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Critique de kielosa


De mon ami sur Babelio, Pierre Assouline, je viens de prendre connaissance, avec beaucoup de curiosité, de ses vues sur les excès multiples et variés, tant dans la rue que dans les cours de justice militaires et civiles tout de suite après la fin de la dernière tuerie mondiale. et même avec un retard certain, des années plus tard. Un phénomène qui n'est pas exclusif à la France, mais que la plupart des pays dits civilisés ont connu, dont le mien, la Belgique. Qui de nous n'a pas entendu ses parents ou grands-parents raconter des histoires d'arbitraire qui se sont passées en ces années-là ? Mon propre père, qui avait une modeste entreprise de transports publique, s'est retrouvé une bonne semaine en tôle, accusé de collaboration, or que tous ses autobus avaient été confisqués par les nazis dès le début de l'occupation.

J'admire donc le courage de l'auteur de s'attaquer aux dossiers assurément les plus délicats : ceux de la fine fleure de la nation, les intellectuels !

L'auteur, avec son oeuvre volumineuse n'était pas un inconnu pour moi. Bien au contraire, dans 2 de mes critiques, j'ai fait explicitement référence à lui, notamment à son ouvrage "Sigmaringen" et "Albert Londres: Vie et mort d'un grand reporter, 1884-1932". Sans oublier, ses oeuvres sur mes compatriotes célèbres, Hergé et Simenon, qui occupent une place de choix dans ma bibliothèque.

Je ne crois pas qu'il y ait lieu de présenter Pierre Assouline sur un site français de lecteurs. La plupart d'entre nous ont certainement lu au moins 1 de ses 35 ouvrages, dont 11 à caractère biographique. Signalons juste que depuis 5 ans il est membre de l'académie Goncourt, où il a succédé , comme juré, à la belge Françoise Mallet-Joris.

La grande question que se pose l'auteur ici est, comme il le formule lui-même, : "PEUT-ON ÉCRIRE SANS CONSÉQUENCE ? (page 26)

Une question à mettre en majuscules tellement qu'elle est épineuse. D'un côté, il y a la liberté d'expression, un droit fondamental, d'un autre côté les impératifs pour les autorités de veiller à la sécurité de leurs citoyens. Une question pleine d'actualité, si l'on tient compte des messages de haine et d'appels à la violence sur le net ou le "fake news" (fausses informations ou réalités alternatives) semi-officiels qui nous parviennent aujourd'hui de la Maison-Blanche, de Trump & Co.

Pendant une guerre cette question revêt évidemment une signification extrême, dans la mesure ou les propos de journalistes et écrivains ont des effets immédiats sur la population qui peuvent être dramatiques, pour ne pas dire tragiques. Pensons, à titre d'exemple, aux articles virulemment antisémites dans la presse et la situation de nos concitoyens juifs ! Par ailleurs, l'organisation d'une résistance efficace à l'occupation ennemie est largement tributaire des opinions propagées par l'intelligentsia du pays. En plus, on ne saurait ignorer la réalité quotidienne de survie des gens qui vivaient de leur plume et qui se voyaient dans la triste obligation de louvoyer entre les "diktats" de l'occupant et le bien-être de leur peuple. Et finalement, il y a la dimension politico-idéologique qui peut exacerber la controverse : punitions sévères, inspiré par un esprit tout à fait compréhensible de revanche ou approche plutôt clémente et indulgente en vue d'un retour à la vie normale et pacifique.

C'est en partant de ces considérations 'basiques' de nonexpert que j'ai lu très attentivement l'analyse et les commentaires de Pierre Assouline et je peux affirmer que l'auteur m'a impressionné. Impressionné par la sagesse de son attitude fondamentale, qui est logique et qu'il a réussi à développer de façon remarquablement cohérente. Et cela sans éviter les dossiers les plus complexes et brûlants ou en insistant trop lourdement sur les uns au détriment d'autres.

Je recommande donc chaudement cet ouvrage, pas épais mais dense, à toutes celles et ceux qui sont intéressés par une controverse liée à toute situation d'exception, telles la guerre et l'occupation étrangère.
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