture démocratisée. Je partage avec Betty que le XIX ème siècle fut le dernier souffle de la Culture aujourd'hui rabaissée à un commerce sans génie.
C'est un très beau livre que je recommande aux amoureux du XIX ème siècle, de l'Histoire, de la Culture.
Gallimard, 19€, 330 pages
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Le portrait est l'occasion pour le lecteur de découvrir ou redécouvrir l'histoire de la lignée des Rothschild, ce qui a permis à cette riche famille de banquier de perdurer à travers les siècles.

Aussi, pour nous narrer cette histoire familiale, Pierre Assouline à l'idée originale de nous proposer un récit à travers le point de vue d'un portrait de la baronne Betty de Rothschild peint par Ingres. Dès le 1er jour de sa mort, elle décide d'habiter cette oeuvre d'art et devient spectatrice.

Commence alors le récit passionnant de cette famille, agrémenté de quelques flashback. On prend plaisir à partager les mondanités de la vie de salon du XIXème siècle, emplie de codes à respecter, d'hypocrisie, de superficialité mais parfois aussi de sincérité. Un pur délice.
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